C’est une situation particulièrement inédite que de voir les Réunionnaises et les Réunionnais, comme l’ensemble des ultramarins d’ailleurs, faire massivement le choix de Marine Le Pen. Cela semble tellement à rebours de nos valeurs… Mais c’est pourtant devenu une réalité : la colère et l’insatisfaction ont pris le dessus, ont nourri le rejet local du Président sortant et ont favorisé l’option adverse.
C’est à mon sens le fruit de nombreuses décennies d’échec des politiques gouvernementales successives menées en outre-mer. De nombreuses réflexions, de nombreux effets d’annonce, mais à l’arrivée des résultats qui n’apportent pas d’évolutions palpables sur des sujets aussi essentiels que la vie chère et le pouvoir d’achat, l’emploi, le logement,…
Les résultats au national qui placent le Président Macron en tête apportent bien sûr un certain soulagement de ne pas voir l’extrême droite prendre les commandes du pays. Mais le décalage profond entre le vote en hexagone et le vote Outre-mer traduit incontestablement une certaine fracture et un véritable travail de fond à mener.
L’un des premiers chantiers à conduire est celui de l’engagement citoyen et de la lutte contre l’usure démocratique qui s’est illustrée par une très forte abstention.
Il importe également pour le Président élu au national mais rejeté localement, de changer de braquet et de mettre en place une autre feuille de route, un autre pacte pour les outre mers, en évitant les règles uniformes pour tous et mal adaptées à notre territoire.
Cet enjeu rend les prochaines élections législatives encore plus déterminantes. Les 7 futurs députés réunionnais devront plus que jamais savoir s’affranchir des carcans partisans pour porter véritablement un front réunionnais tirant toutes les leçons de la colère exprimée par les électeurs de l’île ce soir et solidaire non pas dans la défense des intérêts des partis, mais dans la défense des intérêts de toutes les franges de la population réunionnaise.