Nous l’appellerons M. X.
M. X donc, est directeur d’un service charnière de l’université. Nous n’en dirons pas plus pour le moment.
Régulièrement, l’université renouvelle une partie de son parc automobile. Tous les services sont logés à la même enseigne et sont dotés de véhicules de milieu de gamme de type Toyota Yaris, achetés au travers d’appels d’offres, le dernier ayant été remporté par Toyota. Même le président n’y échappe pas et roulait en Toyota Prius.
Ces véhicules ne sont pas des voitures de fonction. Ils doivent normalement n’être utilisés que pour les besoins du service et donc rester à l’université le soir. Seul le président possède une voiture de fonction. Et bien évidemment les voitures de service ne doivent pas servir à promener la famille le week-end.
Tout le monde est logé à la même enseigne, ai-je dit. Tout le monde sauf un, ce fameux directeur de service qui est le seul à l’université à bénéficier d’une Peugeot 508 dernier cri, avec une multitude d’options.
Comme il était tout sauf discret, cette fameuse voiture a bien évidemment fini par attirer l’attention, et la convoitise, des autres cadres qui se demandaient pourquoi une telle préférence.
Comme l’université est un microcosme et que tout finit par se savoir, ses collègues découvrent que ce fameux véhicule n’a pas été acheté dans le cadre d’un appel d’offres comme tous les autres véhicules mais sur simple devis, ce qui constitue une violation des règles d’achat de la fonction publique puisqu’au delà de 25.000€, une mise en concurrence est obligatoire.
Problème : une telle démarche est impossible sans l’aval du président. Comment et surtout pourquoi Frédéric Miranville a-t-il pu accepter une telle entorse aux règles des marchés publics ? C’est là que l’on sort du domaine du vérifiable pour entrer dans celui du la di la fé. Certains évoquent un possible chantage. Ils évoquent des détails… amusants. Mais comme nous n’en avons pas la preuve, nous ne donnerons pas de détails.
Il n’en demeure pas moins qu’il reste un fait qui lui n’est pas contestable : un simple directeur bénéficie d’un véhicule de service qui vaut pas loin du double des autres véhicules. Qui plus est, il l’a de son propre chef transformé en véhicule de fonction, s’en servant pour rentrer le soir chez lui et promener sa famille le week-end, le tout aux frais de l’université. Et cela au vu et au su de tout le monde, y compris du président Miranville.
Quelle relation y-a-t-il donc entre M. X et Frédéric Miranville pour que ce dernier accepte cette situation sans broncher ?
La voiture finit par être retirée à M. X
L’affaire aurait pu en rester là mais M. X en veut toujours plus et se met à réclamer des primes et des promotions auxquelles il n’a bien évidemment pas droit.
Le problème prend une toute autre ampleur quand les agents travaillant dans son service interpellent à plusieurs reprises le président pour avoir des explications sur la fameuse 508, mais surtout pour se plaindre du comportement de leur chef de service qui agit comme un véritable dictateur. Sans réaction de la part de Frédéric Miranville.
En désespoir de cause, ils finissent par alerter les syndicats. Une grève est même évoquée. Devant la fronde, Frédéric Miranville est obligé de céder. Il retire à M. X sa responsabilité de directeur de service et lui reprend également au passage la fameuse Peugeot 508 qu’il récupère à son profit.
L’université, une affaire de famille
Du temps de son intimité avec le président, il en a profité pour placer plusieurs de ses proches à des postes clés. Sa femme occupe une autre direction stratégique, son frère est dans sa direction.
Sans parler de ses deux fils eux aussi employés de l’université. Quant à une de ses proches, voire même très proche à ce qu’on dit, elle occupe un poste dans un autre service stratégique, tout comme la cousine de cette dernière.
Ce n’est plus une université, c’est une affaire de famille pour M. X !
Prêt à tout pour garder son poste de président
Et voilà qu’arrive en plus cette affaire de M. X. Soit il cède aux pressions des employés du service et des syndicats et il risque d’être éclaboussé. Soit il l’étouffe et il devient le complice d’une violation du code des marchés publics aux côtés d’un fonctionnaire corrompu. Ce qui pourrait l’amener à se retrouver un jour sur les bancs du tribunal correctionnel, si d’aventure il perdait les élections et que celle qui le remplacera se décidait à porter plainte.
On comprend qu’il soit prêt à tout pour garder son poste de président.