Monsieur le Préfet, bonjour.
Il m'a été rapporté que vous n'aviez pas apprécié la façon dont je vous avais interpellé à la veille du réveillon du 31 décembre quand je vous avais lancé : "Vous vous foutez de la gueule de qui, Monsieur le Préfet ". Je peux comprendre. Vous ne devez pas être habitué à ce qu'on vous parle de la sorte. N'y voyez aucun manque de respect. Il y a juste qu'à certains moment, il est important de dire ce qui doit être dit doit être dit. Et le style direct est souvent celui qui porte le plus. Même si ça ne plait pas toujours.
je vais malgré tout tenter de modérer mes propos aujourd'hui. Quelle que soit la façon dont je le dirai, il n'en demeure pas moins que j'ai du mal à comprendre certaines décisions que vous prenez. Je suis peut-être moins intelligent que vous -sûrement, même- mais il parait que si on m'explique longuement, je finis par comprendre.
J'aimerais donc que vous m'expliquiez, longuement si nécessaire.
Vous avez pris la décision, à moins que ça ne vous ait été imposé par Paris, de restreindre les modes de circulation dans le sens Réunion/Métropole et Réunion/Mayotte. A partir d'aujourd'hui, un test négatif dépistage virologique de type RT-PCR est exigé pour les voyageurs en partance pour la métropole. De même, en plus du test négatif, "un motif impérieux devient obligatoire pour les déplacements entre La Réunion et Mayotte et entre Mayotte et La Réunion. Le motif impérieux doit être d’ordre personnel, familial, de santé ou professionnel".
Très bien.
A vous écouter, toutes ces nouvelles mesures se justifient par la menace que ferait courir l'introduction en métropole depuis notre ile de la mutation sud-africaine, un variant 40 à 70% plus contagieux Ce qui signifie plus de contaminés, une saturation des capacités de nos hôpitaux... et plus de morts.
Et c'est là que je ne comprends plus...
Selon un excellent article du Journal du Dimanche de ce jour, qui résume bien la situation à Mayotte ("Sur les traces du variant sud-africain qui pourrait remettre en cause l'efficacité du vaccin "), ce variant sud-africain serait indétectable aux tests RT-PCR. "Sans séquençage, il est indétectable", selon le biologiste Laurent Kbaier, cité par le JDD.
Vous comprenez mieux mon incompréhension ?
Pourquoi imposer un test RT-PCR négatif pour partir en métropole oui pour venir venir à La Réunion de métropole (où plusieurs cas ont été relevés) et de Mayotte (où au moins un cas a été détecté) si ce variant sud-africain est indétectable ???
Autre incompréhension : Pourquoi nous imposer à nous Réunionnais un test RT-PCR pour partir en métropole alors qu'aucun cas n'a été détecté dans notre île et alors que les liaisons aériennes ont été suspendues avec l'Afrique du Sud ? Et alors qu'il y a beaucoup moins de souches "classiques" du virus dans notre île qu'en métropole ?
C'est nous qu'il faut protéger, pas eux ! Cette obligation d'un test RT-PCR dans le sens Réunion/Métropole et Réunion/Mayotte est à mon avis une ineptie.
C'est en métropole que circulent en grande quantité les cas de Covid-19 "classiques" et aussi maintenant les variants "britanniques" et "sud-africains"... Pas ici !
Le variant "sud-africain" présent aux Comores, à Madagascar et maintenant à Mayotte
Revenons à Mayotte. L'ARS explique l'interruption des liaisons aériennes avec les iles environnantes par la présence du variant "sud-africain" aux Comores. Plusieurs cas auraient été détectés dans cet archipel.
Pendant que j'écris cet article, nous apprenons qu'un cas du variant "sud-africain" est arrivé au CHU pour y être soigné, directement depuis les Comores. J'arrête tout de suite les complotistes de tous poils qui vont se répandre en affirmant que La Réunion va être à son tour contaminée par ces malades. Aucun risque. Ils sont dans des unités spécialisées, avec un personnel formé, dans des conditions où toutes les précautions ont été prises. Ou du moins espérons-le. Au contraire, nos personnels se seront formés à traiter ces patients mahorais ou comoriens et n'en seront que plus performants si d'aventure un cas était découvert à La Réunion.
