Le Pôle sanitaire de l’Ouest doit venir remplacer l’hôpital Gabriel Martin, vieillissant, à Saint-Paul. Un projet qui a déjà fait parler mais que l’intersyndicale du bâtiment ne digère pas. La raison ? L’appel d’offre pour la construction a été attribué à une entreprise extérieure, Demathieu & Bard, sans aucune représentation locale et dont la facture totale était 6 millions d’euros plus chère que l’offre réunionnaise représentée par Vinci. « On est très inquiets, car le marché devait être attribué à une entreprise locale. L’entreprise choisie est plus chère et n’est pas basée à la Réunion. On est en droit de se poser des questions« , explique Daniel Balman, secrétaire de la CFDT-BTP.
Le marché du Pôle sanitaire était estimé à 100 millions d’euros. Le groupe Demathieu & Bard avait devisé un montant de 96,9 millions d’euros quand le groupe Vinci arrivait à un montant de 90,9 millions d’euros, avec un délai de réalisation plus court de quatre mois (53 mois contre 49 mois pour Vinci). « Regardez le secteur du bâtiment à la Réunion, je ne comprend plus on est en pleine crise et les décideurs attribuent le marché à une société extérieure. On veut tuer les entreprises locales« , souligne de son côté Jacky Balmine, secrétaire de la CGTR-BTP.
« Comment un maître d’ouvrage peut-il retenir une entreprise si chère »
Une inquiétude renforcée par le détail de l’appel d’offre. « La société retenue n’a même pas inclu le lot de fluide dans l’appel d’offre (ndlr : correspondant à l’eau, l’électricité et l’oxygène). Une partie qui représente 25 millions d’euros de l’offre totale. C’est une obligation pour la construction d’un hôpital« , ajoute-t-il. L’intersyndicale explique que sans cette partie fluide, représentant 30% du montant de travaux, l’offre aurait dû être immédiatement écartée. « On ne comprend pas que leur offre est été retenue. Comment un maître d’ouvrage peut-il retenir une entreprise si chère avec 4 mois de délai en plus, pas ancrée à la Réunion et sans la partie fluide des travaux. Il y a quelque chose la dessous mais je ne sais pas quoi« , précise Raymond Payet, de la CGTR-BTP. Pis, selon l’intersyndicale, le groupe Demathieu & Bard aurait contacté des filiales de Vinci à la Réunion pour réaliser les prestations. « Il n’arrive pas à faire toutes les structures« , souligne Jean-Max Dagard de la CFTC.
L’intersyndicale insiste sur le « professionnalisme » des entreprises réunionnaises, notamment la SBTPC qui compte 700 salariés. « On a construit les hôpitaux de Bellepierre, l’extension du GHSR de Saint-Pierre, les cliniques des Orchidées, des Flamboyants ou encore Durieux au Tampon. On a de l’expérience dans ce domaine« , ajoute Jacky Balmine.
L’intersyndicale compte bien ne pas en rester là. Une requête en annulation de l’appel d’offre a été déposée auprès du Tribunal administratif, la réponse est attendue le 31 mai. « On veut simplement que le président du tribunal examine l’appel et se rende compte par lui-même qu’il y a un problème. On veut qu’il donne le marché à l’entreprise la moins chère« , souligne-t-il.
Le chantier du Pôle sanitaire Ouest représente près de 750.000 heures de travail direct. Il doit commencer en 2013. L’intersyndicale du bâtiment n’acceptera pas une nouvelle fois qu’un chantier réunionnais soit donné à une entreprise extérieure ou étrangère, comme cela s’est passé à la centrale électrique du Port ou plus récemment dans une centrale photovoltaïque de la Plaine des Cafres.