Revenir à la rubrique : Blog de Pierrot

[Pierrot Dupuy] L’hypothèse d’élections municipales recommencées à zéro de plus en plus crédible

L’hypothèse selon laquelle le deuxième tour des élections municipales se tiendrait avant fin juin, comme l’a annoncé le président Macron, a de plus en plus du plomb dans l’aile. Jacqueline Gourault, la ministre de la Cohésion des territoires, a annoncé hier soir que « le réalisme conduit » à ce que le second tour des élections municipales ait […]

Ecrit par zinfos974 – le lundi 20 avril 2020 à 21H43

L’hypothèse selon laquelle le deuxième tour des élections municipales se tiendrait avant fin juin, comme l’a annoncé le président Macron, a de plus en plus du plomb dans l’aile. Jacqueline Gourault, la ministre de la Cohésion des territoires, a annoncé hier soir que « le réalisme conduit » à ce que le second tour des élections municipales ait lieu « sûrement après l’été« , et non le 21 juin, comme envisagé un temps.

Parallèlement, interrogé lors de son allocution, toujours hier, le Premier ministre Édouard Philippe a affirmé « ne pas savoir » si le deuxième tour des élections pourrait se tenir fin juin.

Dans ces conditions se posent une série de questions. Est-ce que les maires élus dès le premier tour, le soir du 15 mars, vont devoir se représenter « après l’été » ? Et concernant les 6.000 communes où il y a eu un ballotage, va-t-on voter dans la continuité du premier tour avec les candidats qualifiés ou va-t-on devoir tout recommencer à zéro?

Les maires élus resteront élus

Pour les maires élus dès le premier tour, le Conseil d’État avait déjà tranché dans son avis du 18 mars dernier sur le projet de loi d’urgence. Il n’y aurait report des élections que pour les communes « où l’élection n’a pas été acquise ».

Ce que Jacqueline Goursault a confirmé hier soir. « Avant (les élections d' »après l’été », NDLR), il y aura la mise en place des conseils municipaux des 30.000 communes où les maires ont été élus au1er tour qui se fera avant l’été (…) au mois de juin et même si c’était possible un peu avant », a-t-elle déclaré.

Donc ces maires-là n’ont aucune crainte à avoir. À La Réunion, ont été élus dès le premier tour 7 maires : Michel Fontaine à Saint-Pierre, Serge Hoareau à Petite-Ile, Stéphane Fouassin à Salazie, Patrick Lebreton à Saint-Joseph, Bachil Valy à l’Entre-Deux, Olivier Hoarau au Port et Olivier Rivière à Saint-Philippe.

On devra revoter dans les autres communes

Pour les 6.000 communes restantes, dont les 17 de La Réunion, la réponse est dans l’avis du Conseil d’État.

Les Sages de la place du Palais Royal sont clairs : ils n’ont confirmé la décision du gouvernement de reporter les élections à fin juin que parce que deux points essentiels étaient respectés : un tel report ne peut être envisagé « que dans des cas exceptionnels, pour des motifs d’intérêt général impérieux et à la condition que le report envisagé ne dépasse pas, eu égard aux circonstances qui le justifient, un délai raisonnable« .

Concernant le cas exceptionnel, le Conseil d’État estime que « les circonstances exceptionnelles nées de la propagation du virus Covid-19 et des mesures qu’il est nécessaire de mettre urgemment en œuvre pour faire face efficacement au danger qu’il représente pour la santé publique« , suffisent à le justifier.

Quant au « délai raisonnable« , il relève que « le report envisagé est strictement encadré dans le temps, puisque le second tour doit se tenir dans un délai de trois mois« .

De nouvelles élections, avec peut-être de nouveaux candidats

Mais dès lors qu’il n’est plus question de trois mois, mais au minimum de six mois, peut-on encore parler de « délai raisonnable« ? La plupart des commentateurs politiques estiment que non. Et que, dans ces conditions, de nouvelles élections avec un premier tour, et peut-être avec de nouveaux candidats, est la seule solution envisageable.

Nous avions été parmi les premiers à évoquer cette hypothèse, dès le soir du premier tour, en nous appuyant sur un article de Jean-Philippe Derosier, spécialiste des questions de droit constitutionnel et professeur de droit public à l’Université de Lille, paru sur le site [20 Minutes]urlblank:https://www.20minutes.fr/politique/2740295-20200315-municipales-2020-report-second-tour-conduirait-annuler-resultat-premier-tour-explique-expert-droit-constitutionnel .

Il y expliquait qu' »on ne peut pas déconnecter les deux tours d’un même scrutin. La loi prévoit que le deuxième tour doit obligatoirement être organisé le dimanche suivant le premier. Mais on peut tout à fait imaginer, dans les prochains jours, qu’une nouvelle loi puisse remettre en cause cela. Cela ne modifie toutefois pas le principe de sincérité du scrutin qui impose que les deux tours soient connectés, et relativement proches dans le temps. Parce que sinon, les candidats auraient plus de temps pour faire campagne, pour négocier des fusions de listes…, et donc cela altérerait la sincérité du scrutin. Si le second tour n’était reporté que d’une semaine, cela pourrait à la rigueur être raisonnable. Mais si report il y avait, il serait probablement de plusieurs semaines, voire plusieurs mois. Donc un report du second tour conduirait à annuler le résultat du premier tour, et obligerait les électeurs à revoter pour les deux tours« .

Et si Emmanuel Macron avait tout prévu?

Comme on le voit, tout tourne autour du 11 mai, la date choisie par le président de la République d’entamer le déconfinement. Pourquoi cette date? D’autres pays, qui en sont sensiblement au même point de l’épidémie que nous, ont commencé avant ou le feront après.

