Depuis la mort dans des conditions horribles de George Floyd à Minneapolis, la mobilisation contre le racisme continue à se propager un peu partout dans le monde.
Lors de manifestations, des statues de personnages accusés de racisme ont été déboulonnées et certains voudraient qu’il en soit de même en France..
En fin de semaine dernière, une manifestation a eu lieu à Paris, devant l’Assemblée nationale, pour demander le déboulonnage de la statue de Colbert et le changement de dénomination d’une salle se situant à l’intérieur du Palais Bourbon.
Le débat semble se focaliser sur la personne de Colbert qui, s’il est présenté dans les livres d’Histoire comme le brillant « contrôleur général des finances » de Louis XIV qui, en encourageant la création de grandes manufactures et en développant la marine, a rendu la France plus riche et plus puissante, est aussi paradoxalement celui qui a rédigé, juste avant de mourir, les ordonnances qui forment le « Code noir », qui a organisé l’esclavage dans les colonies de la couronne. Et notamment aux Antilles.
Hier, le président Emmanuel Macron pensait avoir mis un terme au débat en affirmant dans son allocution télévisée : « Je vous le dis très clairement : la République n’effacera aucune trace ni aucun nom de son histoire. […] Elle ne déboulonnera pas de statues ».
Il n’en est apparemment rien. L’ancien Premier ministre et maire de Nantes, Jean-Marc Ayrault, aujourd’hui président de la Fondation pour la mémoire de l’esclavage, a à nouveau proposé aujourd’hui de débaptiser la salle du Palais Bourbon et un bâtiment de Bercy. Ce à quoi le ministre Le Maire a a opposé une fin de non recevoir.
Déjà d’autres voix s’élèvent pour demander que l’on débaptise également des rues ou des monuments officiels portant les noms d’esclavagistes ou de colonisateurs. Sont ainsi cités Jules Ferry, le père de l’école gratuite, obligatoire et laïque, mais qui pensait également que la France avait une « mission civilisatrice », parce que les « races supérieures » ont le « devoir de civiliser les races inférieures », ou encore Churchill, Christophe Colomb, le roi Léopold II de Belgique ou Victor Schœlcher.
Mais pourquoi s’arrêter aux statues d’esclavagistes ou de colonisateurs?
Comment tolérer que la municipalité de Gilbert Annette ait pu baptiser une place de Saint-Denis du nom de Paul Vergès dont un tribunal a pourtant reconnu la culpabilité dans le meurtre d’Alexis de Villeneuve? Le même Gilbert Annette qui, lors de son arrivée à la mairie, avait fait déboulonner la plaque en marbre indiquant l’emplacement où avait eu lieu cet assassinat et l’avait faite ranger dans les sous-sols de la mairie…
Comment tolérer que les villes du Port, de la Possession ou encore de Saint-Louis continuent à porter les noms de dirigeants communistes de l’époque soviétique, comme Lénine, responsable de la mort de millions d’innocents?
Par un de ces têtes-à-queue que nous réserve l’Histoire, ceux qui réclament le déboulonnage des statues de Colbert sont souvent les héritiers des idées de ces assassins. A l’image d’une Françoise Vergès, une des premières à réclamer le déboulonnage de la statue de Colbert.
C’était Churchill qui disait : « Les fascistes de demain seront les antifascistes ». Pas étonnant que certains souhaitent le faire disparaitre de l’Histoire…