Ils étaient encore plusieurs centaines de lycéens à manifester ce jour pour protester contre la réforme des retraites. Au sein des troupes, on croise de tout… Des jeunes impliqués, inquiets pour leur avenir et d’autres, juste là pour rigoler et rater les cours.
La majeure partie des lycéens interrogés veulent profiter de leur vie, de leur jeunesse avant d’être trop vieux pour ne plus avoir ni le temps ni l’énergie de le faire. Ils estiment que partir à la retraite à 68 ans c’est comme passer à côté d’une partie de sa vie.
« Lé pa a 68 an, s’écrient amusés Bertrand et David, ke nou va gagné alé en boîte ! » Les deux jeunes ne voient pas l’intérêt d’instaurer une retraite aussi tardive « sachant que nous allons tous mourir et qu’avec l’âge, les problèmes de santé augmentent« . Pour eux, c’est une manière de gâcher la vie des gens…
Profiter, c’est ce que réclament également Brenda, Daphné et Coraline. Il ressort de leurs échanges que les temps sont durs et qu’il est de plus en plus difficile de trouver un travail. « Il faut laisser la place aux jeunes, affirment-elles,et faire en sorte que ‘les vieux’ puissent profiter des dernières années de leur vie pour s’amuser ». Pour elles, travail rime avec prison, passé un certain âge.
« Nou lé jeune aprè sera tro tar pou réagir »
« Nou lé jeune aprè sera tro tar pou réagir », s’écrient Stéphane et Said, amusés. Les deux jeunes hommes sont descendus à la mairie de Saint-Paul avec quelques ‘dalons’ le temps d’attendre le cortège des manifestants qui font la route à pied depuis Savanna. Ils manifestent disent-ils « contre un projet de loi qui ne favorisera pas l’emploi des jeunes. »
Loic attend également à l’ombre des palmiers les manifestants. Il nous fait part de sa vision des choses : « Si on veut que l’économie du pays se redresse, il faut laisser la place aux jeunes et laisser ‘les vieux’ partir plus tôt« . Il nous explique que c’est cela qui crée le chômage, ajoutant : « Les jeunes cherchent du travail, ils n’en trouvent pas. Pourquoi ? Parce que les postes sont déjà occupés et qu’il faudra attendre que les gens partent à la retraite à 68 ans pour espérer avoir leur emploi ».
« Le temps passe aussi pour nous, explique-t-il. On vieillit tous et si à 40 ans on a toujours pas de travail, qui voudra de nous ? s’interroge-t-il. On sait très bien que passer un certain âge, on n’embauche plus. »
Ne pas s’épuiser à la tâche…
Daria, Cid et Negn, animent le cortège au son du vuvuzela. Daria manifeste, en plus des retraites, pour dénoncer les conditions de travail des mineurs et des pêcheurs. Son père étant pêcheur, elle sait très bien de quoi elle parle, nous explique-t-elle. Elle voudrait que les gens qui travaillent dur, qui exercent des professions difficiles puissent avoir droit à une retraite anticipée à 50 voir 55 ans car « 7 ans de plus sur un métier physique, c’est énorme« , s’inquiète-t-elle.
Elle ne veut pas que son père s’épuise à la tâche : « Personne ne devrait se fatiguer au-delà de ses limites physiques pour gagner une misère au moment de la retraite juste parce que des hommes qui se disent intellectuels veulent profiter de leur gros salaires jusqu’à la fin », exprime-t-elle avec ses mots.
D’autres raisons…
En marge de toutes ces revendications, on trouve quelques lycéens qui ont suivi le mouvement juste « pour faire comme tout le monde ». Justine nous dit qu’elle fait grève juste parce qu’elle ne veut pas aller en cours. Elle aurait pu, certes, rester chez elle mais la manifestation a un côté festif et fédérateur qu’elle aime bien. Alors, elle reste et elle manifeste « pour le fun » et n’a pas peur de le revendiquer…
A l’inverse, Thomas affirme que s’il avait voulu rater les cours, il serait rester tranquillement chez lui avec sa copine, « peinards ». Les jeunes sont fatigués, certains ont mal aux pieds parce qu’ils sont sur les routes depuis 8h sous le soleil… Pour lui ce n’est pas juste pour « bâcher les cours » mais en solidarité du mouvement. Ils rallieront sans doute jeudi, les professeurs pour manifester à Saint-Denis.