Albert* a 60 ans. Médecin dans le Sud, il est parti jeudi soir en métropole pour assister à un congrès de médecins.
Arrivé vendredi matin à Paris, il apprend que le congrès est annulé.
Ne souhaitant pas rester plus longtemps en métropole, il cherche à rentrer au plus vite. Il ne trouve pas de billet avant dimanche soir sur Air France.
Aucun contrôle à Roissy et à Gillot
Il est un peu étonné de ne subir aucun contrôle lors de l’embarquement à Roissy.
Il raconte son vol à son ex-femme qu’on va appeler Sophie*. « J’étais le seul à porter un masque chirurgical dans l’avion. Ca toussait de partout. Les gens ne faisaient pas attention. A un moment, j’ai dû repousser deux personnes qui s’approchaient trop près de moi alors que je me trouvais à l’arrière de l’avion« .
Il arrive lundi matin à Gillot. Là aussi, aucun contrôle. Tout juste un flyer lui recommandant de rester en quatorzaine chez lui.
Il rentre chez lui où il retrouve ses deux fils. En professionnel de santé, il essaie de se tenir à distance d’eux, afin d’éviter de les contaminer.
« Je pense avoir attrapé le COVID-19 »
Sophie* l’appelle lundi matin pour prendre de ses nouvelles. Lucide, il est médecin, il lui dit qu’il pense avoir attrapé le COVID-19.
Comme son état de santé ne s’améliore pas, il finit par appeler le 15 mercredi. On lui recommande juste de rester confiné chez lui et de rappeler s’il a des symptômes.
Finalement, le médecin opérateur du SAMU le rappelle vendredi matin et Albert* lui explique qu’il ne se sent pas bien, qu’il a de la fièvre et d’énormes courbatures, comme si on lui brisait les os. Mais bizarrement pratiquement pas de toux.
Le médecin lui demande alors de venir à Saint-Denis pour se faire dépister.
Albert* refuse, et explique que ça lui est impossible, qu’il se sent trop faible pour conduire. Le médecin lui demande de se faire conduire par son ex-femme ou son fils en s’asseyant à l’arrière de la voiture et en prenant la précaution de laisser les vitres du véhicule ouvertes.
Menaces d’envoyer les forces de l’ordre
Nouveau refus d’Albert* qui explique qu’il est hors de question pour lui de contaminer ses proches et que s’ils veulent le dépister, ils n’ont qu’à se déplacer. Le médecin du SAMU s’énerve et menace de lui envoyer les forces de l’ordre. « Pas de souci« , répond Albert*, avant de raccrocher.
Le médecin rappelle dans l’après-midi et annonce qu’il a trouvé une solution : une équipe de l’ARS va venir de Saint-Denis pour effectuer le prélèvement à son domicile.
Résultats positifs
Et effectivement, Albert* voit une infirmière débarquer chez lui l’après-midi (on est vendredi). Le prélèvement dure 15 secondes et on lui promet les résultats sous 24 ou 48 heures.
On n’effectue aucun prélèvement sur ses deux enfants.
Cet après-midi, samedi donc, Sophie* reçoit un texto d’Albert* : « Résultats positifs« .
Il n’y a pas de petites économies
Une ambulance passe le récupérer pour le ramener au CHU de Bellepierre.
Surprise d’Albert* : L’ambulance va en fait faire du covoiturage et s’arrêter pour récupérer un deuxième patient. Il n’y a pas de petites économies.
Ce deuxième patient tousse beaucoup et Albert* se fait la réflexion que ça ne va pas améliorer son cas.
Ce soir, Sophie* reçoit un dernier texto : « Ils m’hospitalisent juste pour me confiner. Et pendant ce temps-là, ils laissent l’aéroport ouvert« .
* Prénoms d’emprunt