Ces événements ont longtemps marqué les esprits réunionnais et expliquent en partie la méfiance qui s’est instaurée entre les deux îles pourtant si proches. Mais il faut savoir que les Réunionnais n’ont pas été les seules victimes. De nombreux Français ont dû abandonner tous leurs biens au lendemain de l’indépendance de la Grande Île. Et certains n’ont pas renoncé à se faire indemniser 50 ans après.
Le 29 juillet 2003, fait peu connu des Réunionnais, les gouvernements français et malgaches ont signé un accord sur l’aménagement et la protection réciproque des investissements qui prévoit qu’ils assurent un traitement juste et équitable aux investissements des nationaux et sociétés sur leurs territoires. Et en préambule de cet accord, il est écrit que « Les avoirs concernés par le présent accord doivent être ou avoir été investis conformément à la législation et réglementation de la partie contractante sur le territoire dans lequel l’investissement est effectué, avant ou après l’entrée en vigueur du présent accord ».
C’est fort de ce « avant ou après l’entrée en vigueur du présent accord » que Bernard Touzet, un Français dont la famille était implantée depuis les années 50 à Madagascar, a justifié ses demandes de paiement de créances datant de 1984 que sa Société Touzet International Madagascar détient sur l’état malgache et que ce dernier n’a jamais payées !
Les sommes en jeu sont colossales : près de 18,5 millions d’euros, valeur 1984. Avec les intérêts moratoires, il y en aurait pour près de 800 millions !!!
Touzet International Madagascar était installée depuis 1952 à Madagascar et avait été adjudicataire de nombreux marchés de travaux publics comme les travaux d’aménagement des aérodromes d’Ivato (Tananarive) de Mahajunga, d’Arivonimamo, Diego Suarez et Nossy Be.
La Société TIM a également réalisé de grands chantiers routiers tels que la Nationale 7, la Nationale desservant les rizières au Lac Alaotra financés par le Fonds Européens de Développement, l’Avenue de l’Indépendance à Tananarivo et de nombreux escaliers.
Suite aux différents accords de rééchelonnement de sa dette, l’état malgache a procédé à des remboursements en faveur de la COFACE (une compagnie d’assurance qui garantit les investissements à l’international) qui répartissait ensuite les sommes perçues entre les différents bénéficiaires. Ce qui fait dire à l’avocat de M. Touzet que ces versements constituent la reconnaissance par l’état malgache de la réalité des travaux effectués par son client, et donc du bien-fondé de ses créances.
Toutefois, un certain nombre de travaux réalisés par TIM n’avaient pas été pris en compte dans les indemnisations et les accords de rééchelonnement.
Ce sont ces créances qu’elle réclame aujourd’hui et dont il demande le paiement sachant que Bernard Touzet a toujours indiqué vouloir réinvestir les créances dues à sa société à Madagascar, souhaitant vivement continuer à contribuer à son développement.
Bernard Touzet était intervenu dès 1984 auprès du Président Mitterand et auprès de ses successeurs pour voir régler ce différend. Ces derniers sont à chaque fois intervenus auprès de l’État malgache… en vain !
Il réitère la même démarche aujourd’hui auprès du président Macron et lui demande d’organiser une rencontre avec les autorités malgaches, sous l’égide de la France, de façon à enfin trouver une issue à ce litige vieux de près de 40 ans.