Les propos de Vanessa Lemerle, tout au long de la journée d’audience de ce mercredi 27 octobre, ont donné toute l’ampleur de son personnage.
Parfois actrice, de temps à autre bouleversante, souvent incohérente, la quinquagénaire s’est contredite à plusieurs reprises sous le feu des questions de la présidente de la cour d’assises, de l’avocate générale et de l’avocat de Nicolas Lemerle.
En affirmant tout d’abord qu’elle ne savait même pas où son frère habitait, puis en se perdant dans une description loufoque d’une virée dans une laverie située « juste en face de la maison de ce dernier ». En soutenant ensuite qu’elle n’avait jamais parlé de ce frère à Omar M’Barki, puis, en reconnaissant un peu plus tard qu’elle lui avait fait part des violences subies par le passé. La veille, elle avait martelé que son compagnon avait agi seul mais aujourd’hui, Vanessa Lemerle a reconnu « qu’elle avait une part de responsabilité » dans ce qui ressemble fort à une expédition punitive.
Actrice, bouleversante et incohérente
La rencontre fortuite des trois protagonistes a vraisemblablement réveillé les rancoeurs de la fille du réputé notaire et pilote, Paul Lemerle. « Je vais pas vivre toute ma vie la boule au ventre » aurait elle confié à M’Barki. Ce dernier évoque plutôt « le harcèlement et la pression » de sa compagne[ pour qu’il décide d’aller la venger.]urlblank:https://www.zinfos974.com/Assises-Elle-ne-m-a-pas-donne-d-ordre-mais-elle-m-a-peut-etre-fortement-incite_a174812.html
De son côté Vanessa Lemerle raconte lui avoir simplement demandé d’aller lui parler « pour qu’il arrête de lever la main sur moi ».
La suite ? Vanessa Lemerle jure qu’elle n’a aucune idée de ce qui s’est passé, restant chez elle en discutant avec un ami d’Interpol. Cachées derrière leur masque, les personnes présentes ne peuvent s’empêcher de sourire.
L’accusée raconte encore que lorsqu’elle a vu revenir Omar M’Barki avec le portefeuille de son frère, elle s’est fâchée et a décidé qu’il fallait retourner à Saint-Gilles pour le lui rendre. Les chiens endormis avec ses somnifères, son frère attaché à un arbre à leur retour, Vanessa Lemerle ne comprend pas. « Omar M’Barki est rentré seul chez mon frère. Ils ont discuté pendant une heure. J’ai fumé en attendant dans la rue ». Puis, Omar M’Barki serait revenu dans la voiture lui ordonnant de faire comme si quelqu’un l’avait agressée. « Il m’a bâillonnée avec un chiffon et il m’a frappée la cuisse et le bras », détail dont elle n’avait jamais parlé avant.
« Elle a détruit nos vies »
Puis soudain, Vanessa Lemerle change de registre et s’adresse à son frère « pour faire la paix ». Mais devant ses larmes pathétiques, Nicolas Lemerle préfère quitter la salle. Il en fera de même lors du rapport de l’enquêtrice de personnalité à qui sa soeur aurait confié une enfance et une adolescence malheureuses entre un père absent, une mère qui subissait ses infidélités et une fratrie aux prises avec un conflit de loyauté.
Version avec laquelle, Emmanuelle Lemerle, troisième enfant du notaire, n’est pas du tout d’accord. Celle-ci s’est montrée très virulente avec sa soeur. « Qu’est-ce que ça vous fait de savoir que Vanessa est en prison? », questionne la présidente. « Absolument rien, rétorque brutalement la journaliste reporter. Cela fait 25 ans qu’elle détruit tout. Elle a frappé nos parents et bousillé nos vies ».
Au fond, résume Emmanuelle Lemerle, « Vanessa n’a jamais supporté qu’on soit aimés par nos parents et qu’on hérite de notre père ».
Une fille qui n’a jamais trouvé sa place
Vanessa Lemerle n’est-elle pas plutôt une fille trop gâtée au potentiel évident gâché par l’alcool, qui n’a jamais su trouver sa place, enchaînant les relations amoureuses décevantes, voyageant ici où là au gré des rencontres sans jamais réussir à se fixer sur le plan personnel et professionnel ?
Les débats ont ensuite tourné autour d’Omar M’Barki, un jeune homme de banlieue parisienne au casier chargé depuis sa minorité. Ses fréquentes incarcérations l’ont amené à banaliser la violence et les différents faits d’extorsion qu’il a commis avant d’arriver à La Réunion. « Dans la cité on se connait tous. Un jour c’est un qui vole l’autre. Le lendemain, c’est l’inverse. Mais tout ça c’est rien », explique le vingtenaire. Même chose pour les incidents disciplinaires qui ont émaillé sa détention et le retour sous les verrous après une libération accordée à la condition qu’il ne rencontre pas la co-accusée.
« J’avais nulle part où aller. Je me suis installée chez elle », reconnaît le métropolitain dont les explications témoignent, au passage, de l’enfer de la vie en prison.
Un accident de parcours
« Cette histoire, c’est un accident de parcours », conclut Vanessa Lemerle qui ne s’explique toujours pas pourquoi son frère, comme sa soeur lui vouent une telle haine. « C’est du gâchis », et pour une fois, on ne peut qu’être d’accord avec elle et s’interroger sur le choix de porter cette affaire devant les assises plutôt que devant le tribunal correctionnel.
Vanessa Lemerle et Omar M’Barki sont derrière les barreaux de la maison d’arrêt de Domenjod depuis plus de trois ans. Ils encourent[ 30 ans de réclusion criminelle.]urlblank:https://www.zinfos974.com/Vanessa-Lemerle-et-son-compagnon-devant-les-assises-Une-avalanche-de-mensonges-et-de-contre-verites_a174765.html
La parole revient maintenant à l’avocate générale pour ses réquisitions.