Invité d’Europe 1 ce lundi matin, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a annoncé qu’il allait bientôt « proposer », en Conseil des ministres, la dissolution de plusieurs associations considérées comme « séparatistes ». Parmi elles figure la très controversée ONG islamique « BarakaCity », dont le fondateur – très actif sur les réseaux sociaux – est réputé proche des courants salafistes.
« On voit bien comment l’islam politique se joint à l’islam radical pour finalement mener au terrorisme (…). Il faut combattre l’islam politique avec la même force que le terrorisme », a martelé Gérald Darmanin.
Deux émissaires de Barakacity venus récolter des fonds en 2015 à La Réunion
Barakacity… Ce nom ne vous dit peut-être rien. Il est pourtant bien connu de la communauté musulmane de La Réunion.
En 2015, du 7 au 11 juillet très précisément, Saleh et Mehdi, deux membres parisiens de l’association, sont venus dans l’ile pour y récolter de l’argent.
Les fidèles ont été invités à faire leurs dons chez plusieurs commerçants en vue de la place, plusieurs jours avant l’arrivée des deux émissaires, pour « faciliter » leur tâche était-il précisé.
Et des messages ont été envoyés aux membres de la communauté indiquant la liste des magasins dans lesquels les enveloppes pouvaient être déposées.
Comme dans toute organisation bien structurée, et parce qu’un euro est un euro, il était même demandé de préciser sur l’enveloppe le nom, le prénom et l’adresse mail pour la délivrance du reçu. Probablement pour pouvoir déclarer le don aux impôts et ainsi en réduire le montant…
Dans le même temps, des tee-shirts au nom de Baraka City étaient vendus au prix de 20€.
Une page Facebook réunionnaise qui défend encore aujourd’hui Barakacity
2015 c’est loin, me direz-vous. C’est vrai. Mais il se trouve que ce matin encore, et tout au long de la journée, de nombreux messages ont été postés sur la page Facebook « Islam Réunion 974 », suivie par pas moins de 4.350 personnes !
Très intéressant d’ailleurs ce qu’on y trouve !
Par exemple, une vidéo d’un ancien dirigeant du CCIF y a été postée il y a un peu moins d’une heure, pour prendre la défense de l’organisation. Juste en dessous de la vidéo, un message demande au lecteur d’adhérer au CCIF pour le soutenir, avec le lien de l’association.
Or, c’est contre ce même CCIF (Collectif contre l’islamophobie en France) que Gérald Darmanin affirmait ce matin disposer d’un « certain nombre d’éléments » qui lui « permettent de penser » qu’il s’agit d’une « ennemie de la République ». Le CCIF a en effet contribué selon lui à la « fatwa » lancée par des parents d’élève contre Samuel Paty, professeur d’histoire-géographie décapité en pleine rue par un terroriste vendredi. « Je souhaite (sa dissolution) parce que c’est une association qui touche des aides d’État, des déductions fiscales et dénonce l’islamophobie d’État », a-t-il conclu.
La page Facebook donne la parole à un « imam sulfureux »
Plus grave encore, toujours sur cette page Facebook, juste en dessous de la vidéo, les administrateurs de la page ont publié un post d’un dénommé Nader Abou Anas.
Un drôle de zigoto également celui-là. Une simple recherche sur Google nous permet de trouver une multitude d’articles le qualifiant d' »imam sulfureux ».
Un simple extrait d’un de ses prêches cité par Lyon Capitale devrait suffire à vous faire une opinion : « « Les hommes ont autorité sur les femmes. Les femmes vertueuses sont obéissantes à leur mari. Voilà la femme vertueuse, c’est celle qui obéit à son mari. Ce n’est pas ma parole, c’est la parole d’Allah (…). La femme, elle ne sort de chez elle que par la permission de son mari. Sa place à la base, Allah (…) l’a fixée dans le Coran (…). Restez dans vos demeures, ça c’est la base. Le soir, il a un besoin, il a une envie. Elle lui dit non, elle ment, en disant je suis fatigué, je peux pas, je suis ci, je suis cela. Et l’homme, il craque. Qu’elle sache que les anges la maudissent toute la nuit dans le cas où elle se refuse à son mari sans raison valable. Ce n’est pas ma parole, c’est la parole du Prophète (…). «
Voilà le seul message que la page « Islam Réunion 974 » a jugé utile de publier aujourd’hui, en soutien aux personnes perquisitionnées dans le cadre du vaste coup de filet de la police contre les personnes et associations soupçonnées de complicités, actives ou passives, avec les terroristes islamiques.
