Le vote de ce soir est historique pour La Réunion. Le mot n’est pas trop fort.
Après 12 ans d’un règne sans partage de la Droite, les "forces du progrès", comme aime à les qualifier Huguette Bello, vont prendre la direction de la Région.
La victoire de celle qui est encore pour quelques jours la maire de Saint-Paul est nette et sans bavure.
Les Réunionnais ont choisi. Reste maintenant à essayer de comprendre ce qui s’est passé.
Les abstentionnistes ont voté Huguette Bello
Il n’y a pas vraiment eu de suspense. Dès les premiers résultats, Huguette Bello arrivait en tête et elle l’a conservée jusqu’au résultat final.
Les analystes politiques se posaient plusieurs questions avant ce deuxième tour.
La première : Huguette Bello allait-elle réussir à faire le plein des voix d’Ericka Bareigts et Patrick Lebreton, les deux candidats qui avaient fusionné avec sa liste ? Les maires allaient-ils jouer le jeu? Vers qui allaient se porter les suffrages des nombreux abstentionnistes du premier tour à s'être déplacés pour le second ?
Beaucoup de questions mais personne n'avait imaginé que Didier Robert serait trahi par son propre camp.
En politique, 1+1+1 n'égalent normalement pas 3
On sait qu’en politique, 1+1+1 n’égalent pas trois. Huguette Bello a fait mentir les prévisions.
L’addition de ses voix du premier tour, plus celles d’Ericka Bareigts et de Patrick Lebreton totalisait 47%. Or, elle réalise un score de plus de 52%. Ça signifie qu’elle a su attirer ce dimanche sur son nom la plus grosse partie des abstentionnistes du premier tour.
Malgré les critiques que s’était attirée cette union bancale, entre des personnes dont il est de notoriété publique qu’elles ne s’entendent guère, voire même qu'elles se détestent, les Réunionnais ont voulu lui accorder sa chance. Voir de quoi elle était capable. Et souhaité apparemment tourner la page de la présidence de Didier Robert.
Peut-être ont-ils été convaincus par le discours rassurant de la candidate qui, lors des différents débats télévisés, a assuré vouloir finir la NRL et maintenir la continuité territoriale.
Une nouvelle page politique s'ouvre
Une nouvelle page de l’histoire politique de La Réunion s’ouvre. A Huguette Bello de ne pas décevoir les attentes des dizaines de milliers de Réunionnais qui ont placé tous leurs espoirs en elle.
Des promesses ont été faites durant la campagne, par exemple sur la lutte contre le chômage ou l’augmentation du pouvoir d’achat des plus défavorisés. Dans l’intérêt de La Réunion, nous souhaitons que la nouvelle présidente de la Région réussisse.
Elle aura aussi à gérer une majorité hétéroclite. C’est une chose de se mettre d’accord sur un objectif principal, sortir le sortant. C’en est une autre de gérer au jour le jour une grosse collectivité, avec des représentants de Saint-Denis et Saint-Joseph d’accords sur pas grand-chose.
Pendant la campagne, il était facile de cacher la poussière sous le tapis et de botter en touche en affirmant que l’on allait demander à l’Etat de payer. Les réveils risquent d'être difficiles. L’Etat n’a plus un sou et on le voit mal mettre la main à la poche. Dans un premier temps, il sera encore possible de s’abriter derrière la supposée mauvaise gestion du président sortant. Mais cet argument ne tiendra qu’un temps.
Le soutien des maires n’a pas été suffisant
Reste maintenant à analyser les raisons de la défaite de Didier Robert.
Le président sortant avait axé sa campagne sur le soutien de 12 des 24 maires de l’ile au premier tour. La stratégie s’est avérée payante puisqu’elle lui a permis de réaliser un très bon score dimanche dernier, bien meilleur que celui que beaucoup avaient pronostiqué.
Comment expliquer dans ces conditions qu’il se soit écroulé au second ?
Les 215 voix qui ont manqué à Vanessa Miranville
Avant de tenter de trouver une explication, relevons tout d’abord que la victoire tient parfois à des petits riens.
Sans chercher à réécrire l’histoire, notons simplement que si Vanessa Miranville avait fait 215 voix de plus au premier tour, elle aurait pu se maintenir pour le second. Ce faisant, elle aurait gelé ses voix et aurait évité qu’elles ne se reportent en majorité sur la liste d’Huguette Bello.
Le sondage qui avait été publié avant le 1er tour montrait en effet qu’un tiers de son électorat se rapprochait des idées d’Huguette Bello, un tiers de celles d’Ericka Bareigts et un tiers de celles de Didier Robert.
On peut donc considérer que son absence du second tour a grandement joué en faveur d’Huguette Bello.
Une peine d’inéligibilité qui a pesé lourd
Revenons à Didier Robert.
