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[Pierrot Dupuy] N’y a-t-il vraiment eu aucun mort du Coronavirus à La Réunion ?

Je suis tout sauf un adepte de la théorie du complot. Mais ça fait un moment que je suis étonné de découvrir tous les jours ces communiqués de la préfecture et de l’ARS nous annonçant triomphalement qu’il n’y a toujours pas de décès à La Réunion dû au coronavirus, faisant de notre île le dernier […]

Ecrit par zinfos974 – le lundi 11 mai 2020 à 17H17

Je suis tout sauf un adepte de la théorie du complot. Mais ça fait un moment que je suis étonné de découvrir tous les jours ces communiqués de la préfecture et de l’ARS nous annonçant triomphalement qu’il n’y a toujours pas de décès à La Réunion dû au coronavirus, faisant de notre île le dernier département français si tel est le cas. Belle performance si c’est vrai.

De quoi nous faire oublier les critiques du début de l’épidémie quand la préfecture et l’ARS étaient sous les feux des attaques pour avoir laissé grandes ouvertes les portes d’accès à l’île en ne contrôlant pas les passagers débarquant à Gillot.

Avec du recul, on pourrait se dire, comme le font certains, que le préfet a bien travaillé et que la stratégie qu’il a mise en place, avec le peu de moyens qu’il avait, a particulièrement bien fonctionné puisque l’épidémie nous a relativement épargnés.

Ce serait vrai s’il s’avérait qu’il n’y a effectivement eu aucun mort à cause du coronavirus. Malheureusement, j’en suis de moins en moins persuadé.

Tout est parti de plusieurs témoignages

Mon scepticisme a commencé à prendre corps avec plusieurs témoignages que j’ai pris soin de vérifier. Soit au travers d’une employée de Zinfos amie de la victime, soit dans le deuxième cas en ayant eu longuement au téléphone, et à plusieurs reprises, un membre de la famille.

Il y a tout d’abord eu, au tout début de l’épidémie, un cas qui m’a été rapporté d’une femme qui habitait dans le secteur de Sainte-Clotilde, travaillant sous douane à Gillot, brutalement décédée dans sa voiture, très tôt un matin. Présentant tous les symptômes du coronavirus (fièvre, toux, difficultés à respirer) et la voyant s’étouffer alors qu’elle s’était levée très tôt pour se rendre à son travail, son mari avait voulu la conduire à SOS Médecins à Sainte-Clotilde. Il n’a malheureusement pas eu le temps d’y arriver. Sa femme est décédée dans la voiture malgré l’intervention du SAMU et des pompiers.

Averti du drame le jour même, j’avais contacté la préfecture et l’ARS pour leur demander des explications. Aucune réponse de l’Agence Régionale de Santé qui m’a renvoyé vers la direction nationale de la Santé à Paris, seule habilitée à communiquer selon elle.

Quant à la préfecture, elle m’a juste fait savoir que ce n’était pas un cas de coronavirus puisque le médecin du SAMU avait diagnostiqué une mort suite à un problème respiratoire.

À ma question de savoir si un test post-mortem pour le coronavirus avait été pratiqué, on m’a répondu que non.

Or les difficultés respiratoires font justement partie des pathologies du coronavirus pouvant entraîner la mort. Mais c’est clair que si on ne cherche pas le coronavirus, on ne risque pas de le trouver.

Enterré à la sauvette

L’autre cas est celui d’un homme âgé de l’ouest, souffrant déjà de lourdes pathologies, et dont l’état de santé s’était aggravé après avoir présenté, lui aussi, tous les symptômes du coronavirus. Il avait été renvoyé chez lui la veille de sa mort, permettant ainsi de ne pas le faire entrer dans les statistiques des personnes décédées à l’hôpital.

Et là aussi, les médecins s’étaient refusés à attribuer la mort au virus.

Suite à son décès, comme dans le premier cas, aucun test post mortem n’avait été pratiqué.

Par contre, il avait été interdit à sa famille de pratiquer les rites funéraires propres à la religion musulmane, et notamment le lavage du corps. Le membre de la famille qui m’a contacté m’a raconté que le corps avait directement été emballé dans un sac en plastique étanche et qu’on avait demandé à la famille de l’enterrer rapidement, en petit comité.

Étonnant, non?

Et comme dans le premier cas, on ne risque pas de découvrir le coronavirus si on ne pratique pas de test pour le chercher.

D’autres cas m’ont été signalés par des personnels soignants ou des amis d’amis, mais je me refuse à les évoquer, car je n’ai pu les vérifier directement, comme pour les deux premiers.

Ces deux décès suspects ont éveillé ma curiosité, mais impossible en l’état de faire un article. Inutile d’affoler la population. Que vaut ma parole face au diagnostic d’un médecin du SAMU?

D’autant que je ne prétends pas que ces personnes soient mortes du coronavirus. Je pense simplement qu’un doute existe et que ce doute aurait pu facilement être levé si on avait pratiqué des tests post mortem. Ce qu’on s’est étrangement gardé de faire. Pourquoi? Par manque de tests ou pour d’autres raisons obscures?

D’autres éléments sont par la suite venus conforter mon scepticisme.

