Evincé de l’association des étudiants réunionnais en métropole par… Wilfrid Bertile
Né à Saint-Benoît le 6 juin 1947 dans un milieu modeste, Jean-Claude Fruteau de Laclos est un enfant de la départementalisation. Elle transforme son destin : études secondaires brillantes au lycée Leconte de Lisle, classes préparatoires au prestigieux lycée parisien Louis-le-Grand, étudiant à la Sorbonne, agrégation de lettres décrochée haut la main. Ses premiers combats, c’est à l’Association Générale des Etudiants Réunionnais en Métropole (AGERM) que Jean-Claude Fruteau de Laclos les mène comme dirigeant, désirant oeuvrer à la transformation de La Réunion.
Départementaliste convaincu, Jean-Claude Fruteau de Laclos croise le fer avec d’autres étudiants soucieux de faire avancer la cause autonomiste. Parmi eux, un certain Wilfrid Bertile. Bertile et ses amis renversent Jean-Claude Fruteau de Laclos et sa mouvance et prennent la direction du mouvement étudiant. L’AGERM a vécu pour laisser la place à l’Association générale des étudiants de La Réunion (AGER) qui se met dans le sillage du mouvement autonomiste.
L’agrégation de lettres décrochée brillamment, Jean-Claude Fruteau de Laclos retrouve son île natale en 1970. Un an plutôt, Wilfrid Bertile, titulaire lui de l’agrégation de géographie, l’avait précédé.
C’est au lycée Amiral Bouvet de Saint-Benoît, qui sort tout juste de terre, que Jean-Claude Fruteau de Laclos démarre sa carrière professorale. Un retour aux sources et une aubaine pour ce jeune agrégé qui ambitionne de s’installer à la mairie, dont le maire est alors un dirigeant en vue de la droite, on disait alors les nationaux, le docteur David Moreau.
Jean-Claude Fruteau de Laclos s’inscrit alors à la fédération socialiste départementaliste et collabore à L’Intrépide, un hebdomadaire qui promeut l’avènement d’une troisième force à La Réunion.
En 1974, en désaccord avec les positions de la Fédération socialiste lors de l’élection présidentielle, qu’il accuse de faire le jeu localement du PCR et des autonomistes, Jean-Claude Fruteau de Laclos démissionne. Il fonde avec Alix Elma, maire de Sainte-Rose, Marcel Boissier, maire de la Plaine-des- Palmistes, la Fédération des Mouvements Socialistes et Régionalistes (FMSR) dont il assure le secrétariat général puis la présidence.
En 1977, Jean-Claude Fruteau-de-Laclos est candidat aux élections municipales de Saint-Benoît sur une liste d’union de la droite et des centristes réalisée sous la houlette de Michel Debré. Avec cette liste, conduite par le Docteur David Moreau, Jean-Claude Fruteau de Laclos décroche son premier mandat d’élu, avant de prendre ensuite ses distances.
L’année qui suit, s’estimant rassuré par l’évolution des prises de position des dirigeants du PS sur le statut de La Réunion dans la France, Jean-Claude Fruteau, qui a depuis renoncé à sa particule, revient au PS. Il fusionne son mouvement avec la fédération socialiste, alors dirigée par Wilfrid Bertile. Aux législatives de mars 1978, Jean-Claude Fruteau est candidat du PS dans le sud, La Réunion compte alors trois circonscriptions. Bien que donnée gagnante, la Gauche est battue, après la rupture entre le PS et le PCF. Aux élections présidentielles de 1981, Jean-Claude Fruteau préside le Comité de soutien à François Mitterrand.
Dans le sillage des présidentielles remportées par François Mitterrand, Wilfrid Bertile est élu député. Il cède la direction de la fédération réunionnaise du PS à Jean-Claude Fruteau, lequel la dirige pendant plusieurs années, non sans difficulté, dissensions, multiples, manœuvres de Gilbert Annette et des socialistes dits des « villes ». Il a également eu à gérer différentes affaires de corruption de Gilbert Annette et des élus de Saint-Denis.
Mais c’est aussi la période où Jean-Claude Fruteau décroche ses premiers mandats. En 1983, il est élu maire de Saint-Benoît, sa grande ambition, puis enchaine les mandats locaux et nationaux : conseiller général, conseiller régional, député, député européen.
Au Conseil général, Jean-Claude Fruteau sera le premier vice-président de Christophe Payet, premier et unique socialiste à ce jour à avoir présidé l’assemblée départementale. A la fin du mandat de Christophe Payet, Jean-Claude Fruteau briguera sa succession à la tête du département mais sera battu par Jean-Luc Poudroux.
Retenons de ces différents mandats que Jean-Claude Fruteau transformera la ville de Saint-Benoît, passage obligé de toute visite ministérielle des gouvernements de gauche et lieu privilégié de toute grande campagne des dirigeants socialistes nationaux.
Retenons également son engagement constant sur plusieurs dossiers, l’agriculture réunionnaise notamment.
C’est en tant maire de Saint-Benoît que Jean-Claude Fruteau occupera son dernier mandat. Rattrapé par la maladie, il n’ira pas à son terme et démissionnera en mai 2020.
Il est décédé le 28 avril et a été enterré cet après-midi en l’église de Saint-Benoit, qui jouxte la mairie si chère à son coeur.