Le danger vient de Mayotte
En fait, dans l'immédiat, le danger pour La Réunion vient surtout de Mayotte. Même si la suspension des liaisons aériennes est vraiment appliquée entre Mayotte et les Comores et Madagascar, les autorités mahoraises sont pour le moment totalement incapables d'endiguer le flot ininterrompu de Comoriens arrivant par dizaines tous les jours par kwassa kwassa dans l'ile.
Pire encore. Les Comoriens ont pris l'habitude, vu le niveau de leurs hôpitaux, de se servir des kwassa kwassa comme d'ambulances pour venir déposer leurs malades sur les plages de Mayotte afin qu'ils bénéficient des soins et du système de santé français. Que se passera-t-il si parmi ces migrants se glissent un ou plusieurs malades du Covid, variant "sud-africain" ?
Face à ce danger, le simple test RT-PCR est totalement insuffisant puisque, comme on l'a vu, il ne permet pas de détecter ce variant.
Une septaine... si on veut bien !
Sans doute conscient de cette faiblesse, la seule solution préconisée par le préfet, comme il l'a déclaré lors de sa conférence de presse de vendredi, est d'instaurer "une septaine de précaution avec test à J+7 pour tous les voyageurs. À leur arrivée à La Réunion comme à leur arrivée dans l’Hexagone ou Mayotte (après leur trajet depuis La Réunion), les voyageurs auront l’obligation morale et civique de réaliser une septaine, autrement dit, de s’isoler à domicile dans le lieu de leur choix pendant une période de sept jours. Cette période de sept jours doit permettre de s’assurer que les voyageurs ne sont pas dans la phase d’incubation du virus et donc d’éviter toute contamination pendant cette période critique".
Le problème de cette solution est qu'elle ne repose que sur la bonne volonté des gens. Au début de la crise, on confinait les voyageurs dans des hôtels. Ca coûtait trop cher. Aujourd'hui, on les invite gentiment à respecter une septaine... On sait ce que ça vaut et on sait parfaitement que rares sont ceux qui la pratiquent.
De même, toujours selon vous, Monsieur le Préfet, "à l’issue de ces sept jours, les personnes seront engagées à réaliser un test RT-PCR dans les laboratoires du territoire où elles se trouvent". "Engagées", un autre terme pour ne pas avoir à écrire "invitées". On les invite donc à subir un test RT-PCR. Mais là aussi, l'expérience montre qu'ils ont été peu nombreux à le faire par le passé.
Reste donc l'arme fatale : l'attestation sur l'honneur !
Toujours selon vos déclarations, "pour venir à La Réunion ou pour aller à Mayotte ou dans l’Hexagone, les voyageurs devront remplir avant l’embarquement une attestation sur l’honneur précisant qu’ils ne présentent aucun symptôme et n’ont pas été en contact avec une personne atteinte du Covid-19 dans les 14 jours qui précédent et cette attestation les engagera moralement et civiquement à réaliser une septaine et un test RT-PCR à J+7".
Il n'y a pas à dire : nous voilà en sécurité grâce à vous !
Le salut passe par un séquenceur
Seule bonne nouvelle : notre ile est dorénavant dotée d'un nouveau séquenceur haut débit appelé NGS qui commencera à fonctionner demain lundi et qui permettra de repérer le variant sud-africain.
Mauvaise nouvelle : comme le variant n'aura pas pu être détecté par un test préalable, ce séquenceur n'interviendra qu'a posteriori, par sondages parmi les prélèvements qui auront été effectués dans les laboratoires ou lorsque les services soignants auront suspecté un cas suspect.
C'est à dire malheureusement trop tard...
Il faut interrompre les liaisons entre La Réunion et Mayotte
Au risque de déplaire à nos amis Mahorais, la seule solution passe malheureusement par une interruption totale des liaisons aériennes et maritimes entre La Réunion et Mayotte, jusqu'à ce que la situation soit à nouveau sous contrôle dans ce département. Plus aucune liaison, même pour "motifs impérieux" car on sait parfaitement qu'il est très facile de contourner cette exigence.
Aux politiques maintenant de prendre leurs responsabilités. Notons d'ailleurs leur silence assourdissant sur le sujet...
Jean-Hugues Ratenon vient de se fendre d'un communiqué virulent contre un avocat qui avait osé lui faire remarquer qu'il aurait peut-être mieux fait de tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant d'apporter un soutien inconditionnel à Joé Bédier. J'aurais préféré l'entendre sur la problématique de la présence du variant sud-africain à Mayotte et sur les pseudos-restrictions apportées à la circulation entre les deux iles... A chacun ses priorités !
