
L'IRD a publié sur son site le 18 juillet dernier le bilan provisoire des opérations de marquage effectuées sur les requins tigre et bouledogue du 21 octobre 2011 au 12 mai 2013 dans le cadre du programme CHARC (Connaissances de l'écologie et de l'HAbitat de deux espèces de Requins Côtiers sur la côte Ouest de La Réunion).
Un document de 11 pages signé Marc Soria et Antonin Blason. Suite au marquage de 80 requins (42 tigres, 38 bouledogues) et à l'observation de ces squales pendant 17 mois, ils livrent leurs premiers résultats. Des résultats qui devront être affinés pendant encore de nombreux mois, puisque le rapport final est attendu pour octobre 2014. Voici les principaux enseignements de ce bilan provisoire :
Présence accrue de bouledogues pendant l'hiver austral
L’analyse détaillée des temps de présence et des visites des requins, sur toutes les stations pendant les 17 mois d’observation montre notamment que la présence de requins bouledogue est saisonnière. Ils sont beaucoup plus présents pendant l'hiver austral que pendant l'été austral.
"Globalement une grand partie des requins bouledogue disparaissent de la zone de détection délimitée par les 42 stations d’écoute au début de l’été et réapparaissent au début de l’hiver", expliquent les auteurs du rapport. "Cette saisonnalité est un résultat important qu’il faudra préciser mais qui, s’il est confirmé, sera un point essentiel pour orienter la politique de prévention et de gestion du risque", ajoute le rapport.
On peut imaginer que ce rapport a déterminé le préfet, à mettre en place un arrêté réglementant la baignade et interdisant le surf et le bodyboard jusqu'au 1er octobre.
Nomades, sédentaires, absents : Trois types de comportements de déplacement chez les bouledogues
Le rapport des scientifiques du programme CHARC souligne que "l’analyse de la façon dont les requins utilisent le réseau de stations d’écoute permet de distinguer 3 catégories" :
- les requins "nomades", qui ont des "comportements de déplacement importants", sont détectés "sur tous le réseau du Nord au Sud et représentent 39% du nombre total d’individus marqués".
- les requins "sédentaires", aux déplacements plus restreints et concentrés sur deux zones, "celle au Nord autour des sites du large Saint-Gilles et celle au Sud autour du site de l’étang du Gol". Le nombre de requin "sédentaires" représente 37% du nombre d’individus marqués
- les requins "absents", c'est à dire, "jamais détectés ou très rarement" représentent 24% du nombre d’individus marqués
D'après les scientifiques, ce résultat "permet ainsi de supposer que les requins marqués seraient bien représentatifs du comportement des requins de cette espèce à La Réunion"
Les requins bouledogues "sont le plus souvent seuls mais peuvent utiliser et se rencontrer sur des sites communs. Ils font des excursions courtes sur les stations du littoral, très près de la côte. Ils passent la majeure partie de leur temps soit sur les stations côtières du large (sauf sur la station littorale de l’Etang du Gol) soit à l’extérieur de la zone d’étude", souligne également le rapport dans sa note de conclusion.
Les bouledogues présents au Roches Noires et à l'Etang du Gol
Deux zones semblent donc privilégiées par les requins bouledogues : la zone côtière au large du port de Saint-Gilles et la zone proche du littoral de l’étang du Gol. "La station de l’Etang du Gol est essentiellement occupée par une femelle sub-adulte qui passe la majeure partie de son temps de détection dans la zone. A l’exception de cette station, les sites côtiers du large (entre 1 et 2 kilomètres de la côte) sont davantage occupés que ceux près du littoral (moins de 500 mètres de la côte). Les requins sont également davantage présents le jour que la nuit sur les sites côtiers du large", note le bilan provisoire.
Les auteurs notent également que "les temps d’absence et de présence des requins bouledogue sont très variables. En moyenne les temps d’absence sont de 12 heures et ils peuvent atteindre plusieurs mois (maximum enregistré de 7 mois d’absence). La somme des temps de présence par station varie entre 2 minutes à 46 heures avec une durée moyenne des visites relativement faible d’environ 30 minutes".
