C’est votre premier ouvrage, pourquoi vous êtes vous lancé dans l’écriture?
Je suis un amoureux de la nature, un écologiste convaincu, écologiste proche du chamanisme, c’est-à-dire que je considère la nature comme une thérapie à la société de consommation dans laquelle nous vivons maintenant. Donc l’écriture, parce que j’ai besoin de l’exprimer, surtout quand je vois l’évolution de mon pays. Si nous continuons comme ça, est-ce que La Réunion que nos anciens ont connue, nos enfants auront la chance de la connaitre ? Je parle en termes de biodiversité.
Justement, comment vous analysez ce rapport à la nature des années 70 à nos jours ?
Nous avons gagné en modernité mais perdu en tradition, en qualité de vie, en bien-être. La jeunesse d’aujourd’hui ne sait plus reconnaître un cambar, un songe, un manioc, un patate… Parce que la jeunesse privilégie la malbouffe…
Dans les années 70, il y avait les petites cases en paille, maintenant c’est du béton partout. Il y a eu des politiques comme le défunt Paul Vergès, qui avaient déjà pris conscience de ça. C’était un écologiste convaincu. Il avait dit, je le cite dans mon roman, une des priorités pour La Réunion de demain, c’est que le politique ou le Réunionnais lambda comprennent : arrête bétonner les hauts ou au moins diminuer drastiquement pour faire en sorte de végétaliser un maximum. Nous serons confrontés à des crises climatiques qui vont entrainer des crises sociales puissance 10.
Vous évoquez l’habitat, mais il faut bien loger la population ?
Dans la période Debré, on a mis des gens dans des petites cages à zoizo. Tandis que si tu as une petite cours, tu peux planter toi-même des petits légumes. On aurait dû se donner la possibilité de choisir notre façon de vivre en privilégiant des matériaux durables, peut-être pas la paille mais le bois etc…
Et vous, comment a évolué votre rapport à la nature?
J’ai la nostalgie de l’enfance comme beaucoup de Créoles. Je vais bientôt avoir 50 ans… J’ai la nostalgie de la simplicité de la vie créole. Cette proximité avec les voisins, l’échange, l’entraide, c’est la consommation des produits que la terre nous offre, les produits du terroir. C’est vrai que les anciens ont défriché pour pouvoir cultiver, élever, mais il y avait au moins ce contact avec la terre. On était fier de manger ce qu’on avait planté sans les apports de produits chimiques qu’on a maintenant. Nous sommes le troisième département français le plus consommateur de glyphosate, je le dénonce. On a privilégié une culture cannière au dépend des cultures poly-vivrières basées sur le bio, la permaculture… Même si les gens s’y mettent de plus en plus.
Je suis un amoureux de la nature, un écologiste convaincu, écologiste proche du chamanisme, c’est-à-dire que je considère la nature comme une thérapie à la société de consommation dans laquelle nous vivons maintenant. Donc l’écriture, parce que j’ai besoin de l’exprimer, surtout quand je vois l’évolution de mon pays. Si nous continuons comme ça, est-ce que La Réunion que nos anciens ont connue, nos enfants auront la chance de la connaitre ? Je parle en termes de biodiversité.
Justement, comment vous analysez ce rapport à la nature des années 70 à nos jours ?
Nous avons gagné en modernité mais perdu en tradition, en qualité de vie, en bien-être. La jeunesse d’aujourd’hui ne sait plus reconnaître un cambar, un songe, un manioc, un patate… Parce que la jeunesse privilégie la malbouffe…
Dans les années 70, il y avait les petites cases en paille, maintenant c’est du béton partout. Il y a eu des politiques comme le défunt Paul Vergès, qui avaient déjà pris conscience de ça. C’était un écologiste convaincu. Il avait dit, je le cite dans mon roman, une des priorités pour La Réunion de demain, c’est que le politique ou le Réunionnais lambda comprennent : arrête bétonner les hauts ou au moins diminuer drastiquement pour faire en sorte de végétaliser un maximum. Nous serons confrontés à des crises climatiques qui vont entrainer des crises sociales puissance 10.
Vous évoquez l’habitat, mais il faut bien loger la population ?
Dans la période Debré, on a mis des gens dans des petites cages à zoizo. Tandis que si tu as une petite cours, tu peux planter toi-même des petits légumes. On aurait dû se donner la possibilité de choisir notre façon de vivre en privilégiant des matériaux durables, peut-être pas la paille mais le bois etc…
Et vous, comment a évolué votre rapport à la nature?
J’ai la nostalgie de l’enfance comme beaucoup de Créoles. Je vais bientôt avoir 50 ans… J’ai la nostalgie de la simplicité de la vie créole. Cette proximité avec les voisins, l’échange, l’entraide, c’est la consommation des produits que la terre nous offre, les produits du terroir. C’est vrai que les anciens ont défriché pour pouvoir cultiver, élever, mais il y avait au moins ce contact avec la terre. On était fier de manger ce qu’on avait planté sans les apports de produits chimiques qu’on a maintenant. Nous sommes le troisième département français le plus consommateur de glyphosate, je le dénonce. On a privilégié une culture cannière au dépend des cultures poly-vivrières basées sur le bio, la permaculture… Même si les gens s’y mettent de plus en plus.
Qu’est-ce qui vous a amené à vous préoccuper autant de l’environnement ?
