Le vaste domaine du centre pénitentiaire du Port doit accueillir une immense centrale photovoltaïque. Le projet, retardé ces dernières années, s’apprête à voir ses premiers coups de pioche aux mois de décembre/janvier.
Avant ces coups de pioche, c’est le bruit des tronçonneuses que le personnel pénitentiaire et les détenus entendront. 300 manguiers doivent être abattus. De la mangue José, des américaines y sont cueillies pour les desserts des détenus à la saison des fruits, le surplus étant revendu au personnel du centre. C’est la régie agricole du centre qui s’en chargeait. Les détenus travaillaient sur l’exploitation. Mais ce paysage ne va bientôt être qu’un lointain souvenir.
Le projet de centrale photovoltaïque appelé « Bardzour », et porté par la société Akuo Energy (localement par sa filiale Austral Energy), devait, à l’origine, implanter le champ de panneaux solaires du côté des logements de fonction de la direction. Il y a quelques mois, le projet évolue et surprend les observateurs.
« Nous avons appris que les panneaux allaient finalement être installés du côté Nord du domaine pénitentiaire », nous explique une source qui souhaite rester anonyme, là même où un verger de 300 manguiers régale la population carcérale les mois d’été.
Un parcours de santé et des arbres à la place
Quelques manguiers ont déjà été abattus ces derniers jours, « mais la direction s’est rendue compte de l’énormité de la tâche. Elle devrait dans les prochains jours faire appel à une société spécialisée dans l’élagage. Les détenus ont refusé de participer à ce massacre ».
Pour faire face à cette saignée, un projet de parcours de santé avec 400 arbres endémiques est envisagé. Une manière d’équilibrer le bilan carbone ? Toujours est-il que ce pansement ne convainc pas nos informateurs: « 400 arbres endémiques, c’est au moins 10 litres d’eau par jour pour les faire pousser ». Le manguier a l’avantage de ne réclamer aucun entretien, ni arrosage massif. Et dans la savane du Port, c’est plutôt un avantage.
Le projet Bardzour, c’est une centrale photovoltaïque d’une puissance globale de 10 MW. Le centre pénitentiaire du Port deviendrait ainsi la deuxième centrale de l’île, derrière celle de Sainte-Rose. Elle produira de quoi alimenter en énergie 4.000 foyers portois, décrit un document promotionnel de la société Akuo, qui n’a pas souhaité réagir malgré nos sollicitations.