La phase 2A du projet Technique de l’insecte stérile (TIS) touche à sa fin. Une première phase de ce projet avait été menée entre 2009 et 2014. Une période pendant laquelle des données biologiques ont pu être collectées. Cette technique est certes innovante mais pas nouvelle, il s’agit de la même qui a servi pour faire disparaître la mouche tsé-tsé de certaines contrés.
Cette technique consiste à produire en masse des moustiques en insectarium, ne garder que les mâles, les rendre stériles. Et donc, en cas de fécondation la femelle sera automatiquement rendu stérile et les oeufs ne donneront jamais de larves. Pour rappel, seuls les moustiques femelles sont dans la capacité de piquer. Cette technique est propre au niveau écologique car elle utilise le moustique lui-même pour le faire disparaître.
« Ce n’est pas une méthode d’urgence. Elle a pour but de diminuer la population de moustiques au fil du temps. Il est certes possible que nous arrivions à des zones franches sans moustiques même si ce n’est pas le but premier », confie Frédéric Simard, directeur du laboratoire Maladies infectieuses et vecteurs : écologie, génétique, évolution et contrôle (MIVEGEC), à l’IRD.
Aujourd’hui « tout ce qui a pu être fait en laboratoire a été fait, pour avoir de véritables résultats, il faut lâcher ces moustiques sur le terrain », explique Frédéric Simard. C’est pourquoi, dans l’attente d’un arrêté préfectoral en cours, des premiers moustiques, à très petite échelle, seront lâchés en milieu naturel, pour évaluer le comportement des moustiques sur le terrain.
« Ensuite, passer dans les années qui viennent à des études en phase pilote pour démontrer l’efficacité de la technique, et préparer, donner tous les arguments aux décideurs pour qu’ils puissent décider de passer ou non en phase opérationnelle, de mettre vraiment la technique en place à La Réunion, ça, ça ne se produira pas avant deux ou trois ans », précise-t-il.
Dans la prochaine phase qui débute, la phase 2B, ils étudieront notamment les paramètres de « quand, où, comment, combien, quelle fréquence » afin de calibrer les études en termes de lutte avec un impact sur les populations de moustiques. Pour le moment, ils prévoient notamment, pendant l’essai pilote, de déployer dix fois plus de moustiques mâles, par rapport à ceux déjà présents en milieu naturel, afin d’avoir plus de chance de couplage avec les femelles.