Régulièrement, certains commentaires fleurissent sous les articles traitant de la préférence à l’embauche de personnes originaires de la Réunion : « Que diriez-vous si on faisait pareil en métropole et qu’on refusait d’embaucher les Réunionnais ? »
Je n’avais pas pris la peine d’y répondre jusqu’à maintenant car l’argument est totalement ridicule. Quand on parle de préférence régionale, on fait allusion à des personnes résidant à la Réunion. Ce qui signifie que même quelqu’un qui ne serait pas né dans l’ile pourrait en bénéficier. L’objectif étant de ne pas rajouter du chômage importé aux 30% de chômeurs de l’île.
Mais force est de constater que même au niveau national, l’idée de la préférence régionale fait son chemin. Là bas, ils appellent ça « préférence locale« . Pas pour exclure les Réunionnais ou les autres originaires des DOM, comme certains voudraient le faire croire, mais pour se protéger des travailleurs détachés. Des « plombiers polonais« , pour faire dans la caricature.
On a d’abord vu fleurir dans la presse nationale des articles sur la préférence régionale à la Réunion. Puis, dimanche sur TF1, c’est Manuel Valls qui a de nouveau menacé Bruxelles sur ce dossier. Selon lui, la France pourrait ne plus appliquer la directive européenne sur les travailleurs détachés si elle n’obtient pas gain de cause à Bruxelles sur sa demande d’un alignement « par le haut » des cotisations sociales versées.
Hier matin, c’est Laurent Wauquiez, le président de la région Rhône-Alpes-Auvergne, qui a annoncé sur LCI la « mise en place de la préférence locale » sur les chantiers financés par sa région. Comment contourner la directive sur les travailleurs détachés ? Il suffirait selon lui de « mettre en place des clauses qui permettent de favoriser systématiquement nos entreprises (…) chaque fois que le code des marchés publics nous en donne le choix« . Il a souligné que le conseil régional avait chaque année « un effet de levier sur 1,5 milliard d’euros » dans des chantiers de la région.
Et ce matin, toujours sur LCI, c’est Hervé Morin, le président de la région Normandie, qui a annoncé la même chose : « Je suis favorable à la préférence locale pour les chantiers publics. On peut mettre des clauses environnementales, on peut mettre des clauses sociales avec la présence d’apprentis sur les chantiers. Il faut aussi que l’on parle français sur les chantiers pour des raisons de sécurité. Nous allons travailler là-dessus« .
Selon Laurent Wauquiez, il s’agit de « remettre de l’ordre » dans la « jungle » des travailleurs détachés. « Aujourd’hui, on estime à 300.000 le nombre de travailleurs détachés sur des chantiers publics. C’est un sujet d’affaiblissement de nos entreprises (…) et ça a beaucoup fait pour miner l’image de l’Europe« , a-t-il déclaré.
Quand « la préférence locale » sera la norme, qui pourra encore s’opposer à « la préférence régionale » ?