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(Pierrot Dupuy) Gilets jaunes : un mouvement condamné à disparaitre ?

Que personne n’ait vu arriver le mouvement des Gilets jaunes, c’est une évidence.   Que ce mouvement soit le reflet d’un sentiment de mal-être et de frustration de la population, nul ne peut le nier.   Pour autant, les images des violences sur les Champs Elysées, l’annonce par Emmanuel Macron d’un premier train de mesures […]

Ecrit par zinfos974 – le vendredi 04 janvier 2019 à 18H02

Que personne n’ait vu arriver le mouvement des Gilets jaunes, c’est une évidence.
 
Que ce mouvement soit le reflet d’un sentiment de mal-être et de frustration de la population, nul ne peut le nier.
 
Pour autant, les images des violences sur les Champs Elysées, l’annonce par Emmanuel Macron d’un premier train de mesures avec un budget de 10 milliards à la clé et la trêve de Noël et du Jour de l’an ont fait qu’on ne reverra plus de manifestations comme au début, avec plusieurs dizaines de milliers de personnes dans les rues. Sans que l’on sache précisément lequel de ces trois critères aura été le plus déterminant.
 
Ne restent aujourd’hui, sur la centaine de ronds-points encore occupés, que les irréductibles, les plus politisés.
 
On y retrouve un savant mélange d’anarchistes, de militants de la France insoumise, du Rassemblement national ou encore de l’UPR de François Asselineau. Le problème, c’est qu’ils ne sont d’accord sur rien et qu’ils sont donc incapables de permettre l’émergence de représentants susceptibles de négocier en leur nom.
 
Et dès qu’une figure émerge et qu’on la voit quelques jours de suite sur les plateaux de télévision, aussitôt elle se fait désavouer, voire menacer.
 
Cela ne veut pas pour autant dire que le mouvement est fini. La partie émergée de l’iceberg a disparu, mais la mobilisation continue de manière différente, plus souterraine.
 
Et tout cela alors que le soutien de la population demeure encore très important : 54% des Français continuent à souhaiter que le mouvement continue, selon un dernier sondage, même si ce soutien est lui aussi en nette diminution.
 
Qui étaient les gilets jaunes ?
 
40 ans après, les spécialistes ont encore du mal à analyser le phénomène Mai 68. Il serait dès lors bien présomptueux d’essayer de vouloir le faire à chaud pour les Gilets jaunes.
 
Pour autant, on peut relever quelques idées forces.
 
Ce mouvement n’a été possible que parce qu’il existe dans la population un sentiment très profond d’injustice. En gros, le sentiment général est que les riches sont de plus en plus riches et les pauvres de plus en plus pauvres. Et force est de reconnaitre qu’en cela, ils n’ont pas tort.
 
De même, ils sont convaincus que parmi cette élite, il est une catégorie, les élus, qui en profite encore plus que les autres. Et là, la réponse est plus complexe.
 
Qu’il y ait quelques élus qui ne fichent rien, c’est sûr. Mais ils ne sont qu’une infime minorité.
 
La très grosse majorité des élus bossent comme des damnés.
 
On retient toujours l’image des bancs de l’Assemblée nationale vides lors du vote des lois. Mais c’est oublier que cette activité n’est que la partie émergée de l’iceberg et que l’essentiel du travail d’un député se passe en commissions (là où tout se décide réellement), mais où il n’y a pas de caméras.
 
De même, l’autre partie importante de leur travail consiste à recevoir du public, activité qu’on ne voit évidemment pas.
 
On dit que les élus sont trop payés. Au risque de choquer, j’ose affirmer qu’il n’en est rien.
 
Un adjoint au maire touche quelques centaines d’euros. Une somme ridicule au regard du travail fourni et des emmerdes -passez-moi l’expression- qu’il endure. Qui accepterait de subir les menaces d’une population de plus en plus exigeante, y compris jusqu’à tard le soir ou le week-end, jusque devant le portail de son domicile, pour quelques centaines d’euros ?
 
