Zambaville anti-inflammatoire et cicatrisant, Fleur jaune « rafraîchissant », Bois de joli coeur dépuratif également mais aussi agissant sur la bile, Bois maigre diurétique, Bois d’hosto anti-diarrhéique et anti-inflammatoire… A 1000 m d’altitude à Crête 1er Village, trois agriculteurs ont décidé de franchir le pas d’une agriculture basée sur les richesses existantes et sur leur valorisation. Toutes ces plantes qui soignent n’ont pas été introduites mais poussent naturellement dans cette forêt.
Sur 4 hectares loués à un propriétaire privé, Jean-Daniel Turpin, Nicolas Choisis et Grégory Alleyron-Biron cultivent ces plantes endémiques ou indigènes selon les principes de l’agroforesterie à savoir une gestion des ressources naturelles où les arbres tiennent une place centrale. Une innovation ici et à cette échelle. Sur la parcelle, il y a des années, était cultivé du géranium. Jean-Daniel Turpin, 47 ans, lui même agriculteur de père en fils, a rapidement été convaincu et plaide pour « le naturel » d’autant que de nombreuses plantes réunionnaises ont été inscrites à la pharmacopée française. « Pas de produit » et contrairement à une culture classique sur une parcelle agricole, gérées en forêt, les plantes se développent davantage. Une fois récoltées, elles sont vendues en coopérative pour en faire des tisanes. Une activité qui n’est pas encore rentable mais l’agriculteur garde espoir.
Depuis deux ans, deux autres agriculteurs, déjà persuadés des bienfaits de l’agroécologie, l’ont rejoint sur la parcelle. Nicolas Choisis et Grégory Alleyron-Biron portent un projet de culture de plantes médicinales à laquelle ils associent la culture de « plantes endémiques, aromatiques, maraîchères et fruitières en milieu forestier ». Leurs tisanes certifiées bio et estampillées de la marque « Esprit Parc National » sont déjà commercialisées. A terme, les deux agriculteurs souhaitent diversifier leurs activités pour montrer aux pouvoirs publics notamment que l’ « on peut vivre et créer de l’emploi » , une sorte de pépinière d’activités agroforestières, explique Nicolas Choisis , 31 ans.
Le Parc National de La Réunion les accompagne dans leur projet. La parcelle se situant à proximité de l’aire protégée, les enjeux sont multiples. Ces agriculteurs participent à la lutte contre les espèces invasives comme le longose ou le raisin marron. « Si on laisse ces espaces à l’abandon, de toute façon la forêt va être colonisée par ces espèces invasives », explique Arthur Herbreteau, chargé de mission agro-environnement au Parc national. « L’intérêt de ce type de projet c’est vraiment de développer la gestion qui permet de bloquer le front de progression de ces espèces exotiques« . Par leurs activités, Jean-Daniel Turpin, Nicolas Choisis et Grégory Alleyron-Biron luttent contre l’érosion et valorisent la biodiversité.
La démarche innovante n’est pas passée inaperçue. Une caméra de l’émission « C’est pas le bout du monde », animée par Sébastien Folin, a fait le déplacement ce mercredi. Le reportage sera diffusé sur France 3 prochainement.