Le Dr Antoine Venault nous a reçu dans son cabinet, entre deux patients. Un ami commun m’avait rapporté ses propos pour le moins surprenants. Conscient qu’il disait haut et fort ce que beaucoup pensaient tout bas, et même si je n’étais pas d’accord avec ce qui m’avait été rapporté, j’ai voulu en avoir le coeur net et lui ai donc adressé une demande d’interview. Il a un moment hésité, ayant eu par le passé une mauvaise expérience avec une équipe de confrères parisiens en déplacement dans l’ile, mais il a finalement accepté, sur les recommandations de cet ami commun.
L’homme a manifestement un caractère bien trempé. Une carrure de sportif, un peu moins de la cinquantaine à vue de nez. Ses propos sont clairs, sa pensée très structurée. J’ai visiblement affaire à quelqu’un d’intelligent. Et pourtant, ce qu’il me raconte est tout sauf politiquement correct.
Il démarre fort notre entretien. Selon lui, il n’y a pas d’épidémie de Covid 19 à La Réunion. En tout cas, s’il y en a une, elle n’a rien à voir avec ce qu’il a connu au plus fort des épidémies de chikungunya et de dengue, des périodes où son cabinet ne désemplissait pas. Aujourd’hui, c’est tout juste s’il a eu quelques cas de Covid dans sa clientèle.
On n’est pas malade si on n’a pas de symptômes
Puis, il me raconte l’histoire d’un patient testé positif à qui il a refusé un arrêt maladie, ce qui lui a valu les foudres de deux personnes qu’il a cru identifier comme étant de l’ARS et du CHU.
« J’ai d’abord reçu un premier patient testé positif. Puis on s’est aperçu que toute la famille était également positive. Pourtant, ils ne présentaient aucun symptôme. J’ai décidé de revoir mon patient tous les deux jours. Quand je l’ai revu, il avait été harcelé au téléphone deux fois par jour par un représentant de l’ARS qui exigeait qu’il soit hospitalisé. J’ai refusé car pour moi, il n’avait pas de symptômes, donc il n’était pas malade. Voyant que je persistais dans mon refus, on lui a demandé de ne plus prendre le traitement que j’avais prescrit, ce qui m’a mis très en colère« .
« Peu de temps après, j’ai reçu un appel de quelqu’un que j’ai identifié comme un infectiologue du CHU. J’ai maintenu ma position. Pour moi, il avait certes été testé positif mais il n’était pas suffisamment malade pour être hospitalisé, n’ayant pas de symptômes. A mes questions, il ne m’a sorti aucune argumentation médicale sérieuse. Les propos étaient confus. Cet appel m’a beaucoup gêné de la part d’un confrère. Et je me suis demandé quel était son intérêt, si ce n’était celui d’augmenter les statistiques« .
Je me suis constitué une cagnotte pour payer d’éventuelles amendes
Ayant remarqué qu’il me recevait sans masque, alors que j’en portais un, je lui ai demandé ce qu’il pensait de l’obligation d’en porter un. Là aussi, sa réponse est à contre-courant des préconisations gouvernementales : « Personnellement, je ne porte pas de masque. Et je n’en porterai jamais. je me suis constitué une cagnotte pour pouvoir payer les amendes si un jour on m’en mettait. Je suis prêt« .
Pour lui, « la solution ne passe pas par obliger les gens à rester chez eux en portant un masque« .
C’est énorme de culpabiliser les gens qui ne portent pas de masques
Et il poursuit sur le même registre par une série de questions : « C’est énorme de culpabiliser les gens en leur disant que s’ils ne portent pas de masques, ils risquent de tuer leur grand-mère« . Avant d’ajouter : « Pourquoi certaines personnes tombent malades et pas d’autres? Est-ce que quelqu’un qui porte un masque peut malgré tout transmettre la maladie à quelqu’un d’autre? Et est-ce le rôle des pouvoirs publics d’obliger les gens à porter des masques? »
J’ose lui faire remarquer que oui, à mon avis. Et je prends pour exemple le code de la Route où il revient bien au gouvernement et à ceux qui votent les lois de mettre en place des mesures pour protéger les gens, parfois contre eux même. Sinon ce serait l’anarchie sur les routes, avec une forte augmentation du nombre de morts.
