Vous vous souvenez de NEO, le grand projet routier à un demi-milliard d’euros sur quelques centaines de mètre au droit au Barachois ?
Depuis le début de semaine il est dit que "le tracé en mer est plébiscité par les Réunionnais".
Quelle curieuse analyse, à deux mois à peine des élections régionales, quand on connait le contenu du compte-rendu du débat public réalisé par la CNDP, la commission indépendante chargée d’organiser et d’analyser les résultats de la concertation.
Ce sont la Région, la Ville de Saint-Denis et la CINOR, responsables des opérations, qui ont souhaité à l’occasion de ce débat orienter les discussions sur la question d’un choix de tracé parmi 5 variantes d’autoroute plus ou moins "effacées" (selon le terme consacré) et toutes plus invraisemblables les unes que les autres.
Mais les Réunionnais ne se sont pas laissés enfermer et ont massivement choisi de s’exprimer sur l’opportunité et les objectifs poursuivis par le projet d’Ericka Bareigts et de Didier Robert.
Avec, en toile de fond des contributions, la question suivante : faut-il continuer à augmenter le trafic automobile sur l’île ? Le rapport de la Commission Nationale du Débat Public ne dit pas autre chose : "le débat a montré que le public aurait souhaité être associé aux grands choix de mobilité qui ont conduit à ce projet : faut il augmenter les capacités routières ou réduire le volume de trafic ?".
La CNDP poursuit : "des inquiétudes portent sur les conséquences du projet sur l’évolution du trafic et l'aggravation potentielle du problème. "
Par ailleurs "des interrogations portent sur le coût de l’infrastructure qui risque de peser sur les besoins d’investissement dans le développement des transports en commun".
Et la CNDP de conclure : "En ne tranchant pas la question de fond et en s’orientant dans deux directions qui peuvent apparaître contradictoires – développer les transports alternatifs et augmenter les capacités routières – le projet semble favoriser de facto la voiture."
Il n’est pas inutile de rappeler que tout ce que compte la Réunion de collectifs, associations, ONG de défense de l’environnement et œuvrant sur les questions d’aménagement qui se sont exprimés, ont émis un avis très critique à la défaveur du projet : la SREPEN, ATR-FNAUT, Vie Océane, Le Pacte pour la Transition, ATTAC, Extinction Rébellion, l’Ordre des architectes de la Réunion…
Drôle de plébiscite en effet. D’autant que le rapport de la CNDP nous apprend que "l’analyse argumentative révèle que le public est divisé sur la question des tracés". Dans sa synthèse du débat, la CNDP tire les principaux enseignements en terminant ainsi : "les multiples propositions d’aménagement du Barachois retranscrites dans le compte-rendu ne sont pas liées à un tracé en particulier : le public a décorrélé ses propositions d’aménagement de la question des tracés automobiles (ou des alternatives pour libérer le Barachois de la voiture), mais il s’est parfois interrogé sur la nécessité de construire une nouvelle infrastructure routière pour le réaménager".
Plébiscite on vous dit. Le rapport de la commission national du débat public est disponible en ligne.
Chacun, qu’il soit citoyen ou même journaliste, pourra en prendre connaissance pour rétablir la vérité