Après avoir été hébergée à droite à gauche et vécu près d’un an dans un logement insalubre loué par un propriétaire privé, la trentenaire est retournée chez ses parents, à l’Etang-Salé, où elle partage une chambre avec ses deux fils adolescents. Depuis huit mois, elle tente, en vain, d’obtenir un logement social.
« L’administration prend la demande à la légère »
« J’ai déposé des dossiers auprès de tous les bailleurs sociaux, on m’a dit que j’étais un cas prioritaire, mais je suis pourtant toujours dans l’attente. Je vois d’autres gens, qui ont déjà un logement, être relogés, et nous, nous attendons toujours. J’ai eu trois faux espoirs. On m’a dit que mon dossier allait passer en commission, mais rien », déplore-t-elle. Au RSA, Virginie n’a d’autres choix que de passer par un bailleur social. « Suite à l’agression – qui l’a touchée à l’abdomen et au bras, ndlr – le muscle de mon bras s’est atrophié. J’ai une formation en artisanat mais dans cette situation, il m’est impossible de travailler ».
« Les services sociaux, l’administration prennent cette demande à la légère. Une fois qu’on a échappé à la mort, on nous laisse dans la nature. On me dit toujours de patienter », déplore-t-elle encore, inquiète pour ses deux garçons. « Mes parents ont peu de moyens. On est entassé les uns sur les autres. Les moyennes de mes enfants ont baissé depuis cette année ». Si elle a refusé un logement qui lui avait été proposé en 2016, Virginie s’explique : « L’insécurité régnait dans la résidence. Avec le traumatisme que j’ai vécu, je ne peux pas vivre là-dedans. Ce n’est pas parce que je suis en difficulté que je dois accepter n’importe quoi ».
Sentiment d’insécurité permanent
Depuis le drame, Virginie n’a plus confiance. « Ni aux administrations, ni aux hommes », explique-t-elle. Car le traumatisme qu’elle a vécu reste bien présent. « J’ai parfois des flash-backs, je ressens des douleurs. Je ne me sens jamais en sécurité, je me barricade », explique-t-elle.
Avant l’agression, des menaces avaient été proférées par son ancien concubin, lequel n’acceptait pas la rupture, après 17 ans de vie commune. « À la gendarmerie, on a pris ma déposition mais on m’a dit qu’il n’y avait pas de preuve, que ça risquait d’être classé sans suite et on m’a orientée vers une maison de médiation. Je me suis sentie rejetée. Je me suis alors dirigée vers la police municipale pour déposer une main courante », se souvient-elle. Le sentiment d’insécurité ressenti à cette période ne la quittera plus.
Si l’accès à un logement serait un immense soulagement, Virginie sait qu’il ne permettra pas d’effacer cet épisode douloureux. Elle attend le procès pour pouvoir, elle l’espère, définitivement « tourner la page ».