Le président des Parc nationaux de France, mais également du Parc national de la Guadeloupe (depuis 2005 ndlr), Ferdy Louisy, est de passage à la Réunion pour une visite de terrain. Si la charte du Parc national de la Réunion a reçu un « avis très favorable » de la part de la Préfecture, explique Marylène Hoarau, directrice du Parc national réunionnais, il n’en reste pas moins qu’elle a été longuement critiquée par certains habitants des Hauts et de nombreux élus réunionnais. Dans le même temps, le ministère de l’Environnement a dépêché plusieurs inspecteurs pour mener une mission d’inspection des Parc nationaux, dont celui de la Réunion, afin d’analyser la notion de « Parc national » au sein des territoires, notamment depuis la réforme de 2006. Cette loi d’avril 2006 a réformé les bases législatives et réglementaires des Parcs nationaux. Elle a imposé deux grandes nouveautés, la modification du décret de création (en 2009) et la mise en place d’une charte (en 2011).
Une mission qui s’est bien déroulée, selon le président du Parc national de la Réunion, Daniel Gonthier, et dont le rapport transmis au ministère est « rassurant« , précise Ferdy Louisy. « Je rappelle que depuis la loi de 2006, la gouvernance a été élargie et ouverte aux élus locaux. Résultat, plutôt que de faire chacun de son côté, on fait ensemble pour être plus efficaces« , explique Ferdy Louisy. Dans ce rapport on apprendra, dès sa parution publique d’ici le mois de juin, que les attaques menées par certains élus locaux ou parlementaires ne répondent qu’à des « intérêts personnels« , souligne le président des Parc nationaux de France. « On a joué la transparence. Les inspecteurs ont rencontré également des agriculteurs, des chasseurs ou encore des pêcheurs. Il n’y a pas eu de sectarisme« , précise également Daniel Gonthier.
Mais les problèmes rencontrés à la Réunion, autour de la charte et du Parc national en général, sont monnaie courante dans les autres Parcs. « Il y a toujours une inquiétude légitime« , explique Ferdy Louisy. « Il y a eu également des situations difficiles dans beaucoup de Parcs nationaux, en Guadeloupe, dans la Vanoise et ailleurs, comme il y en a eu à la Réunion« , ajoute-t-il.
« Un élu ou un parlementaire qui ne propose rien (…) n’est pas à la hauteur de sa tâche »
« Les maires disent ‘je risque de perdre mes droits’. Mais en Outre-mer, la législation est différente et offre plus de souplesse. En dehors du coeur du Parc, dans les zones d’adhésion, tout est libre. Un maire peut décider de ce qu’il veut faire pour l’environnement et la nature« , explique-t-il. Et le président des Parcs nationaux de France ne mâche pas ses mots en direction de certains élus. « Moi je pense que certains ont peur car ils ne sont pas capables de prendre des décisions pour protéger la nature. Un élu ou un parlementaire qui ne propose rien car il n’est pas d’accord, n’est pas à la hauteur de sa tâche« , lâche-t-il. Pour Ferdy Louisy, tout le monde peut « gagner » avec le Parc national, aussi bien en matière de tourisme, d’artisanat…
Avec leur système de gouvernance élargie, les Parc nationaux ont créé une exception. « Citez-moi une institution où une gouvernance est partagée ? Il n’y en a pas« , explique-t-il. Et ce savoir-faire s’exporte. « Notre modèle français plait dans le monde et les Parcs nationaux à la française sont une réussite au niveau mondial« , ajoute Ferdy Louisy.
Enfin, pour revenir à la Réunion, après avoir reçu l’avis favorable de la Préfecture, la charte du Parc national va être défendue durant un grand oral devant les représentants du CNPN (Conseil national de protection de la nature) et du CIPN (Comité interministériel des Parcs nationaux). Une copie de la charte sera également remise à l’Unesco. L’objectif de Daniel Gonthier est simple : « Je veux revenir avec le même document à la virgule près, que ce soit facile ou non« .