La décision d’Emmanuel Macron de maintenir le premier tour des élections municipales puis de reporter le second tour à juin, voire même plus loin, a des conséquences inattendues.
Prenons l’exemple de Sainte-Suzanne. Le maire sortant, Maurice Gironcel, avait cru nécessaire pour l’emporter de renouveler en profondeur sa liste.
Rien que de très légitime à cela. C’est lui qui est le candidat et c’est à lui de choisir ceux qui vont l’accompagner pour un nouveau mandat. Quitte à ce qu’il ne reconduise pas quelques « piliers » de sa majorité.
Dans beaucoup de cas, les choses se passent bien. Ou relativement bien. Tout est question de forme. A Sainte-Suzanne, les « exclus » reprochent à Maurice Gironcel la manière dont les choses se sont passées : une annonce faite dans son bureau, à la va-vite, la veille au soir du dépôt des listes. Un grand classique. La plupart des têtes de listes agissent ainsi pour éviter de voir les « exclus » avoir le temps d’aller négocier une place sur la liste d’en face.
Sauf que le report du second tour à cause du coronavirus est venu modifier en profondeur la donne.
En obligeant le gouvernement à repousser le second tour des municipales, l’épidémie a eu pour conséquence le maintien des anciens élus à leurs postes, jusqu’aux nouvelles élections.
Et comme à Sainte-Suzanne, le coup de balai avait été particulièrement important, ces « exclus » en additionnant leurs voix à celles de l’opposition, font que Maurice Gironcel n’est plus majoritaire au sein de son conseil municipal.
La situation ne devrait encore durer que quelques semaines, ou quelques mois, jusqu’aux prochaines élections, mais elle est actuellement très embarrassante pour le maire sortant.
Guy Martin, le meneur de la fronde, assure n’avoir aucun esprit de vengeance. Mais il considère être encore élu et tient à ce titre à exercer ses fonctions jusqu’au bout. C’est ainsi qu’en tant que vice-président de la CINOR, il s’est récemment encore rendu au siège de l’intercommunalité, à la demande de Gérald Maillot, signer des parapheurs.
Et à la mairie de Sainte-Suzanne, il reproche au maire Maurice Gironcel de ne plus tenir au courant les « exclus » de l’action de la municipalité. Comment vont être accueillis les enfants pour la prochaine rentrée? Comment va s’organiser le service de restauration scolaire? Comment va se passer le transport des élèves? Autant de questions auxquelles ils aimeraient obtenir des réponses.
Prenant acte d’un récent arrêté gouvernemental ramenant à 1/5ème au lieu d’1/3 le nombre d’élus nécessaires pour obliger un maire à convoquer un conseil municipal, ils ont pris contact avec les élus de l’opposition pour franchir ce seuil.
Plusieurs élus de la majorité se sont déclarés solidaires mais seuls trois ont signé la demande. Additionnés avec les signatures dzq groupe de Daniel Alamelou et d’Aline Murin-Hoarau, ils ont largement dépassé le seuil des 1/5ème.
En réponse, Maurice Gironcel a annoncé la prochaine convocation d’un conseil municipal virtuel en audio-conférence.
Une proposition qui ne satisfait pas les frondeurs. Ils souhaitent un vrai conseil municipal, où l’on respecterait les mesures barrière, comme d’autres communes l’ont fait, à l’Entre-Deux ou Petite Ile pour ne citer que ces deux-là.
La balle est maintenant dans le camp de Maurice Gironcel…