Il m'a été rapporté que vous n'aviez pas apprécié la façon dont je vous avais interpellé à la veille du réveillon du 31 décembre quand je vous avais lancé : "Vous vous foutez de la gueule de qui, Monsieur le Préfet ". Je peux comprendre. Vous ne devez pas être habitué à ce qu'on vous parle de la sorte. N'y voyez aucun manque de respect. Il y a juste qu'à certains moment, il est important de dire ce qui doit être dit doit être dit. Et le style direct est souvent celui qui porte le plus. Même si ça ne plait pas toujours.
je vais malgré tout tenter de modérer mes propos aujourd'hui. Quelle que soit la façon dont je le dirai, il n'en demeure pas moins que j'ai du mal à comprendre certaines décisions que vous prenez. Je suis peut-être moins intelligent que vous -sûrement, même- mais il parait que si on m'explique longuement, je finis par comprendre.
J'aimerais donc que vous m'expliquiez, longuement si nécessaire.
Vous avez pris la décision, à moins que ça ne vous ait été imposé par Paris, de restreindre les modes de circulation dans le sens Réunion/Métropole et Réunion/Mayotte. A partir d'aujourd'hui, un test négatif dépistage virologique de type RT-PCR est exigé pour les voyageurs en partance pour la métropole. De même, en plus du test négatif, "un motif impérieux devient obligatoire pour les déplacements entre La Réunion et Mayotte et entre Mayotte et La Réunion. Le motif impérieux doit être d’ordre personnel, familial, de santé ou professionnel".
Très bien.
A vous écouter, toutes ces nouvelles mesures se justifient par la menace que ferait courir l'introduction en métropole depuis notre ile de la mutation sud-africaine, un variant 40 à 70% plus contagieux Ce qui signifie plus de contaminés, une saturation des capacités de nos hôpitaux... et plus de morts.
Et c'est là que je ne comprends plus...
Selon un excellent article du Journal du Dimanche de ce jour, qui résume bien la situation à Mayotte ("Sur les traces du variant sud-africain qui pourrait remettre en cause l'efficacité du vaccin "), ce variant sud-africain serait indétectable aux tests RT-PCR. "Sans séquençage, il est indétectable", selon le biologiste Laurent Kbaier, cité par le JDD.
Vous comprenez mieux mon incompréhension ?
Pourquoi imposer un test RT-PCR négatif pour partir en métropole oui pour venir venir à La Réunion de métropole (où plusieurs cas ont été relevés) et de Mayotte (où au moins un cas a été détecté) si ce variant sud-africain est indétectable ???
Autre incompréhension : Pourquoi nous imposer à nous Réunionnais un test RT-PCR pour partir en métropole alors qu'aucun cas n'a été détecté dans notre île et alors que les liaisons aériennes ont été suspendues avec l'Afrique du Sud ? Et alors qu'il y a beaucoup moins de souches "classiques" du virus dans notre île qu'en métropole ?
C'est nous qu'il faut protéger, pas eux ! Cette obligation d'un test RT-PCR dans le sens Réunion/Métropole et Réunion/Mayotte est à mon avis une ineptie.
C'est en métropole que circulent en grande quantité les cas de Covid-19 "classiques" et aussi maintenant les variants "britanniques" et "sud-africains"... Pas ici !
Le variant "sud-africain" présent aux Comores, à Madagascar et maintenant à Mayotte
Revenons à Mayotte. L'ARS explique l'interruption des liaisons aériennes avec les iles environnantes par la présence du variant "sud-africain" aux Comores. Plusieurs cas auraient été détectés dans cet archipel.
Pendant que j'écris cet article, nous apprenons qu'un cas du variant "sud-africain" est arrivé au CHU pour y être soigné, directement depuis les Comores. J'arrête tout de suite les complotistes de tous poils qui vont se répandre en affirmant que La Réunion va être à son tour contaminée par ces malades. Aucun risque. Ils sont dans des unités spécialisées, avec un personnel formé, dans des conditions où toutes les précautions ont été prises. Ou du moins espérons-le. Au contraire, nos personnels se seront formés à traiter ces patients mahorais ou comoriens et n'en seront que plus performants si d'aventure un cas était découvert à La Réunion.
