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Pierrot Dupuy – Vague rouge et rose sur La Réunion, bérézina historique pour la Droite

La vie politique est un éternel balancier. Les dernières élections avaient été marquées par une nette victoire de la Droite au travers de la fameuse "plateforme". Ces élections municipales de 2020 vont très certainement marquer un tournant avec un retour en force de la Gauche qui conforte ses positions dans ses bastions traditionnels (Saint-Denis, Le Port,…) mais qui surtout rafle quelques belles prises (Saint-Paul, Saint-André…). Ces élections sont d’autant plus importantes qu’elles donnent le coup d’envoi d’une série de scrutins encore plus importants pour l’avenir de La Réunion : les départementales et les régionales, qui se dérouleront l’an prochain. D’ores et déjà, le siège de Cyrille Melchior à la tête du Département est quasiment perdu après la victoire d’Huguette Bello à Saint-Paul et celle de Joe Bédier à Saint-André. Quant à Didier Robert à la Région. Il n’a une -petite- chance de conserver le sien que si ce qui reste de la Droite parvient à faire l’union, si Didier Robert et Michel Fontaine -qui se positionne en nouvel homme fort- parviennent à faire taire leurs rancoeurs. Pour le moment, ce n’est pas gagné... Enfin, autre leçon à tirer de ces élections, l’arrivée de nombreuses nouvelles têtes, dont trois femmes : Ericka Bareigts à Saint-Denis, Huguette Bello à Saint-Paul et Juliana M’Doihma à Saint-Louis. Vanessa Miranville se sentira moins seule. Nous passerons sur les victoires attendues d'André Thien Ah Koon au Tampon ou de Vanessa Miranville à La Possession ou encore de Maurice Gironcel, pour nous concentrer sur les communes qui ont connu de véritables surprises.

Ecrit par zinfos974 – le dimanche 28 juin 2020 à 22H32

Pierrot Dupuy – Vague rouge et rose sur La Réunion, bérézina historique pour la DroiteNette victoire d’Ericka Bareigts qui prend la suite de Gilbert Annette

A tout seigneur tout honneur. Nous commençons par Saint-Denis parce qu’il s’agit de la plus grosse commune de La Réunion, mais aussi parce qu’on y assistait à un duel de titans : d’un côté l’ancienne ministre et toujours députée Ericka Bareigts et de l’autre l’ancien député et sénateur et actuel président de la Région Didier Robert.

Sur le papier, Ericka Bareigts aurait normalement dû faire un triomphe. Avec ses 43% des suffrages remportés dès le premier tour, elle était sur une voie royale. D’autant plus qu’elle avait récupéré en cours de route les 13% de Nassimah Dindar.

Didier Robert partait de loin avec seulement 25% des suffrages. Il fait donc un spectaculaire bond en avant en obtenant au final un peu plus de 41% des voix, alors même qu’il n’a enregistré aucun ralliement officiel entre les deux tours.

Cela s’explique sans doute par de nombreux électeurs de Droite et du Centre de Nassimah Dindar qui n’ont pas digéré son ralliement à la socialiste Ericka Bareigts.

Ce gain de 16% n’a cependant pas été suffisant et la défaite du président de Région est lourde au final, sa première depuis ses débuts en politique.

Il sera toujours temps de s’interroger dans les jours qui viennent sur les raisons de ce revers : campagne démarrée trop tard, alors que le duo Annette/Bareigts arpentait le terrain depuis au moins un an ? Image ternie par les retards et les polémiques autour de la NRL ? Bilan à la Région pas assez bien perçu par la population ? Une chose est sûre : cette première défaite de Didier Robert le fragilise dans la perspective des prochaines régionales qui devraient se tenir dans moins d’un an. A moins que le président Macron ne décide de les reporter au lendemain de la présidentielle en 2022.

On pourra tout autant s’interroger sur le fait de savoir si c’est la trahison de Nassimah Dindar qui a permis la victoire d’Ericka Bareigts ou si, comme une girouette qui sent le vent, Nassimah Dindar a simplement choisi d’aller au secours de la victoire…
 

 

Saint-Paul : Une victoire prévisible d’Huguette Bello

Cela fait un moment que les observateurs politiques saint-paulois faisaient remonter l’information que la mayonnaise de l’union Bénard/Sinimalé/Nativel ne prenait pas.

Les militants de Joseph Sinimalé ne comprenaient pas pourquoi le maire sortant, qui était arrivé largement en tête, avait pu accepter de céder la tête de liste à Alain Bénard. Du coup, ils avaient fait campagne pour ce second tour en trainant les pieds. Le résultat est dans les urnes.

L’histoire retiendra la responsabilité d’Alain Bénard qui avait refusé de se retirer et exigé la tête de liste. Devant le risque d’une triangulaire qui aurait offert la commune à Huguette Bello sur un plateau, Joseph Sinimalé a accepté de se mettre en retrait. Ca n’a malheureusement pas été suffisant pour la Droite et Huguette Bello fait un triomphe avec 62% des suffrages.