Les observateurs politiques s’accordent à dire qu’il a fait une très bonne campagne et qu’il a été très bon dans les débats.
L’explication est donc à chercher ailleurs.
La première qui vient à l’esprit est indubitablement sa condamnation à une peine d’inéligibilité à la veille du premier tour.
Beaucoup lui avaient suggéré de ne pas se présenter. Le président sortant, d’un naturel foncièrement optimiste, a voulu croire à sa bonne étoile. Cette dernière était manifestement aux abonnés absents aujourd’hui…
Il a toujours été persuadé qu’il finirait par l’emporter, envers et contre tous. Une sorte de méthode Coué. Malheureusement pour lui, ça n’a pas suffi.
Seul motif de satisfaction : il est arrivé largement en tête à Saint-Denis. Pas sûr cependant que ça suffise à le consoler.
La "trahison" de Michel Fontaine
La seconde est à chercher du côté du Sud, et plus particulièrement de Saint-Pierre.
Michel Fontaine est un maire qui tient bien sa commune. Comment expliquer que ses candidats aux départementales soient brillamment élus et qu’Huguette Bello l’emporte avec plus de 2.200 voix d’avance sur Didier Robert dans la capitale sudiste ?
Comment expliquer que toutes les communes de la CIVIS aient donné une majorité à la maire de Saint-Paul ?
Richard Nirlo, avec le franc-parler qu’on lui connait, n’a pas hésité à parler de "trahison".
Nul doute que les explications s’annoncent houleuses demain, entre Didier Robert et Michel Fontaine.
Cette rupture du pacte de confiance risque de laisser de profondes traces et augurent mal des prochaines campagnes électorales.
Qui comme président du Département ?
Si elle sait en profiter et surtout si elle parvient à surmonter ses propres divisions, l’avenir s’annonce sous de bons auspices pour la Gauche.
S’il n’y a pas de surprises à attendre pour l’élection de la présidente de la Pyramide inversée, le premier test politique se déroulera en fin de semaine, au Palais de la Source, pour l’élection du président du Département.
Il sera intéressant de voir si Serge Hoarau, le maire de Petite-Ile, fort des bons résultats de la Gauche, va respecter la promesse qu’il avait faite à Cyrille Melchior de ne pas se présenter contre lui dans l’hypothèse où il se ferait réélire dans son canton, ce qui a été le cas. Ou si, porté par le vent de la victoire de la Gauche, il tentera de lui rafler son siège.
Après 12 ans d’un règne sans partage de la Droite, les "forces du progrès", comme aime à les qualifier Huguette Bello, vont prendre la direction de la Région.
La victoire de celle qui est encore pour quelques jours la maire de Saint-Paul est nette et sans bavure.
Les Réunionnais ont choisi. Reste maintenant à essayer de comprendre ce qui s’est passé.
Les abstentionnistes ont voté Huguette Bello
Il n’y a pas vraiment eu de suspense. Dès les premiers résultats, Huguette Bello arrivait en tête et elle l’a conservée jusqu’au résultat final.
Les analystes politiques se posaient plusieurs questions avant ce deuxième tour.
La première : Huguette Bello allait-elle réussir à faire le plein des voix d’Ericka Bareigts et Patrick Lebreton, les deux candidats qui avaient fusionné avec sa liste ? Les maires allaient-ils jouer le jeu? Vers qui allaient se porter les suffrages des nombreux abstentionnistes du premier tour à s'être déplacés pour le second ?
Beaucoup de questions mais personne n'avait imaginé que Didier Robert serait trahi par son propre camp.
En politique, 1+1+1 n'égalent normalement pas 3
On sait qu’en politique, 1+1+1 n’égalent pas trois. Huguette Bello a fait mentir les prévisions.
L’addition de ses voix du premier tour, plus celles d’Ericka Bareigts et de Patrick Lebreton totalisait 47%. Or, elle réalise un score de plus de 52%. Ça signifie qu’elle a su attirer ce dimanche sur son nom la plus grosse partie des abstentionnistes du premier tour.
Malgré les critiques que s’était attirée cette union bancale, entre des personnes dont il est de notoriété publique qu’elles ne s’entendent guère, voire même qu'elles se détestent, les Réunionnais ont voulu lui accorder sa chance. Voir de quoi elle était capable. Et souhaité apparemment tourner la page de la présidence de Didier Robert.
Peut-être ont-ils été convaincus par le discours rassurant de la candidate qui, lors des différents débats télévisés, a assuré vouloir finir la NRL et maintenir la continuité territoriale.
Une nouvelle page politique s'ouvre
Une nouvelle page de l’histoire politique de La Réunion s’ouvre. A Huguette Bello de ne pas décevoir les attentes des dizaines de milliers de Réunionnais qui ont placé tous leurs espoirs en elle.