Le danger vient de Mayotte
En fait, dans l'immédiat, le danger pour La Réunion vient surtout de Mayotte. Même si la suspension des liaisons aériennes est vraiment appliquée entre Mayotte et les Comores et Madagascar, les autorités mahoraises sont pour le moment totalement incapables d'endiguer le flot ininterrompu de Comoriens arrivant par dizaines tous les jours par kwassa kwassa dans l'ile.
Pire encore. Les Comoriens ont pris l'habitude, vu le niveau de leurs hôpitaux, de se servir des kwassa kwassa comme d'ambulances pour venir déposer leurs malades sur les plages de Mayotte afin qu'ils bénéficient des soins et du système de santé français. Que se passera-t-il si parmi ces migrants se glissent un ou plusieurs malades du Covid, variant "sud-africain" ?
Face à ce danger, le simple test RT-PCR est totalement insuffisant puisque, comme on l'a vu, il ne permet pas de détecter ce variant.
Une septaine... si on veut bien !
Sans doute conscient de cette faiblesse, la seule solution préconisée par le préfet, comme il l'a déclaré lors de sa conférence de presse de vendredi, est d'instaurer "une septaine de précaution avec test à J+7 pour tous les voyageurs. À leur arrivée à La Réunion comme à leur arrivée dans l’Hexagone ou Mayotte (après leur trajet depuis La Réunion), les voyageurs auront l’obligation morale et civique de réaliser une septaine, autrement dit, de s’isoler à domicile dans le lieu de leur choix pendant une période de sept jours. Cette période de sept jours doit permettre de s’assurer que les voyageurs ne sont pas dans la phase d’incubation du virus et donc d’éviter toute contamination pendant cette période critique".
Le problème de cette solution est qu'elle ne repose que sur la bonne volonté des gens. Au début de la crise, on confinait les voyageurs dans des hôtels. Ca coûtait trop cher. Aujourd'hui, on les invite gentiment à respecter une septaine... On sait ce que ça vaut et on sait parfaitement que rares sont ceux qui la pratiquent.
De même, toujours selon vous, Monsieur le Préfet, "à l’issue de ces sept jours, les personnes seront engagées à réaliser un test RT-PCR dans les laboratoires du territoire où elles se trouvent". "Engagées", un autre terme pour ne pas avoir à écrire "invitées". On les invite donc à subir un test RT-PCR. Mais là aussi, l'expérience montre qu'ils ont été peu nombreux à le faire par le passé.
Reste donc l'arme fatale : l'attestation sur l'honneur !
Toujours selon vos déclarations, "pour venir à La Réunion ou pour aller à Mayotte ou dans l’Hexagone, les voyageurs devront remplir avant l’embarquement une attestation sur l’honneur précisant qu’ils ne présentent aucun symptôme et n’ont pas été en contact avec une personne atteinte du Covid-19 dans les 14 jours qui précédent et cette attestation les engagera moralement et civiquement à réaliser une septaine et un test RT-PCR à J+7".
Il n'y a pas à dire : nous voilà en sécurité grâce à vous !
Le salut passe par un séquenceur
Seule bonne nouvelle : notre ile est dorénavant dotée d'un nouveau séquenceur haut débit appelé NGS qui commencera à fonctionner demain lundi et qui permettra de repérer le variant sud-africain.
Mauvaise nouvelle : comme le variant n'aura pas pu être détecté par un test préalable, ce séquenceur n'interviendra qu'a posteriori, par sondages parmi les prélèvements qui auront été effectués dans les laboratoires ou lorsque les services soignants auront suspecté un cas suspect.
C'est à dire malheureusement trop tard...
Il faut interrompre les liaisons entre La Réunion et Mayotte
Au risque de déplaire à nos amis Mahorais, la seule solution passe malheureusement par une interruption totale des liaisons aériennes et maritimes entre La Réunion et Mayotte, jusqu'à ce que la situation soit à nouveau sous contrôle dans ce département. Plus aucune liaison, même pour "motifs impérieux" car on sait parfaitement qu'il est très facile de contourner cette exigence.
Aux politiques maintenant de prendre leurs responsabilités. Notons d'ailleurs leur silence assourdissant sur le sujet...
Jean-Hugues Ratenon vient de se fendre d'un communiqué virulent contre un avocat qui avait osé lui faire remarquer qu'il aurait peut-être mieux fait de tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant d'apporter un soutien inconditionnel à Joé Bédier. J'aurais préféré l'entendre sur la problématique de la présence du variant sud-africain à Mayotte et sur les pseudos-restrictions apportées à la circulation entre les deux iles... A chacun ses priorités !