Les terrassiers et certains syndicalistes de la CGTR-Bâtiment manifestaient ce matin devant la Région Réunion pour protester contre le risque d’abandon du tram-train.
Tout le monde sait maintenant depuis 15 jours, depuis le discours à la Région de Marie-Luce Penchard, que le projet de tram-train était enterré et seuls quelques syndicalistes font mine de l’ignorer, histoire de mobiliser les troupes.
Mais j’avoue ne pas comprendre leur démarche de ce matin. Si j’étais eux, c’est devant le domicile de Paul Vergès, lotissement Jujubes à la Possession, que je serais allé manifester. Car, si l’on se trouve dans la situation actuelle, c’est uniquement la faute de l’ancien président de la Pyramide inversée.
On reproche à Didier Robert d’avoir la volonté d’enterrer les deux grands projets de Paul Vergès, susceptibles d’apporter beaucoup de travail au BTP local : le tram-train et la Maison des civilisations. Reprenons chacun de ces dossiers.
Le tram-train ? Si le projet devait être abandonné, c’est de l’unique responsabilité de Paul Vergès. Il a mis au point un projet qui a connu, sur la fin, un énorme dérapage financier. D’où l’annonce de la Région à l’époque : pour faire le tram-train, elle avait besoin d’une rallonge du gouvernement, sous la forme d’une dotation ferroviaire de 80 millions par an, qu’il n’était pourtant pas possible, légalement, de la lui donner.
Paul Vergès avait malgré tout décidé de signer avec le groupement Tram-Tiss, alors même que le financement n’était pas acquis, en même temps qu’il prorogeait la signature définitive de trois mois, au 31 mai, dans l’espoir d’obtenir la fameuse dotation ferroviaire, ainsi que l’annonce d’une loi la légalisant pour la Réunion. Le château de cartes s’est effondré jeudi dernier, en même temps que la réponse du gouvernement : pas question de fournir 80 millions d’euros supplémentaires par an, ce qui représente 3,2 milliards sur 40 ans…
Bilan de l’opération : la Région risque de devoir verser au minimum 12 millions d’euros de dédommagement au groupement Tram-Tiss, somme qui n’aurait pas été due si Paul Vergès n’avait pas signé le contrat avec une légèreté incroyable, alors même que l’élément essentiel, le financement, n’était pas acquis…
Deuxième projet : la Maison des Civilisations, dont le coût était estimé à environ 100 millions d’euros. A écouter la CGTR Bâtiment, Didier Robert commettrait une sorte de crime économique en abandonnant ce projet prêt à démarrer immédiatement à les en croire. La réalité est toute autre : la Déclaration d’Utilité publique n’a pas encore été validée par le Préfet et le permis de construire n’a toujours pas été accordé par la mairie de Saint-Paul. Et risquait bien de ne jamais l’être…
On le voit donc bien : Dans les deux cas, si les projets ne se font pas, c’est uniquement dû à la légèreté de l’ancienne majorité. Et la CGTR-Bâtiment et les quelques personnes qui manifestent avec elle sont plus dans une manipulation politique qu’autre chose. A moins qu’il ne faille chercher derrière les manifestants la main de quelques unes des sociétés faisant partie du groupement Tram-Tiss…