Le requin tigre peu détecté
Le rapport souligne également que "le nombre de détections et le temps de présence des requins tigre sont beaucoup plus faibles que ceux des requins bouledogue. Ils représentent 2% du nombre total de détections et 4% de la somme globale des temps de présence estimés. Ce résultat suggère que cette espèce occupe et se déplace dans un habitat plus au large que celui, très côtier, suivi par le réseau de stations", analysent les deux auteurs.
Pas une question de nombre mais de mode de l'utilisation de l'habitat
En conclusion, les scientifiques estiment qu' "aux vues de nos premiers résultats et en considérant que la proportion de requins marqués est représentative du nombre de requins bouledogue dans la zone, la présence des requins à la côte ne semble pas fonction du nombre de requins mais davantage du mode d’utilisation de l’habitat". Ainsi, à ce stade de l'étude, rien ne permet de dire que la population de requins tigre et bouledogue est en augmentation sur les côtes réunionnaises.
"Avec peu de visites et des temps de visite courts, surtout la nuit, sur la majorité des stations littorales, cette zone de la frange côtière seraient davantage une zone d’exploration et de chasse nocturne. Les temps de présence plus longs au large sur certaines stations et pendant le jour pourraient indiquer la présence dans cette partie de la côte d’au moins deux zones de repos sur le site du large Saint-Gilles et le site littoral de l’étang du Gol", poursuivent les auteurs.
"Par contre l’absence de requins bouledogue sur ces sites côtiers du large, pendant l’été et leur retour en début d’hiver, désigneraient davantage ces sites préférentiels comme des sites liés à l’activité de reproduction sans que l’on puisse savoir si ces sites sont eux-mêmes des sites de reproduction ou de post-reproduction. Le recueil des informations jusqu’à la fin de l’année 2013 et les travaux d’analyse en cours seront cruciaux pour permettre de lever cette indétermination".
"Enfin, les temps de présence importants sur la station des Roches-Noires laissent supposer des conditions particulières mais encore difficiles à déterminer faute de mesures et d’informations précises (effluents en sortie de port, eau douce de la ravine, possible « shark feeding », etc…). Les données doivent encore être traitées et analysées avec plus de finesse. C’est pourquoi ces informations doivent être reçues avec toutes les précautions qui s’imposent", concluent les auteurs de ce bilan provisoire.
Un document de 11 pages signé Marc Soria et Antonin Blason. Suite au marquage de 80 requins (42 tigres, 38 bouledogues) et à l'observation de ces squales pendant 17 mois, ils livrent leurs premiers résultats. Des résultats qui devront être affinés pendant encore de nombreux mois, puisque le rapport final est attendu pour octobre 2014. Voici les principaux enseignements de ce bilan provisoire :
Présence accrue de bouledogues pendant l'hiver austral
L’analyse détaillée des temps de présence et des visites des requins, sur toutes les stations pendant les 17 mois d’observation montre notamment que la présence de requins bouledogue est saisonnière. Ils sont beaucoup plus présents pendant l'hiver austral que pendant l'été austral.
"Globalement une grand partie des requins bouledogue disparaissent de la zone de détection délimitée par les 42 stations d’écoute au début de l’été et réapparaissent au début de l’hiver", expliquent les auteurs du rapport. "Cette saisonnalité est un résultat important qu’il faudra préciser mais qui, s’il est confirmé, sera un point essentiel pour orienter la politique de prévention et de gestion du risque", ajoute le rapport.
On peut imaginer que ce rapport a déterminé le préfet, à mettre en place un arrêté réglementant la baignade et interdisant le surf et le bodyboard jusqu'au 1er octobre.
Nomades, sédentaires, absents : Trois types de comportements de déplacement chez les bouledogues
Le rapport des scientifiques du programme CHARC souligne que "l’analyse de la façon dont les requins utilisent le réseau de stations d’écoute permet de distinguer 3 catégories" :
- les requins "nomades", qui ont des "comportements de déplacement importants", sont détectés "sur tous le réseau du Nord au Sud et représentent 39% du nombre total d’individus marqués".
