Les chiffres tels qu’ils ont été présentés apparaissent effectivement inquiétants et traduisent une nette détérioration de l’état des finances publiques de la collectivité au cours des dernières années. Vous pourrez les lire en détails dans [l’article de Gaétan Dumuids]urlblank:https://www.zinfos974.com/Huguette-Bello-Didier-Robert-c-est-l-Attila-des-finances-publiques_a171801.html qui rend compte par ailleurs de cette conférence de presse.
« On ne sait pas où se trouvent certains véhicules »
Les oreilles de Didier Robert ont dû siffler à de multiples reprises ce matin tant on l’a accusé de tous les maux. Ces mauvais résultats sont-ils la conséquence comme on l’a laissé entendre d’une mauvaise gestion ou plus prosaïquement sont-ils dus la période de crise que nous traversons depuis près de deux ans et qui a impacté les finances de toutes les collectivités ? Les débats lors de la session plénière de demain matin devraient permettre d’y voir plus clair.
Huguette Bello, puis Patrick Lebreton et Ericka Bareigts ont mis l’accent sur une forte augmentation du nombre d’employés, un parc auto pléthorique au point qu’à écouter Huguette Bello, « on ne sait pas où se trouvent certains véhicules« , un budget carburant multiplié par 15 sur les deux mandatures… La liste des reproches est longue. Et encore ne s’agit-il là que des premières escarmouches. Nul doute que les révélations devraient continuer à pleuvoir au cours des premiers mois de la mandature.
Le jeu politique consiste à charger le bilan de son prédécesseur
Il est de tradition qu’une équipe qui arrive au pouvoir charge au maximum la barque de son prédécesseur pour justifier quelques réajustements, forcément impopulaires. Il a par exemple beaucoup été question ce matin, même si la présidente Bello aurait manifestement préféré qu’on en reste au bilan de Didier Robert, de modifications à venir des critères d’attribution de la prime de continuité territoriale, avec un possible abaissement du plafond des ressources pour rendre le dispositif plus « social« .
En off, après la conférence de presse, certains élus ne cachaient d’ailleurs pas qu’une fois l’heure du bilan passé, il allait falloir trancher dans le vif. « Il faudra à un moment choisir entre l’assainissement des finances et les dépenses » non essentielles, nous a glissé un élu influent.
Mais l’heure ce matin n’était pas aux annonces. Il était surtout question de noircir au maximum le bilan des deux mandatures précédentes. C’est le jeu politique qui veut ça et c’est de bonne guerre. Didier Robert l’avait lui aussi fait à l’époque, quand il avait succédé à Paul Vergès.
C’est à Patrick Lebreton, 1er vice-président en charge des Finances, qu’il est revenu d’appuyer là où ça fait mal et de mettre en avant les chiffres. « On n’est pas dans l’accusation, ce ne sont que des chiffres« , a-t-il tenu à préciser.
Clash avec Ericka Bareigts
C’est au cours de cette présentation qu’un clash m’a opposé à Ericka Bareigts, également présente à la conférence de presse.
Patrick Lebreton, au milieu d’une multitude de chiffres, a mis en avant ce qu’il a présenté comme la dégradation du ratio entre l’investissement et le fonctionnement à la Région, sous la mandature de Didier Robert. Lequel ratio est actuellement de 53% en investissement et de 47% en fonctionnement. Et il a pris comme exemple sa commune, Saint-Joseph, où ce ratio serait bien meilleur.
Je lui ai alors fait remarquer que s’il est vrai que sa bonne gestion a été relevée par la Chambre régionale des Comptes, il n’en était malheureusement pas de même pour l’ensemble des autres collectivités de La Réunion. Et je lui ai suggéré de demander à sa voisine, la maire de Saint-Denis, de nous dire de combien était ce ratio dans sa commune.
Ce n’est pas par hasard que j’ai choisi l’exemple de la commune de Saint-Denis, car sa maire venait de passer un bon quart d’heure à dénoncer la gestion selon elle catastrophique de Didier Robert à la Région, mais aussi au Tampon et à la CASUD. Comme je le dis souvent, quand on monte au cocotier il vaut mieux avoir les fesses propres.
On aurait pu en rester là mais Ericka Bareigts, debout sur ses ergots, a cru bon de reprendre la parole pour m’interpeller. « Et de combien il est ce ratio, monsieur Dupuy« ? J’avais approximativement le chiffre en tête, mais ne voulant pas me retrouver dans la situation d’un élève sommé de répondre à son institutrice, j’ai préféré lui laisser le soin de le donner. Ce qu’elle s’est bien gardée de faire, malgré mes multiples relances.
Il a fallu que la présidente Bello mette un terme à ce qui s’apparentait à une joute verbale sans issue.
Une fois rentré au bureau, je me suis cependant replongé dans nos archives et j’ai bien évidemment retrouvé ce chiffre.
A Saint-Denis, les dépenses de fonctionnement s’établissaient dans [le budget primitif 2020]url:https://www.zinfos974.com/St-Denis-Les-orientations-budgetaires-et-le-budget-primitif-au-menu-du-conseil-municipal_a157579.html à 215,58 M€ pour le fonctionnement et 69, 62 M€ pour l’investissement, soit un ratio de seulement 25% pour l’investissement et de 75% pour le fonctionnement.
Et Ericka Bareigts se permet de critiquer la gestion de la Région où ce ratio est de 53% pour l’investissement ! Je ne pense pas que ça mérite plus de commentaires.