Certains à la limite du complotisme n’hésitent pas à affirmer qu’Emmanuel Macron l’a choisie volontairement.

Ils notent que le Conseil d’État avait explicitement cité le 10 mai comme date à laquelle les mesures d’urgence sanitaire devaient s’arrêter pour qu’on ne soit pas obligé de faire le seul deuxième tour. Or le gouvernement arrête les mesures d’urgence sanitaire le lendemain. Étrange, vous avez dit étrange?

Pour eux, Emmanuel Macron a également choisi la fin juin pour les élections, car il savait pertinemment qu’elles ne pourraient pas avoir lieu à cette date.

Et comme le Conseil d’État a posé comme exigence « un délai raisonnable » entre les deux tours, toute date au-delà de fin juin impliquait automatiquement que l’on recommence tout à zéro.

Il est vrai que le principal gagnant d’un tel report serait le parti présidentiel La République En Marche dont la plupart des candidats étaient en mauvaise posture au soir du premier tour.

Pour ne prendre qu’un exemple, mais de loin le plus symbolique : À Paris, Agnès Buzyn n’a pratiquement aucune chance de se faire élire et un report à septembre, ou à plus tard encore, pourrait peut-être permettre au président de trouver un candidat plus présentable.

Macron adepte des symboles et de la Kabbale ?

La deuxième hypothèse avancée par un lecteur de Zinfos est encore plus originale. Tellement que je ne l’ai lue nulle part ailleurs. Aussi, je ne résiste pas au plaisir de vous la livrer.

Ce lecteur, qui est particulièrement érudit, a noté une coïncidence troublante : le 11 mai correspond cette année à la fête mystique juive de Lag Ba’omer qui marque dans la Kabbale la fin d’une épidémie. Avouez que c’est étonnant !

Ce qui fait que notre Zinfonaute s’interroge : est-ce qu’Emmanuel Macron ne serait pas un mystique, amateur de symboles, féru de Kabbale et adepte de symbolisme »?

Il en veut pour preuve certains de ses discours pendant la campagne électorale. Par exemple : « J’ai toujours assumé la dimension de verticalité, de transcendance, mais en même temps elle doit s’ancrer dans de l’immanence complète, de la matérialité. Je ne crois pas à la transcendance éthérée. Il faut tresser les deux, l’intelligence et la spiritualité. Sinon l’intelligence est toujours malheureuse. Sinon les gens n’éprouvent de sensations que vers les passions tristes, le ressentiment, la jalousie, etc. Il faut donner une intensité aux passions heureuses« . D’accord…

Ou encore : « La dimension christique, je ne la renie pas ; je ne la revendique pas. Je ne cherche pas à être un prédicateur christique« . 

En parlant de prédicateur christique, comment ne pas penser au candidat, le 10 décembre 2016, hurlant à la foule à la fin d’un meeting : « Ce que je veux gagner, c’est que vous, partout, vous alliez le faire gagner ! ». Le ton employé, avec un candidat quasiment en transe, avait laissé sans voix nombre de commentateurs…

Plus récemment dans le Financial Times, il a déclaré : « Il faut se rendre disponible à sa destinée… C’est donc là où je me trouve, prêt à me battre et à défendre ce en quoi je crois tout en demeurant capable d’essayer de concevoir ce qui semblait impensable« .

Et enfin, pour terminer, en 2016 dans Challenges : « Je ne pense évidemment pas qu’il faille restaurer le roi. En revanche, nous devons absolument inventer une nouvelle forme d’autorité démocratique fondée sur un discours du sens, sur un univers de symboles, sur une volonté permanente de projection dans l’avenir, le tout ancré dans l’Histoire du pays« .

 

Thèmes :
Message fin article

Avez-vous aimé cet article ?

Partagez-le sans tarder sur les réseaux sociaux, abonnez-vous à notre Newsletter,
et restez à l'affût de nos dernières actualités en nous suivant sur Google Actualités.

Pour accéder à nos articles en continu, voici notre flux RSS : https://www.zinfos974.com/feed
Une meilleure expérience de lecture !
nous suggérons l'utilisation de Feedly.

S’abonner
Notification pour
0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires

Dans la même rubrique

Pierrot Dupuy : Les ennemis de mes ennemis sont mes amis

La question a tourné en boucle sur toutes les radios et toutes les télévisions durant le week-end : Le Rassemblement national est-t-il devenu un parti fréquentable et a-t-il réellement abandonné les idées racistes de son fondateur Jean-Marie Le Pen?

Pierrot Dupuy répond à Jacques Tillier

J’ai eu les honneurs de l’édito de Jacques Tillier dans le JIR de samedi matin. Ça faisait longtemps que ça n’était pas arrivé…
De quoi est-il question ?

Pierrot Dupuy – Ces salauds de chômeurs

Le patron des Républicains propose rien de moins que de vendre encore plus d’essence et de gasoil. Et cerise sur le gâteau, de le faire payer par ces salauds de chômeurs !

Turbulences à la direction d’Air Austral

Alors que tous les observateurs pensaient qu’Air Austral était sortie d’affaire et que les choses allaient rentrer dans l’ordre avec l’arrivée du groupe Clinifutur aux commandes et le départ de Marie-Joseph Malé de la direction, voilà que la compagnie aérienne régionale est à nouveau secouée par des turbulences.
Le DRH ainsi que deux autres membres de son service ont été mis à pied hier et convoqués à un entretien préalable la semaine prochaine en vue d’une sanction.