Souvent présentée comme une mesure indispensable par la communauté des surfeurs, les prélèvements de requins ont du plomb dans l’aile depuis que le tribunal administratif a ordonné la suspension de l’arrêté préfectoral les autorisant dans le périmètre de la réserve marine. Pour Mickaël Hoarau, qui participe aujourd’hui au séminaire consacrée à la gestion du risque requin, cette mesure serait inefficace et répondrait uniquement à la pression populaire qui fait suite à l’émotion suscitée par une attaque mortelle.
« C’est un sujet sensible (…) C’est surtout en raison de la pression populaire que les programmes d’abattage sont mis en place. (…) Comme le disait l’expert australien (NLDR : Christoper Neff) l’expérience a été faite dans de nombreux pays dans le monde. Malheureusement, les retours scientifiques n’ont pas montré d’améliorations sur la sécurité. Les espèces tuées sont remplacées par d’autres ou finissent par revenir », explique le spécialiste, chef de projet océan Indien pour NCC Environmental Services, au Cap, en Afrique du Sud.
« C’est la responsabilité de chacun »
Selon lui, il s’agit au mieux d’une solution à court terme mais nullement d’une mesure susceptible de régler le problème de façon durable. « Ces 25 dernières années, Hawaï a mené ce type d’opérations mais les résultats n’ont démontré aucune amélioration sur les attaques de requins ». D’où l’intérêt pour lui de s’inspirer des nombreuses expériences et études qui existent à ce sujet partout dans le monde. L’objectif du séminaire, on le rappelle, consiste à dégager des mesures adaptées au contexte réunionnais. De son point de vue, il faudrait d’abord privilégier l’information, la communication, la surveillance et l’éducation environnementale des usagers de la mer. « C’est la responsabilité de chacun de savoir, lorsqu’on va dans l’eau, que le risque zéro n’existe pas », rappelle-t-il.
Plutôt que de se concentrer sur les requins, Mickaël Hoarau suggère de faire baisser le risque pris par les usagers de la mer. Les bonnes vieilles recommandations sont donc plus que jamais d’actualité : ne pas rentrer dans l’eau dans les zones à risque, privilégier certaines heures de pratique et veiller à ce que l’eau ne soit pas turbide. Bref, toutes les composantes d’une pratique responsable.