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Pierrot Dupuy – Un bilan en demi-teinte pour Frédéric Miranville à la présidence de l’université

Toute l’attention des médias est focalisée sur le 2ème tour des législatives qui doit se dérouler dimanche dans la 2ème circonscription (La Possession, Le Port, Saint-Paul). Une autre élection doit pourtant se dérouler cette fin de semaine, jeudi et vendredi très précisément, celle devant aboutir à la désignation du président de l’université. Si les enjeux sont moindres -encore que- les méthodes diffèrent très peu. On y retrouve les mêmes coups-bas, les mêmes pressions sur les votants et les mêmes tentatives de manipulation des scrutins. A tel point que certains n’hésitent pas à parler de fraude.

Ecrit par zinfos974 – le mercredi 23 septembre 2020 à 16H08

Précisons d’abord que cette élection se jouera en deux temps. Les étudiants voteront demain jeudi, puis les enseignants et les personnels administratifs le lendemain. Une semaine plus tard, les candidats élus lors de ce scrutin se réuniront en compagnie des représentants de la Région et du Département, et de personnes qualifiées pour élire le président.

Deux listes sont en lice pour ce scrutin. D’un côté, on retrouve le président sortant, Frédéric Miranville, qui va tenter de retrouver son fauteuil. De l’autre, Brigitte Grondin Perez, la doyenne de la faculté de Sciences.

Élu alors qu’il n’avait obtenu que deux voix

Frédéric Miranville arrive affaibli à cette élection. Rappelons déjà qu’il avait difficilement été élu il y a 4 ans. Arrivé en troisième position avec seulement 2 voix sur les 36 votants, il n’avait réussi à se faire élire qu’en faisant alliance avec la liste de Gilles Lajoie, pourtant crédité d’un bien meilleur score que le sien.

Cette faiblesse originelle l’a lourdement handicapé durant tout son mandat. Difficile de diriger une collectivité aussi lourde et complexe qu’une université quand on n’a réussi à réunir que deux voix sur son nom.

Frédéric Miranville met en avant, pour glorifier son mandat, l’augmentation régulière du nombre d’étudiants. Il n’y a pourtant là rien de glorieux. Ce n’est que la juste conséquence de l’augmentation du nombre de bacheliers.

Par contre, pas un mot sur la mauvaise réputation de l’université de La Réunion. Comment expliquer que des milliers de bacheliers préfèrent partir en métropole ou à l’étranger pour continuer leurs études, malgré le coût faramineux pour leurs parents ? Comment expliquer que de grandes écoles françaises aient préféré aller s’installer à Maurice plutôt qu’à La Réunion ?

Pour se maintenir au pouvoir quand on est ultra-minoritaire comme Frédéric Miranville, on est contraint en permanence à des compromis. Certains parleront même de compromissions.

C’est d’ailleurs un des reproches qui lui est fait par ses opposants.

Une cogestion avec l’UNEF

Par exemple, Frédéric Miranville s’est fortement rapproché -le terme est léger- de l’UNEF, le syndicat réputé de Gauche majoritaire chez les étudiants et de sa présidente Samantha Pothin. Faut dire que l’UNEF avait pesé quatre voix au moment du dernier vote pour la présidence, il y a quatre ans… Ceci explique sans doute cela. Mais ce rapprochement a abouti selon ces mêmes détracteurs à une sorte de cogestion de l’université par les étudiants, ce qui déplaît fortement à nombre d’enseignants.

Par exemple, lorsqu’il s’est agi de mettre au point les modalités de l’examen de fin d’année, en août dernier, à la suite des bouleversements liés à la crise COVID, les enseignants n’ont presque pas eu droit à la parole. Tout s’est réglé entre Frédéric Miranville et Samantha Pothin. Autant dire que ces conditions ont été très favorables aux étudiants, au point qu’il fallait vraiment être un âne bâté pour ne pas avoir son diplôme cette année…

Autre exemple : le président a confié à l’UNEF le soin de distribuer les masques gratuits et le gel hydroalcoolique à l’ensemble des étudiants. Lesquels syndicalistes de l’UNEF qui n’hésitent pas bien évidemment à faire campagne en distribuant les précieux cadeaux. Là aussi, les opposants n’hésitent pas à parler d’achat de voix…

De nombreuses plaintes pour harcèlement sexuel et moral

Autre reproche fait au président sortant : son caractère un peu… caractériel, surtout avec les femmes. On ne compte plus les plaintes d’étudiantes ou de personnels administratifs, que ce soit pour harcèlement sexuel ou moral. Soit contre le président ou des cadres administratifs pour la partie harcèlement moral, soit contre des professeurs quand il s’agit d’étudiantes et de harcèlement sexuel. Et les personnes concernées regrettent le manque de soutien de la part de ceux dont elles étaient légitimement en droit de l’attendre, au premier rang desquels le président.

