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Pierrot Dupuy – Communautarisme : Faudra-t-il qu’il y ait des morts pour que l’on réagisse ?

Patrice Selly a tenu cet après-midi une conférence de presse au cours de laquelle il n'a pas hésité à pointer du doigt les responsables des troubles dans le quartier de Bras-Fusil depuis une semaine : "Le quartier de Bras-Fusil a été communautarisé (...) On sait qu'on parle de la communauté mahoraise et comorienne". Enfin un élu qui dit la vérité. Enfin...

Ecrit par 1654 – le lundi 24 janvier 2022 à 15H19

Enfin ! Enfin, un homme courageux qui ose appeler un chat un chat. Oui, les violences qui agitent depuis une semaine maintenant, tous les soirs, le quartier de Bras-Fusil à Saint-Benoit sont l’œuvre de jeunes Mahorais et Comoriens. Des individus qui ne représentent aucunement leur communauté.

Jusqu’à maintenant, quand la presse l’évoquait, on parlait de rivalités entre « bandes de jeunes« . Il ne fallait pas « stigmatiser« , pas « pointer du doigt » une communauté, qu’on nous disait.

Sans se rendre compte qu’en agissant de la sorte, on ne fait qu’inciter ces jeunes voyous à continuer leurs exactions… et à pousser de braves citoyens de plus en plus nombreux à voter pour Marine Le Pen ou Eric Zemmour, les seuls à évoquer le problème. Même si les solutions simplistes qu’ils proposent sont totalement inapplicables.

Mais ce n’est pas grave. Au moins, ces citoyens, souvent les plus défavorisés puisqu’habitant dans des quartiers sensibles, ont l’impression qu’on les écoute. Qu’on les comprend.

On ne dit plus « femmes de ménage »

Les années Mitterand nous ont appris à vivre dans un monde d’hypocrites. Il ne faut plus dire « femmes de ménage ». On parle maintenant de « techniciennes de surface ». On ne parle plus « d’éboueurs » mais de « ripeurs ».

Et on n’a plus le droit de dire que c’est un Mahorais qui a commis un délit ou un crime. Ne pas stigmatiser, on vous dit.

Ça ne change rien à leur situation, et à la nôtre. On se donne juste bonne conscience.

Interdiction de stigmatiser

Les agressions de la cité Fayard à Saint-André ? Des dérapages de jeunes, on vous dit.

Pas question de « stigmatiser » les Mahorais en révélant que ces bandes de jeunes font régner la terreur dans ce quartier et dans toute la ville de Saint-André.

Des violences que certains ont pu voir ou connaître dans l’île aux Parfums où les affrontements entre bandes de jeunes rivales font régulièrement des morts. Où rares sont ceux, aujourd’hui, qui n’ont pas subi pas un cambriolage dans l’année écoulée, quand ce ne sont pas plusieurs, parfois avec violences, où les téléviseurs sont attachés au mur avec une chaine et où on a peur de sortir la nuit.

Patrice Selly, le premier à oser appeler un chat un chat

Patrice Selly, le maire de Saint-Benoit, est à ma connaissance le premier officiel à oser rompre la loi du silence et de l’hypocrisie et à pointer du doigt les coupables. « Le quartier de Bras-Fusil a été communautarisé avec des problèmes d’intégration« , a-t-il affirmé aujourd’hui à l’occasion d’une conférence de presse. « On sait qu’on parle de la communauté mahoraise et comorienne. Il ne s’agit pas de stigmatiser. Il y a des individus au sein de cette communauté qui nuisent à leur propre communauté », a déploré le maire de Saint-Benoît.

Nous sommes bien d’accord. Pas question de stigmatiser. La communauté mahoraise et comorienne est composée en énorme majorité de braves personnes venues à La Réunion pour fuir la misère qui régnait dans leur ile. A leur place, nous aurions sans doute réagi de la même manière. Pourquoi rester vivoter à Mayotte alors que les allocations familiales et autres sont bien plus élevées à La Réunion ?

Les communautés 

Ces parents sont d’une grande discrétion et extrêmement bien éduqués. Tout l’inverse de la nouvelle génération.

Ce n’est pas faire injure à cette communauté que de dire que leur système d’éducation n’est pas le même que le nôtre. Que ces enfants sont laissés sans contrôle, qu’ils trainent jusqu’à pas d’heure dans la rue, la nuit, et que ce sont eux qui constituent ces fameuses bandes qui terrorisent certains quartiers de Saint-André, de Saint-Benoit ou de Saint-Louis.

Jusqu’ici, les hommes et femmes politiques se sont servis des membres de cette communauté. Parfois même en encourageant leur venue dans leurs communes. Ils constituaient une clientèle captive pour les élections. « Je te donne un logement social et en échange, toi et ta famille, vous votez pour moi« . Sauf que du fait de leur mode de vie décalé, où on dort tard le soir, où on fait du bruit, nombre de familles créoles ont abandonné certains immeubles, immédiatement remplacées par d’autres Mahorais ou Comoriens. Ainsi se sont constitués de véritables ghettos, avec la complicité des bailleurs sociaux. Et des élus, qui siègent aux conseils d’administration de ces bailleurs sociaux, quand ils n’en assurent pas la présidence.

Aujourd’hui, tout cela est en train de leur exploser à la figure. Et à la nôtre.

Patrice Selly est à l’aise pour parler. Il vient d’arriver et n’est pas responsable de ce qui s’est passé avant lui.

Mais tous les maires ne peuvent pas en dire autant.

Hier soir, des « live » sur les réseaux sociaux montraient des habitants de Bras-Fusil prêts à prendre les armes pour défendre leur quartier.

Faudra-t-il qu’il y ait des morts pour que nos élus réagissent ?

Et dernière question : n’est-il pas déjà trop tard ?

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