Ce matin, Mgr Eric de Moulins-Beaufort, président de la Conférence des évêques de France, a déclaré sur [France Info]urlblank:https://www.francetvinfo.fr/societe/religion/pedophilie-de-l-eglise/video-pedocriminalite-dans-l-eglise-le-secret-de-la-confession-est-plus-fort-que-les-lois-de-la-republique-selon-mgr-eric-de-moulins-beaufort_4796947.html que « le secret de la confession est plus fort que les lois de la République« . Et là, personne ne dit rien. Motus et bouche cousue.
Quand Mgr Aubry, apparemment fier de lui, révèle sur Linfo.re : « Une fois j’ai été amené à venir au tribunal et on m’a posé la question : est-ce que cette personne s’est confessée avec vous ? J’ai gardé le silence. Évidemment, c’est un secret professionnel d’une importance particulière. On pourrait me mettre un couteau sous la gorge, que je ne parlerais pas. Et pour les prêtres, c’est pareil. Le secret de la confession est absolu ». Personne ne s’offusque.
L’article 434-3 du code pénal indique pourtant que « le fait, pour quiconque ayant connaissance (…) d’agressions ou atteintes sexuelles infligées à un mineur de ne pas en informer les autorités judiciaires ou administratives ou de continuer à ne pas informer ces autorités tant que ces infractions n’ont pas cessé est puni de trois ans d’emprisonnement et de 45.000 euros d’amende ». Il indique également que « lorsque le défaut d’information concerne une infraction commise sur un mineur de 15 ans, les peines sont portées à cinq ans d’emprisonnement et 75.000 euros d’amende ».
330.000 enfants victimes
C’est cette impunité de l’Église, ce sentiment d’être au-dessus des lois de la République, qui a fait que plus de 3.000 membres du clergé (prêtres, religieux ou religieuses) ont abusé depuis 1950 de 216.000 enfants qui avaient en moyenne entre 10 et 11 ans au moment des faits.
Ce chiffre grimpe à 330.000 si l’on prend en compte ceux qui ont subi les actes du personnel laïc qui participe à la vie de l’institution catholique (professeurs de catéchismes, bénévoles, mouvements de jeunesse…).
Un chiffre sous-estimé
Et encore, ce chiffre est probablement sous-estimé. Un des fondateurs d’une association d’aide aux victimes révélait hier que très nombreux étaient ceux à n’avoir pas osé dénoncer les abus dont ils ont été victimes, par peur du qu’en-dira-t-on, surtout en milieu rural.
Et que dire de la complicité de l’Église ? De ces coups de fil que recevait l’évêque de la part de policiers catholiques, pour l’avertir de la perquisition prévue le lendemain par leurs collègues ? Des ordres donnés à certains employés de l’évêché de faire le ménage dans les dossiers, avant l’arrivée des policiers ? De ces prêtres pédophiles dont on était au courant de tous les faits et gestes, et qu’on a discrètement exfiltrés qui en Bretagne, qui en Afrique ? Où ils ont pu continuer à sévir en toute impunité, au point qu’au moins l’un d’entre eux au moins a fini par être arrêté et condamné…
C’est pas moi, c’est lui…
Fort de tout cela, comment pouvez-vous encore déclarer dans le JIR d’aujourd’hui, Mgr Aubry, que le rapport Sauvé, qui a révélé une partie de toutes ces turpitudes, allait au moins conduire « à une relecture des postures, de l’accueil des blessés de la vie et du soutien dont ils ont besoin pour retrouver un chemin d’espérance« . C’est tout ce que ça vous inspire ? Pas plus de compassion envers les victimes? A part un timide « pardon« , pratiquement rien… Comme si le sort de ces 330.000 enfants vous importait moins que la préservation de l’image de votre Eglise…
Comment osez-vous banaliser ces crimes ?
Comment osez-vous banaliser les crimes commis de façon industrielle par des serviteurs de votre Église, en essayant de vous abriter derrière le fait que, je vous cite, « la pédocriminalité traverse toute la société, réunionnaise et métropolitaine » ? Que « ce n’est pas d’abord une affaire d’Église » ? Je vous cite toujours : « C’est dans les familles que se commettent le plus de gestes incestueux et d’incestes« . Comme si la perversité de quelques pères excusait celle des prêtres !
Comment osez-vous dire qu’il ne vous revient pas de dénoncer ces crimes?
Comment osez-vous rajouter « Ce n’est pas en priorité à l’Église de dénoncer les abus sexuels qui pourraient être commis en son sein sur des mineurs ou majeurs. C’est à la famille ou au cercle rapproché des personnes concernées« . Que faites-vous dans ce cas de l’article 434-3 du code pénal que j’ai cité plus haut ?
Vous dormez bien la nuit, Mgr Aubry ? Vous n’êtes jamais hanté par les cris de ces enfants blessés à vie ?
Dernière question : comment se fait-il que je sois le seul à avoir été indigné par cette interview ?