Le Dr Venault n’en démord pas. « Pourquoi en tant que soignant, alors que je ne mets pas de masque et alors que les patients défilent dans mon cabinet, que quelques uns sont positifs, je ne suis toujours pas tombé malade? » Je ne sais quoi répondre.
« Je ne suis pas un spécialiste de ça »
Je lui fais quand même remarquer que le fait de porter un masque n’a pas pour but de me protéger, mais de protéger les autres en évitant que, dans l’hypothèse où je serais malade, je ne les contamine avec mes postillons. Et que je ne peux moi même être protégé que si tout le monde en fait de même.
Pour la première fois, je sens le Dr Venault vaciller dans ses certitudes. « J’avoue ne pas y avoir vraiment pensé. Je ne suis pas un spécialiste de ça« , avant de retomber vite fait sur ses pieds en ressortant ses arguments sur « pas de symptômes, pas de maladie« …
Le Dr Venault concède cependant que si on est testé positif, il faut tout de même « éviter de se précipiter au cou du grand-père qui sort de chimio« …
Le virus ne se plait pas à La Réunion
Poursuivant notre conversation, il inverse les rôles et c’est lui qui me pose les questions : « Est-ce que quelqu’un qui porte un masque peut le transmettre à quelqu’un d’autre? Pourquoi certaines personnes tombent malades et pas d’autres? »
Pour le Dr Venault, l’explication est peut-être à chercher ailleurs. S’il n’y a pas d’épidémie à La Réunion, selon lui, c’est parce-que le virus ne se sent pas bien ici. « Il y a eu deux ou trois personnes qui sont entrées à Gillot et qui en ont contaminé d’autres, mais pas tant que ça. J’ai eu quelques patients qui étaient malades. Pourquoi ne l’ont-ils pas transmis à leurs proches et à moi-même? C’est parce que le virus ne se plait pas ici« .
La 2ème vague, c’est une grosse arnaque
Pour lui, l’histoire de la 2ème vague est « une grosse arnaque« .
« Quand on aura atteint un grand nombre de malades, le virus s’adaptera et mutera. C’est un organisme vivant qui prospère au milieu de personnes vivantes. S’il arrive dans un espace propice, avec en face de lui des personnes âgées ou déjà malades d’autres pathologies, c’est sûr qu’il va se développer« , poursuit-il.
Et il conclut sur le sujet en tempérant malgré tout un peu ses propos : « C’est sûr que le virus ne réagit pas de la même manière chez un jeune de 30 ans en forme et chez quelqu’un de 90 ans diabétique« .
Et les risques d’engorgement des services de réanimation?
J’interroge alors le Dr Venault sur tous ses confrères, chefs de services, qui monopolisent les plateaux des télévisions en métropole pour alerter sur le risque d’engorgement des services de réanimation.
Sa réponse? « Je n’ai pas la possibilité d’interroger ces confrères réanimateurs. Mais ce qui est sûr, c’est qu’on est effectivement vite débordé quand on diminue le nombre de lits« …
Il faut arrêter le port du masque obligatoire
Quoi faire alors, je lui demande? « Rien. Il faut rendre leur liberté aux gens, avant qu’ils ne libèrent le Furcy qui est en eux ». Le Dr Venault fait allusion à Madeleine Furcy, cet esclave qui, en octobre 1817, s’était rendu au tribunal de Saint-Denis pour exiger sa liberté.
« Je ne suis pas créole, bien qu’arrivé il y a 20 ans à La Réunion. Mais si je l’étais, j’irais au marché forain du Chaudron le dimanche matin, avec un mégaphone, pour dire la vérité aux Réunionnais. Et je ne serais peut-être pas le dernier à prendre un galet« .
Interrogé sur ce qu’il convenait de faire, le Dr Venault nous avait répondu « rien« . Il précise cependant sa pensée avant qu’on ne se quitte : « Il faut arrêter le port du masque obligatoire et les tests obligatoires. Ne devraient le porter que ceux qui veulent se protéger. Par contre, il faut isoler les gens malades comme on l’a fait pour la dengue ou le chikungunya. Ce qu’on fait, c’est l’opposé de la médecine qu’il faudrait faire« , conclut-il.