L’armée de communicants du ministère du Tourisme et de la MTPA (l’équivalent de notre IRT) s’est déjà chargé de faire passer le message au niveau mondial : « Pas de nouveau cas de COVID depuis X jours » ou encore « L’ile Maurice vient à bout du COVID« .
Dernier exemple en date : L’ile soeur s’est vue octroyer il y a quelques jours le label « destination sûre et sécurisée » par le ‘World Travel and Tourism Council’ qui reconnait ainsi que l’ile soeur a bien respecté les protocoles de sécurité sanitaire.
Et que fait La Réunion pendant ce temps-là? Exactement l’inverse. Grâce à la préfecture et surtout à l’ARS, nous nous tirons une balle dans le pied tous les jours.
La Réunion, seul département de France à n’avoir enregistré aucun décès dû au coronavirus
La Réunion est le seul département de France à n’avoir connu aucun décès dû au coronavirus. Faux me direz-vous puisqu’officiellement, à en croire la préfecture et l’ARS, nous avons enregistré un décès le 20 mai dernier.
Sauf que ce décès n’est pas un celui d’un patient infecté à La Réunion, mais celui d’un Mahorais malade évacué de Mayotte grâce à un évasan, et venu mourir à La Réunion.
Et tous les jours, l’ARS entretient l’amalgame. Ses communiqués sont ambigus et prêtent à confusion.
Un vieil homme décédé à La Réunion mais évacué sanitaire de Mayotte
Voici par exemple le communiqué pour la journée du 8 juin :
Donc, si on lit superficiellement la prose de l’ARS, il ressort que ce jour-là, La Réunion a compté un cas supplémentaire de coronavirus.
Mais si on lit plus attentivement, on découvre qu’il s’agit d’un cas importé, c’est à dire une « personne qui a contracté la maladie en dehors du territoire« . Peut-on raisonnablement parler de nouveau cas à La Réunion si l’on a affaire à un touriste débarqué dans l’ile dans un des trois avions hebdomadaires et qui a simplement été détecté à son arrivée ?
Que va retenir celui qui lira superficiellement le communiqué? Qu’il y a un nouveau cas à La Réunion. Point barre. D’ailleurs, c’est ce qu’ont titré plusieurs journaux.
Il est normal que la solidarité régionale joue à plein
Mais surtout, là où ça pose véritablement problème, c’est quand on comptabilise dans le même communiqué les malades en provenance de Mayotte.
Qu’on ne se méprenne pas. Il est tout à fait normal que la solidarité régionale joue et que les infrastructures hospitalières de la Réunion, ainsi que le personnel soignant, viennent au secours de nos amis mahorais, complètement dépassés par le nombre de malades.
Il est donc tout à fait normal, je le répète, que l’Etat français fasse jouer la solidarité et évacue nombre de malades vers La Réunion, pour désengorger les hôpitaux mahorais. Si la situation avait été inverse, et que c’est La Réunion qui avait connu une brusque flambée de l’épidémie, nous aurions été heureux que la solidarité joue dans l’autre sens. Là n’est donc pas mon propos.
Par contre, il n’est pas du tout normal que l’ARS, par incompétence ou fainéantise, mélange aux rares cas autochtones les cas « importés » et ceux des Mahorais venus se faire soigner ici.
D’ailleurs, quand un malade mahorais décède à La Réunion, où est-il comptabilisé par l’ARS? A La Réunion? A Mayotte? Ou dans les deux iles?
Si l’on s’en tient aux cas autochtones, c’est à dire touchant des « personnes ayant un lien indirect ou n’ayant aucun lien avec un cas importé« , on ne dénombre que 64 cas. Sur 481. Autant dire une broutille.
Le dernier cas autochtone recensé à La Réunion remonte au 29 mai
Lorsque l’on feuillète tous les derniers bulletins de l’ARS, le dernier cas autochtone détecté dans notre ile remonte au 29 mai. Ce qui tend à prouver que ça fait un moment que le virus ne circule plus localement et que les seuls cas détectés sont des cas « importés », immédiatement repérés à leur arrivée grâce à la technique de la quatorzaine.
Ce qui amènerait alors à se poser la question de la pertinence du maintien des restrictions qui nous sont imposées.
Ca a l’air d’un détail mais c’est ce genre de détail qui risque de peser lourd demain, quand le tourisme redémarrera.
Torpillés par nos « amis mauriciens »
Les journaux mauriciens ne s’y sont d’ailleurs pas trompés. Sans doute « conseillés » par les autorités gouvernementales, ils n’ont pas hésité à faire le maximum de publicité au décès enregistré à La Réunion en mai dernier.
Nous sommes tous en compétition sur le vaste marché touristique mondial et une gentille peau de banane de ce genre peut facilement décourager des centaines, voire des milliers de touristes, à venir à La Réunion pour lui préférer l’ile Maurice, « une destination sûre ». Du moins, c’est eux qui le disent.
Ce n’est pas la première fois que nos « amis » mauriciens agissent de la sorte. Rappelez-vous leur façon de mettre en exergue toute nouvelle attaque de requin survenue dans notre ile…