- les requins "sédentaires", aux déplacements plus restreints et concentrés sur deux zones, "celle au Nord autour des sites du large Saint-Gilles et celle au Sud autour du site de l’étang du Gol". Le nombre de requin "sédentaires" représente 37% du nombre d’individus marqués
- les requins "absents", c'est à dire, "jamais détectés ou très rarement" représentent 24% du nombre d’individus marqués
D'après les scientifiques, ce résultat "permet ainsi de supposer que les requins marqués seraient bien représentatifs du comportement des requins de cette espèce à La Réunion"
Les requins bouledogues "sont le plus souvent seuls mais peuvent utiliser et se rencontrer sur des sites communs. Ils font des excursions courtes sur les stations du littoral, très près de la côte. Ils passent la majeure partie de leur temps soit sur les stations côtières du large (sauf sur la station littorale de l’Etang du Gol) soit à l’extérieur de la zone d’étude", souligne également le rapport dans sa note de conclusion.
Les bouledogues présents au Roches Noires et à l'Etang du Gol
Deux zones semblent donc privilégiées par les requins bouledogues : la zone côtière au large du port de Saint-Gilles et la zone proche du littoral de l’étang du Gol. "La station de l’Etang du Gol est essentiellement occupée par une femelle sub-adulte qui passe la majeure partie de son temps de détection dans la zone. A l’exception de cette station, les sites côtiers du large (entre 1 et 2 kilomètres de la côte) sont davantage occupés que ceux près du littoral (moins de 500 mètres de la côte). Les requins sont également davantage présents le jour que la nuit sur les sites côtiers du large", note le bilan provisoire.
Les auteurs notent également que "les temps d’absence et de présence des requins bouledogue sont très variables. En moyenne les temps d’absence sont de 12 heures et ils peuvent atteindre plusieurs mois (maximum enregistré de 7 mois d’absence). La somme des temps de présence par station varie entre 2 minutes à 46 heures avec une durée moyenne des visites relativement faible d’environ 30 minutes".
Le requin tigre peu détecté
Le rapport souligne également que "le nombre de détections et le temps de présence des requins tigre sont beaucoup plus faibles que ceux des requins bouledogue. Ils représentent 2% du nombre total de détections et 4% de la somme globale des temps de présence estimés. Ce résultat suggère que cette espèce occupe et se déplace dans un habitat plus au large que celui, très côtier, suivi par le réseau de stations", analysent les deux auteurs.
Pas une question de nombre mais de mode de l'utilisation de l'habitat
En conclusion, les scientifiques estiment qu' "aux vues de nos premiers résultats et en considérant que la proportion de requins marqués est représentative du nombre de requins bouledogue dans la zone, la présence des requins à la côte ne semble pas fonction du nombre de requins mais davantage du mode d’utilisation de l’habitat". Ainsi, à ce stade de l'étude, rien ne permet de dire que la population de requins tigre et bouledogue est en augmentation sur les côtes réunionnaises.
"Avec peu de visites et des temps de visite courts, surtout la nuit, sur la majorité des stations littorales, cette zone de la frange côtière seraient davantage une zone d’exploration et de chasse nocturne. Les temps de présence plus longs au large sur certaines stations et pendant le jour pourraient indiquer la présence dans cette partie de la côte d’au moins deux zones de repos sur le site du large Saint-Gilles et le site littoral de l’étang du Gol", poursuivent les auteurs.
"Par contre l’absence de requins bouledogue sur ces sites côtiers du large, pendant l’été et leur retour en début d’hiver, désigneraient davantage ces sites préférentiels comme des sites liés à l’activité de reproduction sans que l’on puisse savoir si ces sites sont eux-mêmes des sites de reproduction ou de post-reproduction. Le recueil des informations jusqu’à la fin de l’année 2013 et les travaux d’analyse en cours seront cruciaux pour permettre de lever cette indétermination".
"Enfin, les temps de présence importants sur la station des Roches-Noires laissent supposer des conditions particulières mais encore difficiles à déterminer faute de mesures et d’informations précises (effluents en sortie de port, eau douce de la ravine, possible « shark feeding », etc…). Les données doivent encore être traitées et analysées avec plus de finesse. C’est pourquoi ces informations doivent être reçues avec toutes les précautions qui s’imposent", concluent les auteurs de ce bilan provisoire.