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Préparez-vous à la crise mondiale, lancée par la Chine… et l’énergie

La finance mondiale est à l’orée d’une crise majeure. La chute de la rentabilité de l’énergie en Chine en est le facteur promoteur, bien qu’ignoré des économistes orthodoxes. Au moment où le monde se prépare à une nouvelle récession mondiale, tous les regards se tournent vers la Chine. Depuis 2007, sa dette a quadruplé. Selon […]

Ecrit par Bruno Bourgeon, porte-parole d’AID – le lundi 12 novembre 2018 à 16H42

La finance mondiale est à l’orée d’une crise majeure. La chute de la rentabilité de l’énergie en Chine en est le facteur promoteur, bien qu’ignoré des économistes orthodoxes.

Au moment où le monde se prépare à une nouvelle récession mondiale, tous les regards se tournent vers la Chine. Depuis 2007, sa dette a quadruplé. Selon le FMI, elle représente environ 234% du PIB, et pourrait atteindre 300% en 2022. Les données officielles ne refléteraient pas cette décélération de l’économie chinoise.

Qu’on espère passagère : la Chine opère la transition de son économie depuis la production industrielle et les exportations vers la consommation et les services.

Dans le même temps, le taux de croissance de la Chine continue de baisser. Ce qui semble irréversible. Les mesures chinoises énergiques pour soutenir la croissance sont en perte de vitesse.

Le ralentissement économique de la Chine coïncide avec les anticipations selon lesquelles le mouvement de hausse du marché boursier de Wall Street pourrait prendre fin. Il atteindra un pic qui sera suivi d’une chute massive de 40 à 50% à partir du printemps 2019 ou au plus tard en 2020. Des signes avant-coureurs ont commencé à apparaître. A l’instar de 2000 et 2007.

Cette année, Insurge Intelligence (le site de l’auteur de cette tribune) a prédit ce krach sur le fondement des analyses des crises bancaires précédentes. La vulnérabilité des économies étasunienne et chinoise, plus la kyrielle d’autres faiblesses dans de nombreux pays, depuis le Brexit jusqu’à l’Italie en passant par la Turquie, démontre que le choc qui en résultera aura un effet domino sur de nombreuses autres faiblesses. Cela pourrait conduire à bien pire qu’en 2008.

Mais les analystes financiers ont oublié un moteur biophysique bien plus profond de la chute économique de la Chine : l’énergie. En octobre 2017, Insurge Intelligence attire l’attention sur une étude menée par l’Université chinoise du pétrole de Pékin, qui révèle que la Chine a atteint le pic de sa production pétrolière en 2018. Faute de trouver un approvisionnement alternatif, ce pic sapera la croissance économique continue de la Chine et remettra en cause son développement.

L’étude fait appel au taux de retour énergétique (TRE), ratio entre la quantité d’énergie consommée pour l’extraction et la quantité d’énergie extraite. L’équipe a tenté d’affiner le calcul du TRE : les calculs standards se fondent sur l’énergie produite au niveau du puits rapportée à celle utilisée pour l’extraire, alors qu’une mesure plus précise prendrait en compte l’énergie disponible au point de consommation (non seulement après extraction, mais aussi transformation et transport jusqu’au point d’utilisation). Ainsi, sur une période d’environ trois décennies (entre 1987 et 2012), le rendement de l’extraction des combustibles fossiles domestiques de la Chine a diminué de plus de la moitié, passant de 11 pour 1 à 5 pour 1 (c’est-à-dire qu’il faut désormais consommer une tonne de pétrole pour en extraire 5). Un constat similaire vaut pour le charbon : en 1987, la production consommait en moyenne 1 tonne d’équivalent charbon standard (TEC) d’énergie pour produire 10 TEC d’énergie nette. En 2012, ce rapport est tombé à 1 pour 4,25.

La Chine n’est pas seule à connaître un déclin de son TRE. C’est un phénomène mondial. Nous ne sommes pas à court de combustibles fossiles : mais à mesure que la qualité des ressources de ces combustibles diminue, nous augmentons les coûts qui pèsent sur l’environnement et nos systèmes de production, et qui ont une incidence croissante sur la vitalité de l’économie mondiale. Tant que les grandes institutions économiques resteront aveugles aux fondements biophysiques de l’économie, elles ignoreront les raisons structurelles fondamentales pour lesquelles la configuration actuelle du capitalisme mondial est sujette aux crises et aux effondrements récurrents.

D’après Nafeez Ahmed, fondateur d’Insurge Intelligence

 

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