« Certes cette prime n’est pas obligatoire mais à partir du moment où elle est versée, elle devrait l’être à tous ceux qui étaient dans l’entreprise au moment de la crise », réagit l’ancien employé libre-service.« Comment expliquer qu’un CDI bénéficie de cette prime et que l’employé en CDD (…) ne bénéficie de rien, même pas un centime. Où est la justice là-dedans ? », s’indigne-t-il avant de fustiger : « La direction, les chefs, le directeur, aucune de ces personnes n’a eu le courage de venir nous expliquer. Ils nous ont fait espérer dans le vide pour nous utiliser comme des pantins. »
« Faire preuve de plus de générosité »
« L’’entreprise devrait faire preuve de plus de générosité et verser cette prime à ceux qui ont travaillé pendant cette crise Covid », réagit Eric Marguertite, secrétaire général FO, syndicat représentatif au Carrefour Sainte-Suzanne, comprenant le sentiment d’injustice ressenti. « C’est du favoritisme », qualifie même Rémy Grimaud, secrétaire fédéral Commerce de la CGTR Région Sud, s’agaçant : « Que l’enseigne ne vienne pas me dire le chiffre d’affaires a baissé depuis le confinement, c’est l’inverse ».
« Tout est aléatoire », résume Joël Dalleau, secrétaire général de la CFDT commerce et services. « Ce qu’il ressort d’une manière globale, c’est que la prime est proratisée par rapport au temps de travail et attribuée en priorité aux personnes qui ont travaillé du début à la fin. Et le montant varie en fonction de l’exposition, avec une prime plus élevée pour les caissières », note-t-il.
Avec la marge de manœuvre laissée aux entreprises, certains semblent donc avoir plus de chances que d’autres. Dans le groupe Vindémia, après un débrayage des salariés, la fixation de la prime est passée par la négociation. « On a pu négocier pour les personnes en télétravail », se félicite Joël Dalleau. Chez Leader Price, il semblerait que tous les salariés aient obtenu une prime de « 1000 euros net sans différence entre les salariés en CDD, en CDI, ou les différents postes », selon un syndicaliste.
La goutte d’eau qui fait déborder le vase ?
Si l’absence des salariés dans l’entreprise au moment du versement de la prime est un frein d’un point de vue administratif, Clara Derfla, secrétaire de générale UR974 (syndicat représentatif à Carrefour Cannabady) pointe du doigt : « S’ils ne peuvent pas verser cette prime défiscalisée et « désocialisée », la loi n’a par contre jamais interdit de verser une prime en payant des cotisations. Le groupe Hayot ne peut pas venir dire qu’il ne s’est pas gavé pendant le confinement, ce n’est pas ça qui va leur coûter un bras », s’insurge-t-elle, soulignant que les CDD étaient prêts à accepter une prime d’un montant différent, « mais au moins qu’on leur donne quelque chose ».
S’interrogeant sur un recul calculé de la date de versement pour faire des économies, elle tire la sonnette d’alarme : « Ça peut être la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Les salariés subissent un système, il suffit de rien pour que ça pète ».