Dès la fin de matinée, nous vous annoncions en exclusivité dans nos "Brèves d'ici et d'ailleurs " la nomination de Jean-François Carenco au poste de ministre délégué à l'Outre-mer, rattaché au ministre de l'Intérieur.
Ce choix est un véritable affront fait aux Ultramarins.
Un ministère de seconde zone
D'abord, le fait de rabaisser le ministère des Outre-mer au rang de ministère délégué est tout sauf anodin. Cela signifie entre autres que Jean-François Carenco prendra ses ordres auprès de Gérald Darmanin et n'aura que très peu d'autonomie.
Retour vers le futur
Il n'est pas anodin non plus que le ministre des Outre-mer ne soit pas un Ultramarin. Nous voila donc avec des personnes qui vont se préoccuper essentiellement de ce qui se passe à Paris et de l'évolution de leurs carrières et très peu de la situation chez nous.
Mais surtout, il s'agit d'un retour en arrière à avant 2009, avec un Oudinot (siège du ministère des Outre-mer) qui repasse sous la tutelle de Beauvau (siège du ministère de l'Intérieur).
En 2009, Brice Hortefeux, le ministre de l'Intérieur de l'époque, s’était servi de la création d’Oudinot pour faire des économies. Comme le secrétariat général restait commun aux deux ministères, les aspects RH (ressources humaines) de la DGOM (direction générale aux Outre-mer) étaient restés gérés à Beauvau. Et pour répondre aux demandes de la RGPP (révision générale des politiques publiques), Brice Hortefeux avait supprimé 60 postes aux Outre-mer juste avant que ça ne devienne une direction générale indépendante.
Dans le même temps il avait créé des postes dans leurs autres directions de son ministère. Résultat, le ministère des Outre-mer n’avait jamais pu fonctionner.
D’autant qu’ensuite, pendant des années, ils y ont nommé les fonctionnaires dont ils ne voulaient plus ailleurs. On avait donc à Oudinot que des passionnés (peu nombreux), quelques carriéristes (pour qui ça permettait de monter plus vite sur un poste de direction) et beaucoup d’incompétents.
Restera maintenant à surveiller combien d'Ultramarins seront nommés au Cabinet du ministre et à quels postes...
Un ministère rempli d'incompétents
L’organisation de cette direction générale n’a pas été repensée depuis au moins 1959 : l’actuelle SDPP (sous direction aux politiques publiques, qui porte les sujets économiques et sociaux) est l’héritière du secrétariat général des DOM de l’époque et la SDAJI (sous direction aux affaires juridiques et institutionnelles), elle-même héritière de la direction des TOM.
Plutôt que de faire l’effort de réorganiser, de repenser le ministère pour le rendre plus efficace, on a la situation de 2009 en pire puisqu’il manquera toujours les postes supprimés par l’Intérieur au moment de l’indépendance du ministère.
Au delà du manque d’ambition, nous sommes face à un véritable assassinat politique.
Une anticipation sur des émeutes en Outre-mer ?
De rattacher le ministère délégué aux Outremer au ministère de l'Intérieur a aussi peut-être une autre signification. Le gouvernement et Emmanuel Macron s'attendent peut-être à des émeutes dans les DOM et le fait que Oudinot dépende de la place Beauvau pourrait faciliter le maintien de l'ordre.
Ce rattachement au ministère de l'Intérieur aboutit à aborder le sujet ultramarin par le seul prisme du maintien de l’ordre public et des relations avec les élus. On oublie tout ce qui est politique et social.
Le choix du ministre délégué interpelle
Jean-François Carenco est né en 1952. Il a donc 70 ans !
Il est préfet à la retraite et n’a plus exercé en Outre-mer depuis vingt ans. Il a été préfet de Saint-Pierre-et-Miquelon de 1996 à 1997, et de Guadeloupe de 1999 et 2002. Ça fait vraiment remerciements pour l’ensemble de sa carrière avant un départ définitif en retraite.
Quant à Gérald Darmanin, il ne connaît rien aux Outre-mer. Il ne s’y est intéressé qu'au travers des questions sur l’immigration. On voit mal comment il va pouvoir nous défendre. En outre, il aura bien assez de travail avec l'Intérieur. L'Outre-mer sera le cadet de ses soucis.
J'imagine déjà les rendez-vous entre Huguette Bello et Gérald Darmanin. Autant la présidente de Région avait su tisser une relation courtoise et dans un respect réciproque avec Jean Castex, autant là il risque d'y avoir du sport...
Une vision vieille de 20 ans
Entre Dominique Perben en charge de sa campagne Outre-mer avec le succès que l’on sait et qui a quitté le ministère de l'Outre-mer en 1995 et maintenant Jean-François Carenco comme ministre délégué dont le dernier poste de préfet de la Guadeloupe remonte à 2002, vous avez une idée de la vision d'Emmanuel Macron sur les Outre-mer... Et vous pouvez toujours rajouter à ça le retour à l’organisation du ministère qui date de Nicolas Sarkozy...
