Les banques réunionnaises traînent des pieds. Alors qu’un dispositif de prêt garanti par l’État (PGE) a été mis en place pour faire face à la crise du coronavirus, les établissements financiers de l'île rechigneraient à jouer le jeu. C’est en tout cas ce que dénoncent d'une même voix le MEDEF Réunion, la CPME Réunion, l'U2P Réunion et le CROEC*.
Les cinq organisations ont envoyé un courrier commun ce jeudi à la préfecture, à l'Ideom, à la Banque Publique d'Investissement et à la Fédération bancaire française. "Compte tenu des retours de nos entreprises sur l’octroi ou le refus du PGE par les banques locales, nous constatons que l’interprétation par celles-ci des dispositions relatives à l’octroi du Prêt Garanti par l’État limite fortement l’accès à ce dispositif par la majorité des entreprises réunionnaises", indiquent-elles à leurs destinataires.
"Justificatifs aussi arbitraires qu’incohérents"
Rappelons que le prêt garanti par l’État (PGE) est un prêt octroyé par les banques à une entreprise ou un professionnel, en dépit de la forte incertitude économique actuelle, grâce à une garantie apportée par l'État sur 90% du prêt (pour la plupart des entreprises, 70% pour les plus grosses). Seuls 10% de risques restent donc portés par les établissements financiers. Un dispositif régi par l'arrêté du 23 mars 2020, dont la mise en application concrète reste imprécise.
Dans une FAQ publiée sur le site du ministère de l'Économie le 31 mars dernier - et validé par la BPI France et la Fédération française bancaire - le gouvernement apporte des précisions. Reconnaissant qu'il n'y a pas de "droit au PGE", il indique toutefois que "les banques s’engagent à octroyer très largement le PGE aux professionnels et aux entreprises qui en ont besoin, et dont la dernière notation Fiben2 (fichier bancaire), ou équivalente, avant l’épidémie de Covid-19 était forte, correcte ou acceptable - soit plus de 85% des cas".
Mais aussi que "d’une façon générale, les banques n’exigeront pas de documentation excessive aux professionnels et entreprises pour instruire les demandes de prêt, et s’appuieront au mieux sur leur connaissance préexistante de leurs clients." Ce qui contraste avec la situation rapportée à l'échelle locale, où les signataires du courrier relèvent "une accumulation de demandes de justificatifs aussi arbitraires qu’incohérents".
Une application "coordonnée et cohérente" réclamée
La valeur juridique de cette FAQ restant à démontrer, le MEDEF Réunion, la CPME Réunion, l'U2P Réunion et le CROEC réclament "une application coordonnée et cohérente avec les orientations nationales, des conditions d’accès au dispositif". Et tirent la sonnette d'alarme : "Les évaluations réalisées par les banques locales et leurs exigences exorbitantes conduisent à exclure d’office la majeure partie des entreprises réunionnaises qui vont se retrouver sans solution de trésorerie à court terme et dans l’impossibilité d’espérer une reprise d’activité avec un risque sur l’emploi".
Il y a deux jours, c’était le collectif contre les abus bancaires 974 qui montait au créneau. "Force est de constater que les banques de la place mettent en avant des mesures drastiques, avec un panel de documents demandés aux entreprises afin de pouvoir monter leur dossier de prêt. Il en est de même pour la mise en place de découvert, ou les chefs d'entreprises sont soumis à des refus ou propositions qui ne sont pas en adéquation avec leur demande", s'insurgeait Dominique Mardaye, le président, avant d'ajouter : "Les banques doivent être un moteur de soutien et de solidarité à notre économie dans cette crise et non un moteur de destruction". Destruction dont elles risquent d'ailleurs elles-mêmes de faire les frais.
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* U2P : Union des entreprises de proximité
CROEC : Conseil régional de l'ordre des experts-comptables
Les cinq organisations ont envoyé un courrier commun ce jeudi à la préfecture, à l'Ideom, à la Banque Publique d'Investissement et à la Fédération bancaire française. "Compte tenu des retours de nos entreprises sur l’octroi ou le refus du PGE par les banques locales, nous constatons que l’interprétation par celles-ci des dispositions relatives à l’octroi du Prêt Garanti par l’État limite fortement l’accès à ce dispositif par la majorité des entreprises réunionnaises", indiquent-elles à leurs destinataires.
"Justificatifs aussi arbitraires qu’incohérents"
Rappelons que le prêt garanti par l’État (PGE) est un prêt octroyé par les banques à une entreprise ou un professionnel, en dépit de la forte incertitude économique actuelle, grâce à une garantie apportée par l'État sur 90% du prêt (pour la plupart des entreprises, 70% pour les plus grosses). Seuls 10% de risques restent donc portés par les établissements financiers. Un dispositif régi par l'arrêté du 23 mars 2020, dont la mise en application concrète reste imprécise.
Dans une FAQ publiée sur le site du ministère de l'Économie le 31 mars dernier - et validé par la BPI France et la Fédération française bancaire - le gouvernement apporte des précisions. Reconnaissant qu'il n'y a pas de "droit au PGE", il indique toutefois que "les banques s’engagent à octroyer très largement le PGE aux professionnels et aux entreprises qui en ont besoin, et dont la dernière notation Fiben2 (fichier bancaire), ou équivalente, avant l’épidémie de Covid-19 était forte, correcte ou acceptable - soit plus de 85% des cas".
Mais aussi que "d’une façon générale, les banques n’exigeront pas de documentation excessive aux professionnels et entreprises pour instruire les demandes de prêt, et s’appuieront au mieux sur leur connaissance préexistante de leurs clients." Ce qui contraste avec la situation rapportée à l'échelle locale, où les signataires du courrier relèvent "une accumulation de demandes de justificatifs aussi arbitraires qu’incohérents".
Une application "coordonnée et cohérente" réclamée
La valeur juridique de cette FAQ restant à démontrer, le MEDEF Réunion, la CPME Réunion, l'U2P Réunion et le CROEC réclament "une application coordonnée et cohérente avec les orientations nationales, des conditions d’accès au dispositif". Et tirent la sonnette d'alarme : "Les évaluations réalisées par les banques locales et leurs exigences exorbitantes conduisent à exclure d’office la majeure partie des entreprises réunionnaises qui vont se retrouver sans solution de trésorerie à court terme et dans l’impossibilité d’espérer une reprise d’activité avec un risque sur l’emploi".
Il y a deux jours, c’était le collectif contre les abus bancaires 974 qui montait au créneau. "Force est de constater que les banques de la place mettent en avant des mesures drastiques, avec un panel de documents demandés aux entreprises afin de pouvoir monter leur dossier de prêt. Il en est de même pour la mise en place de découvert, ou les chefs d'entreprises sont soumis à des refus ou propositions qui ne sont pas en adéquation avec leur demande", s'insurgeait Dominique Mardaye, le président, avant d'ajouter : "Les banques doivent être un moteur de soutien et de solidarité à notre économie dans cette crise et non un moteur de destruction". Destruction dont elles risquent d'ailleurs elles-mêmes de faire les frais.
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* U2P : Union des entreprises de proximité
CROEC : Conseil régional de l'ordre des experts-comptables