Parce que je vois que mon pays se dégrade. Les gens sont irrespectueux. Ils jettent leurs déchets comme si c’était naturel alors qu’on devrait être dans le tri, le recyclage, la réutilisation… Personnellement, même un grain de letchi, je ne le jette pas dans la nature parce que je me demande si je vais pas changer la biodiversité qu’il y a autour. Cette démarche, je la tiens du fait d’avoir grandi dans un ti coin perdu des hauts. Moi aussi j’ai évolué avec mon temps, je ne suis pas fermé. Je dis qu’il faut trouver une alternative au tout béton. Nous avons obligatoirement le devoir moral de préserver notre biodiversité pour laisser à nos enfants un territoire viable. C’est aux politiques de trouver un équilibre entre préserver l’environnement et continuer à avoir un modèle économique, mais pour moi la productivité est incompatible avec l’écologie, il ne faut pas se voiler la face. Il faut se poser également la question de ce que l’on achète. A-t-on vraiment besoin de tout cela ?
Donc nostalgique du passé, vous alertez sur les changements à opérer au présent...
On va perdre un tiers de notre biodiversité si rien n’est fait. On va droit dans le mur. Les générations futures vont nous reprocher notre nombrilisme. Il faut donc conscientiser, faire en sorte qu’un maximum de gens deviennent écolo-sensibles pour permettre le tri des déchets par exemple. Le problème, c’est aussi que les politiques ne suivent pas. Avec l’Association des Citoyens Réunionnais de Richard Riani, nous avons combattu le projet d’incinérateur au tribunal et nous avons perdu. Le plus dangereux dans tout ça, en comptant les gaz etc, c’est que ça va inciter les gens à consommer encore plus parce qu’il faudra nourrir cet incinérateur. Au lieu d’inciter les gens à faire du 3R, comme Nicolas Hulot le dit, Recycler Réutiliser Réemployer, ça incite les gens à produire toujours autant de déchets.
Effectivement, il faut trouver une alternative, je ne détiens pas la science infuse non plus pour savoir quoi faire. Mais une chose est sûre, il faut diminuer les déchets et consommer local. Pour ce qui est du bio, il faut faire attention. Les grands lobby industriels ont mis la main dessus. Ils font croire aux gens qui se donnent bonne conscience mais finalement le mieux, si vraiment tu veux manger quelque chose de sain, c’est de le faire pousser soi-même.
Et pour le futur ?
"La société réunionnaise pourra-t-elle survivre à ces crises qui ne manqueront pas de nous impacter tout au long de ce 21e siècle ? Les statistiques de Météo France prévoient une augmentation de plusieurs degrés du climat avec des événements impactant pour notre milieu insulaire", c’est ce que j’écris dans mon livre. Le dérèglement climatique aura donc des conséquences. Ma vision à moi, c’est que la déforestation impacte l’environnement et occasionne des crises sanitaires et sociales. Notre modèle sociétal est au bord de la rupture. Il faut donc conscientiser pour s’orienter vers une décroissance progressive.
Parce que je vois que mon pays se dégrade. Les gens sont irrespectueux. Ils jettent leurs déchets comme si c’était naturel alors qu’on devrait être dans le tri, le recyclage, la réutilisation… Personnellement, même un grain de letchi, je ne le jette pas dans la nature parce que je me demande si je vais pas changer la biodiversité qu’il y a autour. Cette démarche, je la tiens du fait d’avoir grandi dans un ti coin perdu des hauts. Moi aussi j’ai évolué avec mon temps, je ne suis pas fermé. Je dis qu’il faut trouver une alternative au tout béton. Nous avons obligatoirement le devoir moral de préserver notre biodiversité pour laisser à nos enfants un territoire viable. C’est aux politiques de trouver un équilibre entre préserver l’environnement et continuer à avoir un modèle économique, mais pour moi la productivité est incompatible avec l’écologie, il ne faut pas se voiler la face. Il faut se poser également la question de ce que l’on achète. A-t-on vraiment besoin de tout cela ?
Donc nostalgique du passé, vous alertez sur les changements à opérer au présent...
On va perdre un tiers de notre biodiversité si rien n’est fait. On va droit dans le mur. Les générations futures vont nous reprocher notre nombrilisme. Il faut donc conscientiser, faire en sorte qu’un maximum de gens deviennent écolo-sensibles pour permettre le tri des déchets par exemple. Le problème, c’est aussi que les politiques ne suivent pas. Avec l’Association des Citoyens Réunionnais de Richard Riani, nous avons combattu le projet d’incinérateur au tribunal et nous avons perdu. Le plus dangereux dans tout ça, en comptant les gaz etc, c’est que ça va inciter les gens à consommer encore plus parce qu’il faudra nourrir cet incinérateur. Au lieu d’inciter les gens à faire du 3R, comme Nicolas Hulot le dit, Recycler Réutiliser Réemployer, ça incite les gens à produire toujours autant de déchets.
Effectivement, il faut trouver une alternative, je ne détiens pas la science infuse non plus pour savoir quoi faire. Mais une chose est sûre, il faut diminuer les déchets et consommer local. Pour ce qui est du bio, il faut faire attention. Les grands lobby industriels ont mis la main dessus. Ils font croire aux gens qui se donnent bonne conscience mais finalement le mieux, si vraiment tu veux manger quelque chose de sain, c’est de le faire pousser soi-même.
Et pour le futur ?
"La société réunionnaise pourra-t-elle survivre à ces crises qui ne manqueront pas de nous impacter tout au long de ce 21e siècle ? Les statistiques de Météo France prévoient une augmentation de plusieurs degrés du climat avec des événements impactant pour notre milieu insulaire", c’est ce que j’écris dans mon livre. Le dérèglement climatique aura donc des conséquences. Ma vision à moi, c’est que la déforestation impacte l’environnement et occasionne des crises sanitaires et sociales. Notre modèle sociétal est au bord de la rupture. Il faut donc conscientiser pour s’orienter vers une décroissance progressive.