Le président de la République a juste vingt ans de retard sur l’Histoire.
Ce choix est un véritable affront fait aux Ultramarins.
Un ministère de seconde zone
D'abord, le fait de rabaisser le ministère des Outre-mer au rang de ministère délégué est tout sauf anodin. Cela signifie entre autres que Jean-François Carenco prendra ses ordres auprès de Gérald Darmanin et n'aura que très peu d'autonomie.
Retour vers le futur
Il n'est pas anodin non plus que le ministre des Outre-mer ne soit pas un Ultramarin. Nous voila donc avec des personnes qui vont se préoccuper essentiellement de ce qui se passe à Paris et de l'évolution de leurs carrières et très peu de la situation chez nous.
Mais surtout, il s'agit d'un retour en arrière à avant 2009, avec un Oudinot (siège du ministère des Outre-mer) qui repasse sous la tutelle de Beauvau (siège du ministère de l'Intérieur).
En 2009, Brice Hortefeux, le ministre de l'Intérieur de l'époque, s’était servi de la création d’Oudinot pour faire des économies. Comme le secrétariat général restait commun aux deux ministères, les aspects RH (ressources humaines) de la DGOM (direction générale aux Outre-mer) étaient restés gérés à Beauvau. Et pour répondre aux demandes de la RGPP (révision générale des politiques publiques), Brice Hortefeux avait supprimé 60 postes aux Outre-mer juste avant que ça ne devienne une direction générale indépendante.
Dans le même temps il avait créé des postes dans leurs autres directions de son ministère. Résultat, le ministère des Outre-mer n’avait jamais pu fonctionner.
D’autant qu’ensuite, pendant des années, ils y ont nommé les fonctionnaires dont ils ne voulaient plus ailleurs. On avait donc à Oudinot que des passionnés (peu nombreux), quelques carriéristes (pour qui ça permettait de monter plus vite sur un poste de direction) et beaucoup d’incompétents.
Restera maintenant à surveiller combien d'Ultramarins seront nommés au Cabinet du ministre et à quels postes...
Un ministère rempli d'incompétents
L’organisation de cette direction générale n’a pas été repensée depuis au moins 1959 : l’actuelle SDPP (sous direction aux politiques publiques, qui porte les sujets économiques et sociaux) est l’héritière du secrétariat général des DOM de l’époque et la SDAJI (sous direction aux affaires juridiques et institutionnelles), elle-même héritière de la direction des TOM.
Plutôt que de faire l’effort de réorganiser, de repenser le ministère pour le rendre plus efficace, on a la situation de 2009 en pire puisqu’il manquera toujours les postes supprimés par l’Intérieur au moment de l’indépendance du ministère.
Au delà du manque d’ambition, nous sommes face à un véritable assassinat politique.
Une anticipation sur des émeutes en Outre-mer ?
De rattacher le ministère délégué aux Outremer au ministère de l'Intérieur a aussi peut-être une autre signification. Le gouvernement et Emmanuel Macron s'attendent peut-être à des émeutes dans les DOM et le fait que Oudinot dépende de la place Beauvau pourrait faciliter le maintien de l'ordre.
Ce rattachement au ministère de l'Intérieur aboutit à aborder le sujet ultramarin par le seul prisme du maintien de l’ordre public et des relations avec les élus. On oublie tout ce qui est politique et social.
Le choix du ministre délégué interpelle
Jean-François Carenco est né en 1952. Il a donc 70 ans !
Il est préfet à la retraite et n’a plus exercé en Outre-mer depuis vingt ans. Il a été préfet de Saint-Pierre-et-Miquelon de 1996 à 1997, et de Guadeloupe de 1999 et 2002. Ça fait vraiment remerciements pour l’ensemble de sa carrière avant un départ définitif en retraite.
Quant à Gérald Darmanin, il ne connaît rien aux Outre-mer. Il ne s’y est intéressé qu'au travers des questions sur l’immigration. On voit mal comment il va pouvoir nous défendre. En outre, il aura bien assez de travail avec l'Intérieur. L'Outre-mer sera le cadet de ses soucis.
J'imagine déjà les rendez-vous entre Huguette Bello et Gérald Darmanin. Autant la présidente de Région avait su tisser une relation courtoise et dans un respect réciproque avec Jean Castex, autant là il risque d'y avoir du sport...
Une vision vieille de 20 ans
Entre Dominique Perben en charge de sa campagne Outre-mer avec le succès que l’on sait et qui a quitté le ministère de l'Outre-mer en 1995 et maintenant Jean-François Carenco comme ministre délégué dont le dernier poste de préfet de la Guadeloupe remonte à 2002, vous avez une idée de la vision d'Emmanuel Macron sur les Outre-mer... Et vous pouvez toujours rajouter à ça le retour à l’organisation du ministère qui date de Nicolas Sarkozy...
Le président de la République a juste vingt ans de retard sur l’Histoire.