Dernier exemple en date, celui de ce professeur d’Anglais, accusé de harcèlement sexuel et [dont nous avons parlé sur Zinfos]urlblank:https://www.zinfos974.com/Universite-de-La-Reunion-Harcelee-sexuellement-par-son-prof-d-anglais-elle-temoigne_a157755.html . Aurélie (prénom d’emprunt) accuse son professeur de l’avoir embrassée de force, de l’avoir harcelée par textos et même de l’avoir notée présente à un examen, alors qu’elle ne pouvait y assister. En espérant sans doute être récompensé ensuite comme il fallait.

Aurélie a connu une grave dépression suite à ces incidents. Au point dans une vidéo de menacer de venir se suicider sur le campus de l’université, pour protester contre l’absence de sanctions contre son harceleur. Et bien sûr, elle a raté son année universitaire.

Elle a certes été entendue par le pôle Egalité, une commission spécialisée censée l’aider mais elle a quitté la séance avant la fin, convaincue que ses membres étaient là juste pour l’écouter, dire que le travail avait été fait, mais que tout cela ne déboucherait sur rien de concret. « Tout le monde savait, nous confie Aurélie. Et tout le monde sait encore qu’il y a des professeurs qui monnaient les faveurs sexuelles d’étudiantes en échange de bonnes notes à l’examen. Ou par exemple de piston pour un voyage Erasmus. Ça n’étonne personne le nombre de professeurs qui vivent avec des étudiantes ou d’anciennes étudiantes? Personne ne se pose de questions? Les noms de ces professeurs sont connus. Mais tout le monde ferme les yeux. Ils se couvrent les uns les autres« , nous avoue-t-elle.

Une preuve s’il en fallait une : normalement, le président d’université a obligation de signaler au procureur la moindre plainte pour harcèlement, que ce soit sexuel ou moral. Jusqu’à aujourd’hui, selon les personnes que nous avons interrogées, aucune plainte n’a été portée contre ce professeur d’Anglais. Il faut dire qu’il s’agit d’un des soutiens du président…

L’UNEF chargée de distribuer les masques gratuits à la veille des élections

Nous l’avons dit, les pratiques à l’occasion de cette élection universitaire n’ont rien à envier à celles que l’on rencontre habituellement en politique : pressions sur le personnel, sur les enseignants. Et petits arrangements avec les listes électorales.

Dernier exemple en date : le président sait que les étudiants en Santé, et notamment ceux de Médecine qui étudient sur le campus de Saint-Pierre, ont l’intention de voter pour la FER (Fédération des Etudiants de La Réunion), l’autre liste d’étudiants, opposée à l’UNEF proche du président. Que pensez-vous que fit Frédéric Miranville? Au nom de la crise Covid -la Covid a bon dos- [il a décidé de les empêcher de voter dans le Sud]urlblank:https://www.zinfos974.com/Elections-universitaires-Des-etudiants-du-sud-devront-aller-voter-dans-le-nord_a160356.html et d’obliger les étudiants Santé (2.334 quand même !) à venir voter à Saint-Denis. Alors même qu’il a maintenu un bureau de vote à Saint-Pierre pour une autre catégorie d’étudiants. Comprenne qui pourra. Pourquoi la Covid n’est-elle pas dangereuse pour les étudiants de l’IUT et de SHE (Sciences Humaines et Environnementales) et le serait pour les étudiants en médecine ??? Par contre, il s’agit là d’un excellent moyen pour empêcher ceux qui n’ont pas de voiture ou qui seront en cours, de voter.

Nous sommes submergés d’appels d’étudiants qui entendent protester contre ce « déni de démocratie« , cette « mascarade de vote« .

De la même façon, le président a ouvert un bureau de retrait de procurations à Montpellier, qui n’existait pas jusqu’à maintenant, car il a peur de ne pas obtenir la majorité dans le collège A, celui des professeurs.

Enfin, comment ne pas s’étonner de plusieurs doublons sur les listes électorales. Un rapide survol par un de nos informateurs particulièrement au fait des coulisses de l’université, a d’ores et déjà permis d’en repérer plusieurs, dont deux dans le collège employés administratifs concernant comme par hasard des proches du président. Les mêmes noms, mais avec des prénoms différents… Des proches de ces personnes auraient-elles été récemment embauchées à l’université? Ou s’agit-il d’une « erreur »? Contactée, l’administration de l’université a répondu que seules les personnes concernées par l’erreur peuvent demander une rectification…

 

 

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