Par rapport aux Antilles, les résultats à La Réunion sont quand même encourageants. La campagne du Président de la République par rapport à la situation russo-ukrainienne a beaucoup impacté sa campagne. Quand vous êtes Président de la République et que vous avez une guerre à vos portes avec des effets sur l’économie, en tant que diplomate, il était à mon sens urgentissime de garder le dialogue avec le président russe.
Il faut aussi rappeler que pendant que les autres candidats ont pu rencontrer les Réunionnais et les Réunionnaises, notre président n’a pas pu se rendre à La Réunion par rapport à ces événements de crise à régler.
Je pense aussi que les Outre-mer n’ont pas compris l’action du gouvernement. Nous avons vécu des épisodes de crise dans un modèle sociétal qui date de plus de 40 ans et qui n’a toujours pas été modernisé. Nous n’avons pas pu moderniser à temps les outils pour répondre aux attentes et aux souffrances de la population. Les Outre-mer, ce sont aussi les territoires où il y a les plus grands pourcentages de pauvreté. Les résultats sont donc aussi le reflet de cette situation que nous constatons en 2017 et aujourd’hui encore en 2022.
Mais je comprends le vote des électeurs. Notre souci à nous c’est que nous n’avons pas eu de relai pendant 5 ans avec le gouvernement. Il n’a pas eu de député LAREM. C’est très important, c’est quand même un déficit qu’il fallait gérer. Il faut que nous ayons des représentants qui fassent entendre la voix de La Réunion. Pendant 5 ans, nous avons eu des élus qui tapaient sur le gouvernement, en stigmatisant certaines politiques comme l’APL. Ces mêmes élus sont passés à la caisse et ont encaissé le chèque.
Malgré les appels des différents poids lourds de la politique locale à voter Macron, celui-ci n’a pas convaincu. Quelles différences y a-t-il entre des élections locales et présidentielles ?
L’électorat d’une élection locale est différent de celui d’une élection nationale. On voit bien que ce n’est pas un vote d’adhésion. Lors des dernières élections locales, l’extrême droite n’a pas eu d’élus à La Réunion. La population a voté pour dire non à la politique qui est menée aujourd’hui mais je demande de la patience parce que les effets de cette politique ne vont pas tarder à se faire ressentir. Ce ne sera pas d’un coup de baguette magique en l’espace de 6 mois ou 1 an, ce n’est pas possible. Aujourd’hui, nous avons des résultats qui commencent à porter ses fruits. Le chômage a baissé de 10 points à La Réunion, ce n’est pas rien. Nous sommes sur la bonne voie.
Il ne s’agit pas de faire barrage au Rassemblement National mais de croire au projet politique d’Emmanuel Macron ?
Trop longtemps on est resté statique. Qu’est-ce qui s’est passé? Délocalisation des entreprises, augmentation du chômage, déficit public croissant… Aujourd’hui, on a deux choix, on a une société que nous savons progressivement en train de sortir des crises et d’un autre côté des promesses de politiques publiques dont on ne sait pas comment elles vont être financées. Le bilan d’Emmanuel Macron est bon. Il y a une incompréhension du message par la population. La dynamique économique sur le territoire européen c’est la France qui est au hit parade. Les chiffres sont là.
Alors comment expliquer que ce bilan les électeurs ne l’aient pas compris ou entendu à La Réunion?
Encore une fois, il manquait de relais. Aujourd’hui, nous allons continuer à sensibiliser, à faire passer des messages. En tout cas, on ne baisse pas les bras. Avec l’action du gouvernement et les politiques qui sont sur le rail, l’avenir n’est pas sombre comme on peut le faire croire.