À la veille du très attendu discours sur la politique de la ville du président de la République Emmanuel Macron, la référence locale du mouvement Bleu Blanc Zèbre 974, l’élue régionale Juliana M’Doihoma, fait le point dans une tribune libre concernant la prise en compte des préoccupations et propositions exprimées par les acteurs réunionnais, [lors des Etats généraux en février dernier]urlblank:https://www.zinfos974.com/Jean-Louis-Borloo-La-Reunion-le-territoire-parfait-pour-lancer-un-modele-a-titre-experimental_a124781.html . L’intégralité de sa tribune à retrouver ci-dessous:
Mobilisés depuis l’été dernier, les acteurs de la politique de la ville s’apprêtent à vivre un moment décisif. C’est en effet ce mardi 22 mai 2018 que le Président de la République réunira à l’Elysée le « Conseil présidentiel des villes » et qu’il prononcera ensuite un discours portant programme gouvernemental d’actions pour les quartiers populaires.
Cette séquence intervient dans un contexte marqué par le SOS lancé par les élus locaux dans le cadre de l’Appel de Grigny du 16 octobre 2017 et par le rapport rendu par Jean-Louis Borloo le 26 avril 2018 après un Tour de France des solutions ayant étroitement associé élus, services de l’Etat, acteurs associatifs et habitants des quartiers.
Largement concernée par cette problématique (13 communes, 49 quartiers prioritaires, 163 000 habitants), La Réunion a été partie prenante de cette dynamique, notamment à l’occasion de la visite de Jean-Louis Borloo fin février dernier.
A la lecture de son rapport intitulé « Vivre ensemble. Vivre en grand la République. Pour une réconciliation nationale », j’ai effectivement été ravie de constater combien l’ancien ministre a été attentif aux préoccupations exprimées par les acteurs réunionnais rassemblés – élus, associations, citoyens – dans le cadre de nos Etats généraux de la politique de la ville.
Le 27 février dernier, nous avions plaidé pour que les modalités d’intervention au cœur des quartiers évoluent et que la présence sociale de proximité reprenne toute sa place, tant en termes de lieux de vie ouverts à tous qu’en termes de moyens humains dédiés, y compris en dehors des horaires classiques de bureau…Jean-Louis Borloo a retenu dans son rapport la piste des « coachs d’insertion » et a proposé la mise en place de « correspondants de nuit » dans les quartiers.
Nous avions milité pour que la lutte contre la fracture numérique soit érigée en priorité des Contrats de ville. Le rapport Borloo s’est également fait l’écho de cette nécessité en utilisant pour sa part le terme d’ »illectronisme » et en recommandant concrètement l’implantation urgente de 200 campus du numérique.
Nos états généraux du 27 février dernier ont aussi été l’occasion de libérer la parole sur le quotidien de nos associations. Dans nos conclusions, nous avions d’ailleurs tiré la sonnette d’alarme sur le devenir de ces piliers de l’action de proximité en direction des habitants des quartiers. Là aussi, le rapport Borloo est riche de propositions de nature à apporter des réponses concrètes aux besoins exprimés par les acteurs associatifs : mise en place d’un dossier unique de demande de financement et d’une contractualisation pluriannuelle, création d’emplois francs associatifs ou encore de services civiques dédiés aux bénévoles,…
Alors oui ! Il est vrai que la feuille de route posée sur la table par Jean-Louis Borloo est colossale. Mais comment pourrait-il en être autrement après 40 ans d’une politique de la ville aux effets limités ? Nos quartiers ne sont toujours pas sortis du « zonage prioritaire » et les inégalités continuent à se creuser, laissant trop d’habitants issus de ces territoires au bord de la route…
L’heure n’est plus à la tergiversation mais à la transformation radicale des modalités d’intervention de la politique de la ville !
A mon sens, l’objectif n’est pas de voir chacune des très nombreuses mesures inscrites dans le rapport Borloo recueillir l’adhésion de tous. L’essentiel en revanche est que cette boite à outils qu’il a proposée et co-construite avec les acteurs de terrain, y compris avec les ultramarins que nous sommes, ne reste pas lettre morte!
Plus que jamais, il importe que le Président Emmanuel Macron choisisse clairement la voie de l’action concrète et qu’il organise depuis le sommet de l’Etat le retour de la République et de ses moyens au cœur des quartiers.
Les habitants des quartiers populaires méritent eux aussi de pouvoir se remettre en marche vers la réussite! Ils ne quémandent rien mais exigent simplement le droit à l’égalité républicaine. Peu importe d’où l’on vient, chacun doit pouvoir avoir les mêmes chances de s’insérer et de s’épanouir en fonction de ses talents et de ses efforts !
Juliana M’DOIHOMA
Elue locale déléguée à la Politique de la Ville
Référente du mouvement Bleu Blanc Zèbre 974