À l’occasion des élections professionnelles dans la police qui se tiendront du 30 novembre au 6 décembre, le secrétaire général du syndicat Alliance Police Nationale, Jean-Claude Delage, est en visite à La Réunion. L’objectif étant « un examen régulier de la situation pour pouvoir remonter les soucis au niveau national ». Et le soucis majeur, selon les syndicalistes, n’est plus tant le manque d’effectifs – une centaine de gardiens de la paix supplémentaires en quatre ans, soit environ 840 au total à La Réunion – mais plutôt leur déploiement.
A l’hôpital ou devant la préf’
« Il y a eu une augmentation d’effectifs envoyés par la DDSP (Direction départementale de la sécurité publique, ndlr) mais également de services, explique le secrétaire général. La présence policière dans les hôpitaux ou devant la préfecture, ce n’est pas leur cœur de métier. On ne peut pas payer un policier près de 2000 euros pour garder une porte ». Car à côté, ce serait la sécurité de la société qui en souffrirait.
« Même si on est au soleil, ce n’est pas pour ça que la vie est rose », rappelle Idriss Rangassamy, secrétaire départemental d’Alliance. Il revient sur les incidents d’Halloween à Saint-André et à Saint-Denis. « Un commissariat a été attaqué et des policiers blessés ». « Du matériel plus rapidement abîmé à cause du climat mais pas remplacé », ajoute Jean-Claude Delage.
« S’il arrive quoi que ce soit, vous êtes seuls »
Pour lui, l’Outre-Mer ne peut compter sur personne : « S’il arrive quoi que ce soit, des émeutes, de la délinquance ou un acte de terrorisme, vous êtes seuls ; le temps d’attendre des renforts venant de métropole ». D’où l’importance d’une meilleure organisation au sein de la police. Ce qu’Alliance demande : une liste précise des tâches des gardiens de la paix, pour éviter qu’ils ne soient déployés sur autre chose.
Les syndicats demandent aussi le rétablissement des peines planchers pour ceux qui s’en prennent à la police, comme ce fut le cas ces derniers jours. « En protégeant la police, vous protégez la société, affirme le secrétaire général. Nous comprenons la frustration des citoyens qui voient des groupes terroristes être maîtrisés en Syrie mais pas des voyous de quartier. L’Etat doit réagir. »
À l’échelle locale, Alliance demande donc une antenne de contrôle des frontières au Port, à la Rivière des Galets, pour intercepter les migrants et croisiéristes, un deuxième commissariat dans le sud, et une antenne de police judiciaire plus importante. « Beaucoup de gros dossiers, notamment de stupéfiants, ne peuvent sortir à cause d’un manque de policiers », termine Idriss Rangassamy.