Pour sortir de détention, Willy Incana charge Jean Danio Morby
Ce mardi, Willy Incana faisait appel suite à son placement en détention provisoire. Le Portois inculpé d'extorsion de fonds et d'abus de confiance a confié aux magistrats de la chambre de l'instruction avoir agi sous la contrainte de son co-auteur présumé et n'avoir pas réussi à faire machine arrière.
Ecrit par IS – le mardi 09 août 2022 à 15H33
15 jours que Willy Incana, le « grand frère » du Port et médiatique président de l’association KFA,
est en détention provisoire suite à sa mise en examen pour extorsion et abus de confiance. Le presque quadragénaire avait supplié la juge des libertés et de la détention (JLD) de le laisser libre de ses mouvements sans quoi, il allait
« tout perdre ».
Cependant, sa mise sous écrou avait été décidée notamment afin que d’éventuelles victimes de racket puissent se faire connaitre sans subir de pressions.
Le numéro un de Kiltir fé avancé est en effet soupçonné
d’avoir racketté plusieurs commerçants de l’île et notamment un patron de station-service du sud de l’île à raison de 800 euros mensuels pendant deux ans en échange de ses soi-disant services de protection. Les sommes remises sous la menace étaient ensuite déposées sur le compte de l’association que Willy Incana utilisait comme s’il s’agissait de son propre compte.
Le Portois n’aurait pas agi seul. Jean Danio Morby, dit Sylvio, incarcéré depuis mars 2021 pour des faits similaires, est soupçonné d’être co-auteur. Ce mardi matin, Willy Incana faisait une demande de remise en liberté devant la chambre de l’instruction. S’adressant aux magistrats de la cour lors de cette audience publique, il a déclaré avoir agi à la demande de Jean Danio Morby dont les méthodes lui avaient finalement peu convenu. « Il a essayé de se calquer sur ce que j’ai fait avec mon association. Mais c’est allé trop loin et j’ai pas pu me dégager ».
Selon les premiers éléments de l’enquête, les visites chez les commerçants se seraient arrêtées au moment de l’incarcération d’un des piliers du clan Morby. Incarcéré à Domenjod, celui-ci a été transféré dans un centre pénitentiaire situé en Isère où il devrait probablement être entendu dans cette affaire afin qu’il livre sa version des faits. Il devra expliquer pourquoi une partie des sommes extorquées se retrouvait sur le compte de son association, Union 974, puis étaient utilisées à des fins personnelles. Mais aussi pourquoi dans certaines stations-service du département, ses « amis » s’arrogeaient le droit de faire le plein gratuitement.
Un scooter, une Clio et une Lamborghini qui « n’a jamais roulé »
« Donnez-moi une dernière chance face à la société. Il faut que je reprenne le travail pour rembourser les préjudices que j’ai causés », a indiqué le prévenu aux juges. Répondant aux questions de ces derniers, Willy Incana a déclaré ne posséder qu’un scooter, une Clio et une Lamborghini de 2006 achetée à Dubaï « en panne et n’ayant jamais roulé ».
Quelques minutes plus tôt, la procureure générale avait indiqué que les investigations devaient se poursuivre en toute sérénité afin que les victimes potentielles de racket puissent se faire connaître. Fabienne Atzori a ensuite souhaité que les comptes de KFA soient épluchés afin que
« le blanchiment des sommes rackettées via l’association soit évalué ».
La cour a suivi son avis. Willy Incana reste pour l’instant sous les verrous.