On ne saura jamais si la Droite aurait pu conserver la capitale de l’Ouest si Alain Bénard avait accepté de se ranger derrière Joseph Sinimalé comme l’auraient voulu les règles du désistement républicain. Il a tenté un coup de poker. Il l’a perdu. Il porte une lourde responsabilité et pourra maintenant retourner tranquillement à sa retraite d’enseignant.

Huguette Bello de son côté réussit un retour triomphal. Et conforte la position de son parti, le PLR, sur l’échiquier réunionnais, avec la victoire dès le premier tour d’Olivier Hoarau au Port.

Lequel maire du Port que l’on présente comme la future tête de liste de la Gauche aux Régionales.

 

Une petite voix d’avance pour Jean-Claude Lacouture à l’Etang-Salé : Vers de nouvelles élections

Nous avons gardé le meilleur pour la fin.

Qui aurait dit que Jean-Claude Lacouture n’aurait conservé son siège que pour une minuscule petite voix. Et encore… Il n’est pas sûr qu’il reste maire car, même si un recomptage ce soir a confirmé l’écart d’une voix, il reviendra aux services de la préfecture, dans les jours qui viennent, de passer en revue l’ensemble des votes pour chercher la moindre rature sur un bulletin qui aurait du entrainer son annulation.

En fonction de ces recherches, il est fort possible que le résultat soit inversé.

Quoi qu’il en soit, iquel que soit celui qui sera au final désigné maire, il y a fort à parier que le perdant intentera un recours qui aura de fortes chances d’être retenu, vu l’écart entre les deux listes.

On peut donc s’attendre à de nouvelles élections très prochainement à l’Etang-Salé…

 

Sainte-Marie : Richard Nirlo l’emporte facilement devant Gérald Maillot, la présidence de la CINOR en ligne de mire

Gérald Maillot doit amèrement regretter d’avoir quitté son fief dionysien de La Bretagne pour aller tenter sa chance à Sainte-Marie. S’il était resté auprès d’Ericka Bareigts, il serait aujourd’hui encore adjoint au maire et aurait pu espérer rester président de la CINOR.

Il a joué et lui aussi a perdu. Il se retrouve ce soir avec juste un mandat de conseiller municipal d’opposition et un autre de conseiller départemental. Le changement de statut va être sévère.

Il pensait que le retrait de Jean-Louis Lagourgue allait lui laisser un boulevard. C’était compter sans l’implication du sénateur auprès de Richard Nirlo. Il se dit que l’ancien maire et son fils Rémy ont mené une campagne tambours battants dans la dernière ligne droite. La victoire de ce soir est sans doute un peu aussi la leur.

Autre leçon : les Saint-Mariens n’aiment pas les parachutés.

Quand à Gilbert Annette et Ericka Bareigts, ils ratent leur main mise sur la CINOR. Une victoire de Gérald Maillot leur aurait permis de régner sans partage sur la communauté d’agglomération. Avec cette défaite, Saint-Denis se retrouve dans la même situation que lors du dernier mandat : la commune ne pèse que pour moitié dans le nombre total d’élus. Nul doute que chaque camp doit être en train de compter et recompter les sièges obtenus par chaque liste dans chacune des trois communes. Il faut ajouter les élus communautaires de Saint-Denis à caux de l’opposition à Sainte-Marie et Sainte-Suzanne, tandis que les autres doivent faire la même opération en sens inverse.

Au final, l’élection du futur président de la CINOR se jouera à quelques voix près. Une élection de Richard Nirlo ou de Maurice Gironcel à la tête de la communauté d’agglomération du Nord pourrait mettre de sérieux bâtons dans les roues de la future maire de Saint-Denis car aujourd’hui, les plus grosses compétences et les plus gros budgets se trouvent dans les communautés d’agglomération.
 

 

Bras Panon : Jeannick Atchapa pousse Daniel Gonthier vers la sortie

Bras Panon n’est pas une grosse commune mais elle mérite de figurer dans le haut de ce tour d’horizon de par la personnalité de Daniel Gonthier, qui vient d’être battu à plate couture par un nouveau venu en politique qui, pour un coup d’essai, réussit un coup de maitre. Vice-président du Département, président du Parc national des Hauts… Depuis sa défaite d’un fil face à Jean-Hugues Ratenon aux législatives, Daniel Gonthier poursuit sa descente aux enfers. Et on voit mal comment il pourra conserver dans un an son siège de conseiller départemental.

Un peu comme Jean-Paul Virapoullé à Saint-André, on assimilait totalement Bras Panon à Daniel Gonthier. On devra maintenant s’habituer au nouveau visage de Jeannick Atchapa.

