Dimanche soir, sur le plateau d’Antenne Réunion, Philippe Naillet faisait partie des personnalités qui avaient été invitées à commenter le débat. Eh oui, car on aurait pu l’oublier, Philippe Naillet est député de La Réunion, par la bonne grâce d’Ericka Bareigts qui en a fait un parlementaire à la suite de sa démission de son poste de députée pour devenir maire de Saint-Denis.
Heureusement qu’Antenne Réunion l’invite de temps en temps pour nous le rappeler car sinon, nous pourrions l’oublier tant il brille par sa discrétion à l’Assemblée nationale.
Dimanche soir donc, Philippe Naillet s’est cru malin de critiquer Didier Robert sur son absence de politique en matière de logement. Je n’ai pu m’empêcher de pousser un cri du coeur : « Non, de grâce M. Naillet, taisez-vous ! Pas vous ! Faites-vous petit ! Comment osez-vous? »
C’est vrai que comme le disait si bien Michel Audiard, « les cons ça ose tout, c’est même à ça qu’on les reconnait« !
La SODIAC perd la main au profit de la CDC Habitat
Pour ceux qui l’auraient oublié, rappelons que Philippe Naillet est celui qui par son incompétence, a laissé un trou de 35 millions dans les caisses de la SODIAC, la SEM qu’avait créée la mairie de Saint-Denis justement pour coordonner sa politique en matière d’aménagement et de logement, et construire les logements sociaux de la ville.
Au point qu’en 2018, pour pouvoir payer les salaires du personnel et pour éviter que le scandale n’éclate à la veille des élections municipales, la SODIAC a dû recourir à un subterfuge totalement illégal en faisant contracter un prêt auprès de l’AFD par la SAS Aménagement du Quadrilatère Océan, le nouveau nom du Pôle Océan.
Cela n’a malheureusement pas suffi, tant la situation était grave, et la mairie a dû se résoudre à vendre pour une bouchée de pain la majorité du capital de la SEM à la CDC Habitat, perdant au passage le contrôle de sa politique en matière d’habitat. Ainsi il se murmure que la CDC Habitat a l’intention d’arrêter de construire des logements sociaux et de donner la priorité aux logements intermédiaires, qui apparemment rapportent plus. Sauf que c’est de logements sociaux que La Réunion a le plus besoin, les familles n’ayant pas les moyens de payer des loyers élevés. Auparavant, c’est la mairie qui aurait décidé. Aujourd’hui, c’est la CDC Habitat qui coupe et qui tranche et la mairie ne peut que s’incliner.
Le Quadrilatère, un gouffre
La question est de savoir comment la SODIAC a pu perdre 35 millions en quelques années. Interrogées, des personnes parfaitement au courant du dossier évoquent le gouffre financier du Quadrilatère Océan, pour lequel la SODIAC a dépensé une fortune en études diverses… pour un projet qui n’a jamais vu le jour.
Mais ce n’est pas tout. C’était la gabegie à tous les étages. Le directeur touchait un salaire d’environ 10.000€ par mois sur 13 mois, avec voiture de fonction (une Citroën DS haut de gamme dont il n’y avait que 3 exemplaires à La Réunion, s’il-vous-plait), plus un voyage tous les 2 mois à Paris en 1ère classe pour y suivre une formation en comptabilité.
A côté, au moins 3 cadres touchaient environ 7500€ par mois…
Quand la SODIAC a aménagé dans son nouveau siège à côté de la Sécurité sociale à Saint-Denis, tout avait déjà été aménagé. Pas de chance, la disposition des bureaux n’a pas plu au directeur fraîchement débarqué. Il a fait tout casser pour tout réaménager en open space, en meublant les bureaux avec du matériel acheté dans les magasins les plus chers de la place…
Monsieur a également trouvé que le bureau qu’on avait prévu pour lui n’était pas assez grand. Il a donc ordonné qu’on l’agrandisse et qu’au passage on l’ouvre sur une immense terrasse qui était normalement interdite d’accès… Rien n’était trop beau ! L’argent i mank à nou ?
Tous ces gaspillages ne peuvent cependant expliquer à eux seuls un trou de 35 millions. Nul doute que ce dossier devrait réserver encore des surprises dans les jours à venir.