Des promesses ont été faites durant la campagne, par exemple sur la lutte contre le chômage ou l’augmentation du pouvoir d’achat des plus défavorisés. Dans l’intérêt de La Réunion, nous souhaitons que la nouvelle présidente de la Région réussisse.
Elle aura aussi à gérer une majorité hétéroclite. C’est une chose de se mettre d’accord sur un objectif principal, sortir le sortant. C’en est une autre de gérer au jour le jour une grosse collectivité, avec des représentants de Saint-Denis et Saint-Joseph d’accords sur pas grand-chose.
Pendant la campagne, il était facile de cacher la poussière sous le tapis et de botter en touche en affirmant que l’on allait demander à l’Etat de payer. Les réveils risquent d'être difficiles. L’Etat n’a plus un sou et on le voit mal mettre la main à la poche. Dans un premier temps, il sera encore possible de s’abriter derrière la supposée mauvaise gestion du président sortant. Mais cet argument ne tiendra qu’un temps.
Le soutien des maires n’a pas été suffisant
Reste maintenant à analyser les raisons de la défaite de Didier Robert.
Le président sortant avait axé sa campagne sur le soutien de 12 des 24 maires de l’ile au premier tour. La stratégie s’est avérée payante puisqu’elle lui a permis de réaliser un très bon score dimanche dernier, bien meilleur que celui que beaucoup avaient pronostiqué.
Comment expliquer dans ces conditions qu’il se soit écroulé au second ?
Les 215 voix qui ont manqué à Vanessa Miranville
Avant de tenter de trouver une explication, relevons tout d’abord que la victoire tient parfois à des petits riens.
Sans chercher à réécrire l’histoire, notons simplement que si Vanessa Miranville avait fait 215 voix de plus au premier tour, elle aurait pu se maintenir pour le second. Ce faisant, elle aurait gelé ses voix et aurait évité qu’elles ne se reportent en majorité sur la liste d’Huguette Bello.
Le sondage qui avait été publié avant le 1er tour montrait en effet qu’un tiers de son électorat se rapprochait des idées d’Huguette Bello, un tiers de celles d’Ericka Bareigts et un tiers de celles de Didier Robert.
On peut donc considérer que son absence du second tour a grandement joué en faveur d’Huguette Bello.
Une peine d’inéligibilité qui a pesé lourd
Revenons à Didier Robert.
Les observateurs politiques s’accordent à dire qu’il a fait une très bonne campagne et qu’il a été très bon dans les débats.
L’explication est donc à chercher ailleurs.
La première qui vient à l’esprit est indubitablement sa condamnation à une peine d’inéligibilité à la veille du premier tour.
Beaucoup lui avaient suggéré de ne pas se présenter. Le président sortant, d’un naturel foncièrement optimiste, a voulu croire à sa bonne étoile. Cette dernière était manifestement aux abonnés absents aujourd’hui…
Il a toujours été persuadé qu’il finirait par l’emporter, envers et contre tous. Une sorte de méthode Coué. Malheureusement pour lui, ça n’a pas suffi.
Seul motif de satisfaction : il est arrivé largement en tête à Saint-Denis. Pas sûr cependant que ça suffise à le consoler.
La "trahison" de Michel Fontaine
La seconde est à chercher du côté du Sud, et plus particulièrement de Saint-Pierre.
Michel Fontaine est un maire qui tient bien sa commune. Comment expliquer que ses candidats aux départementales soient brillamment élus et qu’Huguette Bello l’emporte avec plus de 2.200 voix d’avance sur Didier Robert dans la capitale sudiste ?
Comment expliquer que toutes les communes de la CIVIS aient donné une majorité à la maire de Saint-Paul ?
Richard Nirlo, avec le franc-parler qu’on lui connait, n’a pas hésité à parler de "trahison".
Nul doute que les explications s’annoncent houleuses demain, entre Didier Robert et Michel Fontaine.
Cette rupture du pacte de confiance risque de laisser de profondes traces et augurent mal des prochaines campagnes électorales.
Qui comme président du Département ?
Si elle sait en profiter et surtout si elle parvient à surmonter ses propres divisions, l’avenir s’annonce sous de bons auspices pour la Gauche.
S’il n’y a pas de surprises à attendre pour l’élection de la présidente de la Pyramide inversée, le premier test politique se déroulera en fin de semaine, au Palais de la Source, pour l’élection du président du Département.
Il sera intéressant de voir si Serge Hoarau, le maire de Petite-Ile, fort des bons résultats de la Gauche, va respecter la promesse qu’il avait faite à Cyrille Melchior de ne pas se présenter contre lui dans l’hypothèse où il se ferait réélire dans son canton, ce qui a été le cas. Ou si, porté par le vent de la victoire de la Gauche, il tentera de lui rafler son siège.