Xavier Bertrand, aujourd’hui président de la Région des Hauts de France, a été ministre de la Santé du au
Gérard Davet et Fabrice Lhomme, d[« La France et les épidémies : 2005-2007, le temps de « l’armement]urlblank:https://www.lemonde.fr/sante/article/2020/05/03/la-france-et-les-epidemies-2005-2007-le-temps-de-l-armement_6038529_1651302.html » racontent comment, jeune ministre, Xavier Bertrand assiste peu de temps après sa nomination à une réunion de crise sur le chikungunya dont une épidémie vient de se déclarer à La Réunion et dont la progression ne cesse d’inquiéter.
Ce jour-là, nous raconte Le Monde, » Xavier Bertrand commence à prendre la mesure des périls sanitaires qui pèsent sur le pays ». (…) Il éprouve aussi la toute-puissance de la haute administration… et son incurie, parfois. ‘Au moment du chikungunya, je vois que les préfets nous disent que tout est sous contrôle, mais il y a un truc que je ne sens pas…’, témoigne-t-il. L’actuel président du conseil régional des Hauts-de-France a en mémoire une réunion de crise, un lundi matin, dans le bureau de François Baroin, alors ministre des outre-mer. Il restitue un échange savoureux au sujet de La Réunion.
Bertrand : ‘Je vais vous dire un truc, je ne sens absolument pas ce connard de préfet là-bas qui me dit que tout est sous contrôle…’.
Baroin : ‘Eh, ne parle pas comme ça !’
Bertrand : ‘Pourquoi ?’
A ce moment-là, une voix lance : ‘Euh… C’est moi, le préfet’ !
Xavier Bertrand ne se démonte pas.
‘Je lui réponds : “Je m’en fous, vos alertes, je ne les sens pas’. ‘D’ailleurs, j’obtiendrai ensuite son départ de La Réunion’.
Car le malheureux préfet, Laurent Cayrel, muté dans le Morbihan en juillet 2006, a entre-temps aggravé son cas.
« Les scientifiques me disaient : ‘M. le ministre, c’est pas mortel, personne n’est jamais mort de ça !’, poursuit Bertrand.
‘Or, un jour, un député me dit : ‘Tu sais on a un vrai problème sur l’île, on ne trouve plus de corbillards’. Je me dis, comment ça ?, il n’y a pas eu d’accident, alors j’appelle le préfet, je lui dis : ‘Ça va, tout va bien ?’, lui : ‘Oui, c’est sous contrôle M. le ministre, tout va bien’.
Je lui dis : “Ça vous dérangerait d’aller voir les pompes funèbres de l’île pour voir s’il n’y a pas un problème de corbillards ?”. Il me rappelle une heure après et me dit : ‘Vous avez raison, on a un problème de corbillards, comment vous l’avez su ?’ C’était toujours pas mortel, hein ? Le lendemain, on annonçait les premiers décès… ».