L’INSEE révèle 15% de décès en plus que le bilan officiel de la direction de la Santé

Par exemple, une étude de l’INSEE réalisée au niveau national que j’ai pu lire dans [un article du journal Libération du 5 mai dernier]urlblank:https://www.liberation.fr/france/2020/05/06/coronavirus-l-insee-constate-une-forte-hausse-du-nombre-de-morts-en-france_1787504?xtor=rss-450 montre une augmentation de 27% des décès en France entre le 1er mars et le 20 avril par rapport à la même période de l’an dernier : 109.831 décès au lieu de 86.606 en 2019. Rien d’étonnant jusque là puisque l’épidémie du coronavirus est passée par là.

Pourtant, à y regarder de plus près, officiellement, le bilan de la Direction Générale de la Santé s’établissait au 20 avril à seulement 20.265 personnes décédées du coronavirus, soit 2.960 morts de moins que le chiffre annoncé par l’INSEE.

Comment expliquer une telle différence de près de 15% quand même ?…

Il s’agit sans doute de ces fameux malades décédés à leurs domiciles, cachés de tous, et qui n’entrent pas dans les bilans officiels qui eux ne comptabilisent que les morts à l’hôpital et dans les EPHAD.

Pourquoi ce qui est valable en France métropolitaine ne le serait pas à La Réunion ? Il serait intéressant d’avoir les mêmes chiffres de l’INSEE au niveau de La Réunion. On y découvrirait sans doute le même écart qu’en métropole. Avec les mêmes interrogations…

 

Coronavirus ou dengue, le doute subsiste

Le doute s’est renforcé à la suite de la lecture de deux articles. Un premier d’Univadis, un site d’actualités médicales, intitulé « [La présence de symptômes communs à la dengue et au COVID-19 peut compliquer le diagnostic]urlblank:https://www.univadis.fr/viewarticle/la-presence-de-symptomes-communs-a-la-dengue-et-au-covid-19-peut-compliquer-le-diagnostic-714996 « .

On y apprend notamment que « la présomption de la présence du virus de la dengue sur la base de la sérologie seule pourrait conduire à passer à côté de la maladie à COVID-19« . C’est à dire que des patients diagnostiqués dengue pourraient en fait être porteurs du coronavirus…

Mais un article de Témoignages en date du 4 mai dernier intitulé : « [Coronavirus ou dengue : le doute existe]urlblank:https://www.temoignages.re/politique/sante/coronavirus-ou-dengue-le-doute-existe-97956  » donne beaucoup plus de détails.

Il en ressort que les auteurs singaporiens d’une étude publiée dans l’édition de mai 2020 du « The Lancet Infectious Diseases » estiment que « le fait de ne pas prendre en compte le COVID-19 en raison d’un résultat positif au test rapide de dengue a de sérieuses implications non seulement pour le patient mais aussi pour la santé publique« .

Ces spécialistes font référence au cas de deux patients à Singapour avec des résultats faussement positifs aux tests sérologiques rapides pour la dengue, et qui ont plus tard été confirmés positifs au coronavirus.

Dans le premier cas, « le résultat initial de la séroconversion de la dengue a été considéré comme un faux positif« .

Le deuxième cas est celui d’une femme de 57 ans initialement testée positive à la dengue et ensuite également jugée positive pour le Covid-19. « Un deuxième test de vérification de la dengue est revenu négatif et un échantillon sanguin antérieur est également été testé négatif pour la dengue. Le résultat initial du test positif à la dengue a donc été considéré comme un faux positif« .

Une Réunionnaise testée positive au coronavirus puis à la dengue

Ça ne vous rappelle rien?

Souvenez-vous de cette Réunionnaise que [nous avions pu interroger le 22 avril dernier]urlblank:https://www.zinfos974.com/Nous-avons-retrouve-la-jeune-femme-positive-au-coronavirus-et-a-la-dengue_a153355.html qui avait été testée positive dans un premier temps au coronavirus, puis dans un deuxième temps à la dengue. Ce qui avait amené l’ARS à annoncer une première : une patiente positive aux deux virus. En est-on si sûr? A-t-on pris la peine de doubler les tests pour s’assurer qu’il ne s’agissait pas de « faux positifs » pour l’un d’eux, comme cela s’est passé à Singapour ?

Par ailleurs, est-on vraiment certain que [les trois nouveaux décès officiellement dus à la dengue]urlblank:https://www.zinfos974.com/Dengue-3-deces-a-La-Reunion_a153515.html révélés le 25 avril dernier par l’ARS sont bien tous la conséquence de ce virus et non pas du coronavirus? A-t-on doublé les tests pour éviter les erreurs de diagnostic ?

La Réunion est l’un des rares territoires où sévissent en même temps les deux virus. Les chercheurs singaporiens ont bien montré que les tests n’étaient pas fiables à 100% et que des patients diagnostiqués positifs à la dengue pouvaient en fait être porteurs du coronavirus…

Si tel était le cas, on ne pourrait plus s’enorgueillir d’être le dernier département à ne comptabiliser aucun décès du covid-19 en France. Mais peut-être que ça arrange certains qu’on reste dans le doute.

Il n’est pire aveugle que celui qui ne veut pas voir…

 

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