Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin sera peut-être à Mayotte le 10 novembre prochain pour les Assises de la sécurité. « Si je peux, je serai à Mayotte le 10 novembre« , a-t-il promis au député mahorais Mansour Kamardine.
C’est le même Gérald Darmanin qui a déclaré mardi sur BFMTV être choqué de voir des rayons de supermarché réservés aux produits halal et casher. « Ça m’a toujours choqué de rentrer dans un hypermarché et de voir qu’il y a un rayon de telle cuisine communautaire. C’est comme ça que ça que commence le communautarisme« , a-t-il estimé.
S’il n’a aucun problème avec les produits halal ou casher, le ministre se demande pourquoi cette nourriture spécifique est exposée dans des rayons spécifiques. « Je comprends très bien que la viande halal soit vendue dans des supermarchés, ce que je regrette, c’est les rayons. Pourquoi je dois faire un rayon différent ? J’ai donc le rayon pour les musulmans, le rayon casher, puis tous les autres… Pourquoi des rayons spécifiques ? » a-t-il insisté.
Plus largement, Gérald Darmanin a pointé du doigt « le capitalisme français, mondial » qui a, selon lui, une « responsabilité » dans le communautarisme. « Quand on vend des vêtements communautaires, peut-être qu’on a une petite responsabilité dans le communautarisme. Lorsqu’on prête de l’argent à un certain nombre d’associations, ou a des entreprises communautaires […], ce n’est pas parce qu’on a des parts de marché en flattant quelques bas instincts qu’on a rendu service au bien commun« , a jugé le ministre.
Hier, face à la polémique, le ministre de l’Intérieur est revenu sur le sujet. « Je n’ai pas un mot à retirer à mes propos. Pas un. Oui le capitalisme a aussi une responsabilité dans la société, tout ne peut pas faire objet d’argent. Merci d’écouter mes propos en entier. Ils sont éminemment républicains« , a-t-il écrit sur Twitter.
Tous les poulets abattus à La Réunion sont halal
Si Gérald Darmanin fait tant de venir à Mayotte, peut-être prolongera-t-il son voyage jusqu’à La Réunion… Ce sera alors l’occasion de lui poser la question sur ce qu’il pense de ces patrons des plus gros abattoirs de volailles de La Réunion qui obligent les Réunionnais à manger des poulets halal.
Pour des raisons uniquement financières, parce-que ça leur coûte moins cher de n’avoir qu’une seule chaine d’abattage, tous les poulets sont tués de façon coranique : égorgement des animaux de façon à les vider de tout leur sang et prière pratiquée par des certificateurs, en échange d’une taxe prélevée sur tous les animaux abattus et reversée à la mosquée. C’est en tout cas ce qui se pratique en métropole.
Deux conséquences : sans qu’on leur ait demandé leur avis, les Réunionnais sont obligés de manger des animaux vidés de leur sang, ce qui change probablement le goût de la nourriture, même si de nombreuses voix autorisées affirment le contraire. Mais aussi, de façon totalement insidieuse si les pratiques sont les mêmes à La Réunion qu’en métropole, on les force à financer le culte musulman. Ce qu’ils n’ont peut-être pas envie de faire. Imaginez les réactions si c’était l’inverse et qu’on imposait à l’ensemble des musulmans de glisser une pièce à la quête, à l’église, le dimanche…
Pour conclure, de façon à éviter par avance les polémiques que certains voudraient faire naître, il n’est pas question de remettre en cause, voire même de critiquer, le fait que les musulmans mangent halal. Ils ont tout à fait le droit de respecter leurs croyances. Ce que je critique, c’est la poignée d’industriels pays -Darmanin parlerait de capitalistes pays- qui, pour gagner plus d’argent et par commodité, refusent de créer deux chaines d’abattage séparées et préfèrent tout concentrer sur une seule. Quitte à obliger tous les Réunionnais à manger halal, même s’ils n’en ont pas envie.