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Polémique sur les pièges à rats de l’ONF: Les tangues « victimes » collatérales ?

Mardi dernier, un collectif de chasseurs s'est rassemblée à Saint-André pour dénoncer les méthodes employées par l'Office national des forêts (ONF), la Société d'Etudes Ornithologiques de la Réunion (SEOR) et le Parc National dans l'éradication des rats sur le secteur de la Roche Ecrite. Selon ce collectif, les pièges installés ne seraient pas adaptés et permettraient aux tangues de s'introduire à l'intérieur et d'être empoissonnés, avec un risque écologique pour l'ensemble de la faune et la flore réunionnaise. Une information que dément catégoriquement l'ONF.

Ecrit par zinfos974 – le vendredi 05 avril 2013 à 16H35

Une vidéo de 15 minutes tournée par François Hoarau, chasseur de tangues, montre les dommages collatéraux des pièges à rat disposés un peu partout dans la zone de la Roche Ecrite. Des pièges contenant un poison et visant à éliminer les rats, principal élément perturbateur dans la reproduction des tuit-tuit, espèce d’oiseau endémique de la Réunion, dont il reste seulement une trentaine de couples dans ce secteur. Selon un collectif de chasseurs, les pièges ne seraient pas disposés en hauteur, mais à même le sol. A l’intérieur, les chasseurs expliquent avoir retrouvés plusieurs tangues desséchés, morts par empoisonnement.

L’ONF, la SEOR et le Parc National, tous les trois associés dans la lutte contre les rats, « détruisent la nature au lieu de la protéger« , souligne François Hoarau. Très remontés contre ces trois administrations, cinq chasseurs se sont rendus sur place, à la plaine des Chicots, pour vérifier les pièges. « Outre l’odeur pestilentielle, sur place, nous avons trouvé des pièges tous les six mètres et installés au sol. A l’intérieur, plusieurs carcasses de tangues desséchées et des restes de fruits empoisonnés et non du raticide« , explique-t-il. Pour ce collectif de chasseurs, la crainte est de voir le tangue disparaître, mais également que cela impacte les papangues. « Le papangue chasse le tangue. Si ce dernier est empoisonné, le papangue l’est aussi et meurt« , ajoute-t-il. Au-delà de l’éradication du rat, c’est un problème écologique que soulève François Hoarau. « Avec cette méthode, c’est la faune, la flore et les sources d’eau qui sont contaminées« , explique-t-il.

Des informations erronées pour l’ONF

Pour l’ONF, les informations délivrées par les chasseurs de tangues sont erronées. « La lutte contre les rats existe depuis 2004 et se fait uniquement dans la réserve de la Roche Ecrite. Elle sert à protéger les tuit-tuit. On s’est rendu compte que les rats mangeaient les oeufs de tuit-tuit. Seulement deux poussins sur 10 arrivaient à l’envol, selon des études menées. Le tuit-tuit est un oiseau endémique de la Réunion et s’il disparaît de l’île, il disparaît du monde« , explique Julien Triolo, responsable de la cellule écologique à l’ONF.

 

Même s’il reconnait qu’il peut y avoir un impact sur les autres espèces, Julien Triolo rappelle l’intérêt « très fort de l’ONF face à cette problématique environnementale« .

« On a posé des tubes et non des pièges à rats. Mais nous sommes en train de changer le dispositif pour limiter l’impact aux autres espèces. Dans certains tubes il peut y avoir des tangues« , souligne-t-il. Mais la présence de ces tangues serait avant tout liée aux braconniers. « Nous utilisons des produits raticides et nous trouvons des fruits dans les tubes. Les braconniers s’en servent pour attirer les tangues. Ce ne sont pas les employés de l’ONF qui font ça« , ajoute-t-il. L’ONF explique que le dispositif actuel au sol sera remplacé par des attaches aux arbres pour éviter aux tangues d’entrer à l’intérieur. Concernant le papangue, les études menées dans la zone de la Roche Ecrite, suite à la mise en place du programme de lutte contre les rats, démontrent qu’il n’y a pas eu « d’impact sur sa population« , rassure le responsable de la cellule écologique.

Des « leçons d’écologie » qui ne passent pas

En tout, plus de 250 tubes à rat sont disposés sur 8 km dans une zone « interdite » de chasse. Une lutte contre les rats organisée sur 400 hectares, soit 0,4% du domaine forestier. « Il est erroné de dire que l’ONF porte atteinte aux tangues sur la Réunion« , précise Julien Triolo. Il rappelle que le tangue est une espèce exotique venue de Madagascar et qui peut avoir une portée de 40 petits. Au contraire, l’ONF dit vouloir militer pour ouvrir de nouveaux lots de chasse.

Une affirmation démontée en bloc par François Hoarau. « C’est faux, tout le monde se renvoie la balle et personne ne semble disposer à ouvrir de nouvelles zones de chasse« , explique-t-il. Au-delà de ce problème de chasse, François Hoarau ne digère pas les « leçons d’écologie » données par l’ONF ou le Parc National quand des Réunionnais sont verbalisés pour avoir chassé le tangue. « Je demande les mêmes sanctions à leur encontre. Ils posent des pièges et détruisent la nature réunionnaise« , conclut-il.

 

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