Inquiétant, non ?
Des dons de footballeurs de Ligue 1 mais également les rappeurs Rohff et La Fouine
Ne pas serrer les mains des femmes présentes sur le plateau de Canal+ n’est malheureusement pas le seul fait d’armes des membres de cette association.
Selon Wikipedia, qui cite Charlie Hebdo, les fonds de son association sont « considérables » : celle-ci aurait reçu, depuis 2013, 16 millions d’euros. Parmi ses soutiens financiers, le journal note des footballeurs de la Ligue 1 mais également les rappeurs Rohff ou La Fouine.
En août 2014, deux banques françaises, la Société générale et le CIC, ont préféré fermer les comptes bancaires de l’ONG.
En février 2015, les locaux de BarakaCity à Courcouronnes sont perquisitionnés par la police. Le domicile d’un ancien salarié est perquisitionné en novembre de la même année. C’est la proximité de l’organisation avec les milieux salafistes qui expliquent cette dernière opération.
Une nouvelle perquisition a eu lieu le 26 décembre 2015 dans le cadre de l’état d’urgence. Dans un document de source policière que s’est procuré le magazine L’Obs, ses membres seraient présentés comme des « musulmans fondamentalistes », qui effectueraient « régulièrement » dans le cadre de leurs activités humanitaires des voyages en Syrie, et qui pourraient détenir dans leurs bureaux « armes et stupéfiants », poursuit Le Parisien.
Et pourtant, c’est cette même association que des membres de la communauté musulmane vont accueillir à bras grand ouverts en juillet 2015, à une époque où pourtant leur appartenance au courant salafiste était déjà connue.
Une enquête préliminaire en 2016 pour « financement du terrorisme » et « association de malfaiteurs terroriste »
« L’association a souvent été dans le radar des autorités judiciaires mais aussi politiques », nous apprend Le Parisien. « En 2014, l’ancien maire d’Evry et actuel député (LREM) de l’Essonne Francis Chouat, assure avoir alerté « sur la duplicité de cette association, qui derrière une vitrine légale et humanitaire, prend fait et cause pour l’islamisme radical et est complice du salafisme terroriste ».
« L’enquête préliminaire ouverte en mars 2016 par le parquet de Paris pour « financement du terrorisme » et « association de malfaiteurs terroriste » sera pourtant classée sans suite, poursuit le journal. « Déjà à l’époque, nous avions envisagé de l’interdire, embraye Manuel Valls, alors Premier ministre. On a beaucoup regardé. Mais d’un point de vue juridique ce n’était pas possible ».
Le fondateur de Barakacity, Idriss Sihamedi, fiché par la DGSI depuis 2014, a suscité la polémique à plusieurs reprises, notamment en refusant de condamner les actes de Daesh ou en se réjouissant de l’attentat contre Charlie Hebdo. Ou en refusant à plusieurs reprises, ostensiblement, de serrer la main des femmes présentes.
Son fait d’armes le plus célèbre s’est produit le 24 janvier 2016, sur le plateau de l’émission « Le Supplément » de Canal+, quand il a refusé de serrer la main de Najat Valaud Belkacem, alors ministre.
Récemment encore, au mois de mars dernier, il s’est réjoui sur Twitter des mesures de distanciation sociale contre le Covid : C’est « la première fois de ma vie que je peux dire à une femme qui veut me serrer la main “non” dans la joie et la bonne humeur », ironise-t-il.