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[Pierrot Dupuy] Les touristes vont pouvoir débarquer en masse à Gillot, au risque de relancer l’épidémie

Comme souvent, une mesure a ses bons et ses mauvais côtés. « Les Français pourront partir en vacances en France et Outre-mer au mois de juillet et au mois d’août« , a assuré ce jeudi Edouard Philippe. De quoi satisfaire les acteurs locaux du tourisme, hôteliers, restaurateurs et tous les professionnels associés qui risquaient de mourir si […]

Ecrit par zinfos974 – le jeudi 14 mai 2020 à 21H27

Comme souvent, une mesure a ses bons et ses mauvais côtés.

« Les Français pourront partir en vacances en France et Outre-mer au mois de juillet et au mois d’août« , a assuré ce jeudi Edouard Philippe.

De quoi satisfaire les acteurs locaux du tourisme, hôteliers, restaurateurs et tous les professionnels associés qui risquaient de mourir si les affaires ne reprenaient pas.

Mais de quoi, dans le même temps, inquiéter fortement les Réunionnais. Ne risque-t-on pas de voir débarquer des dizaines de milliers de touristes à Gillot, d’autant plus nombreux que les destinations vers lesquelles ils pourront voyager seront peu nombreuses : l’Europe et les DOM?

Ne risque-t-on pas de voir se glisser au milieu d’eux plusieurs passagers malades du coronavirus et risquant de provoquer une deuxième vague de l’épidémie dans l’ile?

D’autant que les mesures annoncées pour nous protéger n’ont pas vraiment pas de quoi rassurer.

Il suffit de regarder les mesures instaurées par Air France pour avoir une idée de ce qui nous attend : les avions pourront être pleins comme un oeuf puisque le secrétaire d’état aux Transports Jean-Baptiste Djebbari a annoncé il y a deux jours qu’on n’appliquerait pas la règle du fauteuil de libre entre deux passagers pour respecter les contraintes de la distanciation sociale. Faut dire que si cette règle avait été appliquée, elle aurait fait augmenter automatiquement le prix des billets d’au moins 50%…

Resteront deux contraintes : l’obligation de porter un masque, y compris en tissu, durant toute la durée du vol (sauf pendant les repas, mais tant pis…) et une prise de température avant d’embarquer. Tous les passagers présentant une température supérieure à 38° se verront refuser l’embarquement.

Pas vraiment de quoi rassurer quand on sait que près de la moitié des malades sont dits asymptomatiques, c’est à dire qu’ils ne présentent aucun symptôme et donc pas de fièvre… La moitié des malades pourra donc voyager et passera entre les mailles du filet !

Il y aurait une façon toute simple de rassurer tour le monde : obliger toutes les personnes souhaitant voyager à présenter des résultats négatifs à un test de dépistage effectué depuis moins de 48h.

Bizarrement, personne n’évoque cette solution.

Il faut dire que le gouvernement n’a jamais été chaud pour le dépistage systématique de la population. Souvenez-vous, pas plus tard que le 2 mai dernier, la Haute autorité de Santé avait rendu un avis réservé sur l’efficacité de ces analyses. « Le recours à un dépistage systématique de toute la population est pour l’instant non pertinent », estime l’autorité administrative chargée d’évaluer la fiabilité des dispositifs médicaux. La HAS avait rappellé que « le caractère protecteur des anticorps« , recherchés dans ce type d’analyses sanguines, n’est pas démontré, et, plus important encore, que « même en utilisant un test qui satisfait aux exigences du cahier des charges, si le virus a peu circulé au sein d’une population, le résultat du test a un risque augmenté d’être erroné« .

Pourtant, le 19 avril, Edouard Philippe avait promis que le déconfinement s’accompagnerait d’une politique vigoureuse de dépistage : « Nous allons devoir tester vite et massivement tous ceux susceptibles de porter le virus ».

Dans ce cas, pourquoi ne pas tester tous les passagers au départ? C’est quoi l’explication cette fois? Ca coûterait trop cher? Nous n’avons pas assez de tests? Pourtant, Edouard Philippe avait promis une campagne de dépistage « massive » au niveau national…

C’est à ne plus rien y comprendre.

Si Edouard Philippe a changé de stratégie vis à vis des voyages outre-mer, c’est peut-être aussi à la suite de l’avis du conseil constitutionnel qui est venu détricoter sa loi prorogeant l’état d’urgence sanitaire en considérant comme mesures « privatives de liberté » celle consistant en « un isolement complet, lequel implique une interdiction de ‘toute sortie' » ou celle qui impose « à l’intéressé de demeurer à son domicile ou dans son lieu d’hébergement pendant une plage horaire de plus de douze heures par jour ».
    
Le Conseil a donc censuré ces mesures, estimant qu’elles n’étaient pas accompagnées de garanties « quant aux obligations pouvant être imposées aux personnes y étant soumises, à leur durée maximale et au contrôle de ces mesures par le juge judiciaire ».

Cette quatorzaine interdisait de fait toute venue de touristes de l’hexagone dans notre ile : on voyait mal un couple de touristes venant passer 15 jours à la Réunion être obligé de passer à son arrivée 14 jours enfermé dans un hôtel ou un centre de vacances…

L’obligation de quatorzaine levée, Edouard Philippe a pu libérer les échanges aériens entre la France et la Réunion. Mais il n’est pas allé jusqu’à imposer un test négatif…

 

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