Pour paraphraser une expression célèbre, si tu veux te faire une idée du degré de démocratie d’un pays, regarde comment il traite ses journalistes.
Nous n’avons pas suffisamment conscience en France, et en Europe, de la chance que nous avons. C’est pourquoi j’hallucine quand j’entends certains Gilets jaunes, pas tous, traiter Emmanuel Macron de dictateur. Ca se voit qu’ils ne savent pas ce que c’est qu’une dictature.
Dans une dictature, ils auraient été jetés en prison avant même d’avoir pu terminer leur phrase.
Rappelons que la Cour européenne des Droits de l’Homme, qui s’impose à tous les gouvernements européens, a rendu un certain nombre d’arrêts protégeant les journalistes, qu’elle a qualifiés de « chiens de garde de la République« .
A Maurice, c’est exactement le chemin inverse que l’on prend.
On a toujours su que les journalistes n’étaient pas vraiment libres à Maurice. Certains ont même connu la prison pour avoir osé dire quelques vérités dérangeantes. Mais les choses se sont gravement accélérées depuis quelques jours.
Vendredi dernier, le Conseil des ministres a approuvé un projet de loi qui a pour objectif de modifier le « Criminal Code » afin de considérer comme un délit criminel « la production ou la distribution d’un article, d’un objet ou d’un document qui transmet des fausses informations trompeuses sur la souveraineté de Maurice sur toute partie de son territoire« . Un délit puni d’une peine maximale de 10 ans de prison et d’une amende allant jusqu’à 1 million de roupies (22.000 euros) pour chaque fausse nouvelle diffusée.
L’intitulé de ce projet de loi est particulièrement inquiétant. Qu’est ce qu’une « fausse information« ? Qui va décider qu’une information est « fausse« ? Où commence et où finit une « vraie information »? Est-ce qu’une critique de la politique menée par le gouvernement mauricien est une « fausse information« ? Est-ce que le fait de dire que le gouvernement mauricien nous ment quand il affirme qu’il n’y a pas de requins ou de cas de coronavirus à Maurice est « une fausse information« ? Est-ce que mettre en cause la souveraineté de Maurice sur les iles Chagos est « une fausse information« ?
Dans le doute, et de crainte de me retrouver au fond d’une geôle mauricienne du fait que Zinfos édite également le site d’information Zinfos-Moris.com, j’ai donc décidé de ne plus mettre les pieds dans l’ile soeur.
Ce ne sont pas les destinations touristiques qui manquent dans la zone. Parfois plus attrayantes et moins chères…