Cyrille Melchior part en position de favori. Son caractère bon enfant lui a permis de tisser des liens avec la plupart des maires et des conseillers départementaux sortants, parfois bien au-delà de son camp politique. Si les paroles données sont respectées, il ne devrait pas avoir grande difficulté à se faire réélire.
Face à lui, il devrait trouver deux candidats : Nassimah Dindar, qu’on ne présente plus, et Serge Hoareau.
Le maire de la Petite-Ile, sur le papier, part avec un gros handicap. Comptablement, il est loin de pouvoir réunir sur son nom une majorité mais on sait que ces troisièmes tours sont souvent l’occasion de coups fourrés de dernière minute.
Il devrait tout d’abord bénéficier de la vague qui a permis l’élection d’une majorité de Gauche à la Région, lui qui avait soutenu Ericka Bareigts au premier tour et Huguette Bello au second. Laquelle a fait hier un très bon score dans sa commune.
Mais surtout, on s’interroge sur les soutiens en sous-marin dont il pourrait bénéficier, notamment du côté de Michel Fontaine.
Elu brillamment conseiller départemental dès le premier tour avec 66,10% des suffrages, il avait comme binôme Sabrina Tionohoue, membre de la majorité municipale saint-pierroise. On imagine mal cette dernière s’être portée candidate sans l’aval du maire de la capitale sudiste…
On sait aussi que le maire de Petite-Ile est très proche de celui de Saint-Pierre, même s’ils n’appartiennent pas au même parti politique.
Un vote franc et massif de tous les conseillers départementaux saint-pierrois pour Serge Hoareau jeudi matin ferait cependant vraiment désordre dans le landernau. Michel Fontaine explique sur tous les tons qu’il n’a donné aucune consigne de vote contre Didier Robert et que la victoire d’Huguette Bello dans sa commune s’explique par un rejet des électeurs saint-pierrois du président sortant. « Il y a eu un rejet du candidat », explique un de ses proches. Soit, même si nous ne sommes pas vraiment convaincus.
Mais cette explication ne tiendra pas si tous les conseillers départementaux saint-pierrois votaient comme un seul homme jeudi matin pour un président socialiste… La ficelle serait tellement grosse qu’elle serait visible de tous.
Tous les regards seront donc braqués sur le nombre de voix que récoltera Serge Hoareau jeudi matin…
Reste la candidature Nassimah Dindar.
On sait l’ancienne présidente du Département particulièrement louvoyante et prête à toutes les compromissions pour obtenir un poste. Mais il semblerait bien cette fois qu’elle se soit elle-même mise dans un cul-de-sac politique…
Particulièrement esseulée, elle ne pourra compter que sur très peu d’élus autour d’elle jeudi matin. Même les socialistes d’Ericka Bareigts ne devraient pas la soutenir.
L’actuelle sénatrice a manifestement fait l’erreur de se déclarer beaucoup trop tôt, incapable de dissimuler ses ambitions. Et sa soif de poste aura eu pour conséquence de fédérer contre elle ses ennemis bien sûr, mais aussi la plupart de ses amis.
Prévenu, Serge Hoareau a eu tout loisir de s’attacher à réunir autour de lui les anti-Melchior, réduisant du même coup drastiquement l’espace politique de la sénatrice.
Cet isolement incite même les plus farouches opposants de Nassimah Dindar à rêver de l’éliminer définitivement du paysage politique réunionnais. Privée de ses soutiens traditionnels à Gauche et de celui des quelques élus de Droite qui lui étaient restés fidèles, elle risque, si elle ne réussit pas à se faire réélire jeudi, de se retrouver simple conseillère départementale. Et de perdre son poste de sénatrice en 2023…