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Pourquoi le préfet a-t-il autorisé la pêche aux requins dans les zones de protection renforcées ?

Cet arrêté délimite des secteurs au sein des zones de protection renforcée au niveau de La Ravine de Trois Bassins, de Boucan Canot et du Cap La Houssaye, où pourront être pêchés des requins bouledogues et tigres par les prestataires désignés par le Comité Régional des Pêches dans le cadre du programme Caprequins2 (Programme expérimental de gestion du risque par la capture ciblée de requins côtiers). Il est étonnant de voir comment il est facile au représentant de l’état de remettre en cause l’intégrité de la réserve naturelle marine alors qu’aucun argument objectif ne justifie une telle décision.

Ecrit par Vie Océane – le dimanche 28 février 2016 à 14H36

Pourquoi vouloir absolument pêcher des requins dans la réserve marine ?

Si le programme Caprequins2 souhaite déployer tout le long de la côte des palangres verticales et horizontales pour diminuer la densité des populations de requins tigres et bouledogues, rien ne l’empêche de le faire à l’extérieur de la Réserve Marine. L’argument utilisé par l’arrêté lui-même vaut dans un sens comme dans l’autre : « considérant la mobilité des espèces de requins« ….

Par ailleurs, on peut s’étonner qu’une telle décision ne s’entoure d’aucune précaution voire de compensation. Aucune annexe, aucune obligation ne figure pour encadrer ces pêches au sein d’une aire marine protégée comme la présence d’observateurs embarqués pour contrôler les prises accessoires ou le type d’appât utilisé. Remarquons également que c’était là un engagement de CRPMEM (Comité Régional des Pêches Maritimes et des Élevages Marins).

Sur un autre plan, comment expliquer qu’il existe un arrêté préfectoral obligeant les pêcheurs professionnels à relâcher leurs abats de poissons au large pour ne pas attirer les requins bouledogues et tigres à la côte et qu’il en existe un autre autorisant que des appâts soient placés sur plusieurs sites à proximité immédiate du littoral, sur des zones d’activité plusieurs nuits par semaine ?

Mais au final, cette pêche aux requins a-t-elle encore un sens ?

Toute activité de baignade et de surf sont interdites dans les zones non autorisées : quels que soient le nombre de requins pêchés et l’efficacité des palangres qu’elles soient verticales et intelligentes ou horizontales, il y a fort à parier que cela restera ainsi. Qui prendra la responsabilité de dire que les populations de requins sont telles que le risque n’existe plus ?

Pour certains, il semble que le moment où l’on ne pêchera plus que les juvéniles signifiera l’absence d’adultes reproducteurs. Mais pour combien de temps ? Et que se passera-t-il quand en l’absence de la concurrence des adultes, de plus nombreux juvéniles arriveront à maturité quelques années plus tard ?

Seule la pose de filet de protection à ce jour constitue une mesure de protection efficace ayant permis le retour des activités balnéaires. Si leur généralisation est impossible matériellement, la réflexion engagée par les communes va dans le sens de la sécurisation de plans d’eau par des moyens étroits de surveillance et de prévention.

Un patrimoine corallien toujours menacé et que l’on peine à préserver

De l’analyse même faite par Cap requins, une des causes probables d’une présence potentiellement accrue serait l’augmentation des apports d’eau douce sur la côte ouest. Les zones de dessalure constituent des habitats recherchés par les femelles pour mettre bas et des nurseries pour les jeunes L’urbanisation littorale, l’imperméabilisation des sols ainsi que le basculement des eaux d’est en ouest a conduit à une augmentation des rejets en mer.

Ces mêmes apports d’eau douce, chargés en nutriments, en polluants divers, ont un impact négatif fort sur les récifs : ils entraînent la prolifération d’algues et de bactéries au détriment des coraux dont ils menacent la pérennité. Pérennité dont dépendent nombre d’installations côtières des communes littorales et de leurs habitants notamment dans le contexte du changement climatique et de la remontée du niveau de la mer.

Par ailleurs, il est également souligné que les déséquilibres introduits par la pêche des requins associés aux récifs et leur quasi disparition serait une autre cause de la présence accrue des requins bouledogue et tigre. C’est bien dans ce sens qu’un arrêté préfectoral a été pris sous l‘impulsion du CRPMEM pour interdire la pêche de 5 espèces de requins de récifs.

C’est en restaurant les équilibres écologiques naturels au sein des récifs coralliens que l’on sera le mieux à même de résoudre durablement la crise requin.

La réserve marine est l’outil qui a été mis en place pour atteindre cet objectif aussi c’est en renforçant ses actions, en l’appuyant dans ses missions que l’on doit agir !

Dans le décret de la Réserve Marine, il est dit : « Art. 3. − Dans l’intérêt de la réserve, le préfet peut prendre toute mesure nécessaire en vue d’assurer la connaissance, la conservation ou la restauration des zones récifales, de leur faune et de leur flore… »

Qu’en est-il de la réalité de cet objectif inscrit dans le décret ? À quand une gestion de la zone côtière s’intéressant aux problèmes fondamentaux de façon effective, efficace et sincère ?

Vie Océane

 

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