Quant à Jean-Hugues Ratenon, le retour aux réalités doit être difficile. Il pensait que le siège de maire lui était promis, à la suite de sa victoire aux législatives. L’atterrissage est brutal.
 

 

Saint-André : La fin de la dynastie Virapoullé

C’est l’une des énormes surprises de ce scrutin. Alors que Jean-Marie Virapoullé avait tourné assez largement en tête du premier tour avec une avance de 15 points sur son poursuivant, Joe Bédier a effectué une spectaculaire remontée entre les deux tours, au point de venir coiffer sur le poteau le fils du maire sortant.

Cela fait 38 ans, depuis 1972, que les Virapoullé règnaient sans partage sur la commune, avec juste une parenthèse de 6 ans pour Eric Fruteau. Triste fin pour l’une des personnalités qui aura le plus marqué la scène politique réunionnaise depuis plusieurs décennies.

Demain matin, les Saint-Andréennes et les Saint-Andréens se réveilleront en se demandant s’ils n’ont pas rêvé. Si c’est vrai que ce n’est plus un Virapoullé qui dirigera leur commune.

Reste à savoir quelle politique appliquera maintenant Joe Bédier. Que va devenir le projet de port initié par l’ancien maire ? Avec les créations d’emplois qu’il promettait à la clé..

L’avenir de la commune est une immense page blanche. Il appartiendra maintenant à Joe Bédier de la remplir.
 

 

Saint-Benoit : La surprise Patrice Selly et la mayonnaise Dalleau qui n’a pas pris

Le siège de maire était vacant depuis le retrait de la vie politique de Jean-Claude Fruteau. Qui allait le récupérer?

Les résultats du premier tour étaient assez serrés et on pouvait difficilement prévoir le résultat à la suite de la fusion de la liste divers Droite de Patrick Dalleau (15,6%) avec celle du socialiste Philippe Leconstant (14,8%) et Valérie Payet-Gangnant (12%).

Sur le papier, la liste Dalleau aurait pu l’emporter. Il semblerait cependant que la mayonnaise entre un candidat de Droite et un autre du PS, là aussi, n’ait pas pris et c’est l’avocat Patrice Selly, arrivé en tête du premier tour avec seulement un peu plus de 22% des suffrages, qui l’emporte assez largement avec 43% des suffrages, devant Sabrina Ramin (30,60%) et « seulement » 26,3% pour Patrick Dalleau.

La tache qui attend Patrice Selly est immense. Cela fait des années que la capitale de l’Est se meurt, Jean-Claude Fruteau ayant sans doute fait un mandat de trop. Le centre-ville dépérit et on avait l’impression que l’équipe en place se contentait de gérer les affaires courantes.

Espérons que le nouveau maire saura redonner à Saint-Benoit son lustre d’antan. Ses habitants placent manifestement beaucoup d’espoir en lui.
 

 

Ca y est ! Il y est enfin parvenu ! Depuis le temps qu’il se bat, Eric Ferrère réussit enfin à occuper le fauteuil de maire des Avirons.

Roseline Lucas, qui était la candidate de l’ancien maire aujourd’hui sénateur Michel Dennemont, n’aura pas réussi à reprendre le flambeau, malgré le renfort de dernière minute de Paul Fort.

Cette victoire, qui est aussi une demi-surprise, vient couronner un long travail de terrain. Eric Ferrère ne s’est jamais découragé. Il a toujours cru en son étoile et il est enfin récompensé de son acharnement.

 

Saint-Louis : Juliana M’Doihoma dame le pion aux deux CH

Si la victoire de Juliana M’Doihoma est incontestablement une surprise, elle était cependant largement annoncée après son très bon score du premier tour.

Alors qu’il y a encore 6 mois de cela, on s’interrogeait sur lequel des deux CH, Claude Hoarau ou Cyrille Hamilcaro, allait l’emporter, personne n’a vu arriver cette jeune femme qui a fait Sciences Po, est conseillère régionale sur la liste de Didier Robert et directrice de Cabinet du président de l’université.

Elle a habilement su profiter du rejet de la population envers les deux anciens maires et de l’envie de renouveau des Saint-Louisiens.

Là aussi, une page se tourne. Nul doute que Claude Hoarau, vu son âge, va prendre une retraite méritée. Lui qui rêvait de léguer la commune, comme un bien de fond, à son fils, c’est raté. Quant à Cyrille Hamilcaro, dans un commentaire énigmatique sur Facebook il laisse entendre qu’il pourrait arrêter la politique pour se consacrer à sa famille et à ses activités professionnelles.

Sans opposition, Juliana M’Doihoma aura un peu plus les mains libres pour s’adonner au redressement de sa commune. Et Dieu seul sait si elle en aura besoin, tellement la situation est catastrophique.

Nous lui souhaitons bon courage.
 

 

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