On s’offusque qu’un président de Région touche 4.500 €, alors qu’il a la responsabilité d’un budget d’un milliard et demi… Et alors que personne ne s’offusque que certains administratifs de collectivités ou directeurs de SEM touchent entre 11 et 13.000 €… Alors même qu’ils n’ont pas à supporter la pression des élus ! Ces administratifs rentrent tranquillement chez eux le soir, bénéficient d’un 13ème mois, et toucheront le même salaire toute leur vie, protégés qu’ils sont par leur statut.
 
Alors que l’élu n’a pas droit au 13ème mois, n’a pas de vacances (ou alors très peu) et doit remettre son mandat en jeu à chaque élection.
 
Une grosse majorité de Français qui ne votaient plus
 
Autre constatation sur laquelle tout le monde devrait tomber d’accord : une grosse majorité des Gilets jaunes était constituée de citoyens dégoutés de la politique et qui ne votaient plus.
 
Ils ont trouvé dans ce mouvement l’occasion d’exprimer leur rancœur, leurs frustrations, accumulées depuis des années.
 
Soit ces manifestants retrouveront le chemin des urnes, voire même iront se faire inscrire sur les listes électorales, et le mouvement aura alors une chance de connaitre un prolongement lors des futures échéances électorales, soit il sombrera dans un ronronnement sur les réseaux sociaux et il finira par disparaitre.
 
 Le « grand débat national », une vaste opération d’enfumage
 
Emmanuel Macron mise beaucoup sur le « grand débat national » pour sortir de la crise.
 
Autant dire tout de suite que je n’y crois pas du tout.
 
Il ne s’agira à mon avis que d’une grande opération d’enfumage. Et si certains en doutent encore, qu’ils regardent ce sur quoi ont débouché les Assises de l’Outremer organisées, toutes proportions gardées, par la ministre Annick Girardin, et ils pourront se faire une idée de ce qui les attend.
 
Les décisions sont prises à l’avance, en cabinet restreint. Toujours par les mêmes conseillers. On fera semblant d’écouter et au final, on annoncera un panel de mesures qu’on connait déjà à la date d’aujourd’hui.
 
Il n’en demeure pas moins que, sous la pression populaire, le président de la République sera probablement obligé de concéder un certain nombre de mesures. Comme par exemple le référendum d’initiative citoyenne. Mais je suis prêt à prendre le pari qu’il sera tellement encadré, qu’on lui imposera tellement de conditions, qu’il n’en restera plus grand-chose à la fin.
 
Quoi qu’il en soit, le peu qui sera concédé sera malgré tout déjà une avancée sur le difficile chemin de la démocratie participative…
 
Le piège de la constitution d’une liste aux européennes
 
Reste le prolongement sur le terrain électoral.
 
2019 sera marquée par les élections européennes, 2020 par les municipales et 2021 par les régionales.
 
Tous les partis politiques essaient de récupérer le mouvement. Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen, Florian Philippot ont déjà annoncé qu’ils mettraient des Gilets jaunes en bonne place sur leurs listes aux européennes.
 
Emmanuel Macron de son côté, les pousse à présenter leur propre liste. Ce serait tout bénéfice pour lui puisqu’ainsi, il affaiblirait ses principaux adversaires en leur piquant des voix. Même là, la politique politicienne est omniprésente.
 
Le problème est que, dans cette hypothèse, il n’y aurait pas une liste Gilets jaunes, mais deux, voire trois ou quatre : une « Gilets jaunes », une « Gilets très jaunes », une « Gilets jaune poussin », j’en passe et des meilleures…
 
Et même s’ils réussissaient à constituer une liste unique, les sondages ne la créditent au mieux que de 8%… Autant dire qu’elle risque d’être inaudible…
 
Ne resteront plus que les réseaux sociaux…
 
Restera le terrain des réseaux sociaux. Un secteur où les Gilets jaunes excellent mais qui ne débouchera malheureusement sur rien…
 

 

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